Cars avait-il vraiment besoin d’une suite ? Le film a eu le « malheur » de connaître un succès énorme, surtout en ventes associées et la question ne se posait plus. Il fallait une suite et les studios Pixar ont choisi de ne pas répéter le premier opus et de prendre des risques en changeant totalement de genre. Une bonne idée sur le papier, mais Cars 2 offre pourtant une impression de déjà-vu. Cars 2 ne ressemble pas à Cars, mais il ressemble à n’importe quel James Bond ou autre blockbuster estival aussi vite vu que vite oublié. Dommage…
Dans l’épisode précédent, Flash McQueen découvrait le bonheur d’une vie simple à la campagne, l’amour et l’amitié, sans abandonner la course pour autant. Quand Cars 2 ouvre, la voiture a plusieurs victoires à son actif et Flash a formé une équipe efficace avec les habitants de Radiator Spring. Une grande course s’ouvre entre les voitures les plus rapides du moment, trois courses en fait qui emmèneront les compétiteurs aux quatre coins du monde, du Japon à la Grande-Bretagne en passant par l’Italie. Martin, dépanneuse qui est aussi le meilleur ami de Flash, accompagne ce dernier sur les pistes. Sa maladresse légendaire l’éloigne néanmoins du macadam de la piste au cœur d’un complot mondial qui vise à détruire un nouveau carburant propre pour mieux imposer l’essence. Martin est entraîné par deux espions dans différents endroits du monde, avec un passage notable à Paris, avant de devoir sauver son meilleur ami d’une mort certaine.
Tout change dans Cars 2, avec comme objectif constant de s’éloigner du modèle très américain du premier film pour proposer un film beaucoup plus international. Finies les courses du NASCAR ou même les paysages américains : la plupart du film se déroule hors des États-Unis et les courses sont désormais plus proches du modèle européen. Visuellement, on se rapproche d’ailleurs plus de Speed Racer que du premier Cars. Les voitures illustrent bien ce changement : alors qu’on restait globalement cantonné aux voitures américaines dans Cars, le spectre s’ouvre ici avec des voitures de tous les pays et même une F1. Fini aussi le personnage central de Flash MCQueen : s’il est toujours un personnage important, il a été largement éclipsé dans Cars 2 par Martin et les deux espions. Le genre du film évolue lui aussi logiquement : si l’on était assez nettement dans un film de course doublé d’un film initiatique dans le premier, on est ici très clairement dans un film d’espionnage musclé. La séquence d’ouverture du film est à cet égard significative et c’est une réussite. Cars 2 ouvre par une séquence musclée sur la plateforme pétrolière. Telle une James Bond car, la voiture-espion sort un attirail complexe pour en apprendre plus puis déjouer les attaques, avant une spectaculaire fuite que n’aurait pas renié 007 ou même Jason Bourne. Bonne impression pour cette séquence, mais le reste du film est plus convenu, sans grande surprise, ni même de véritables enjeux. Certaines séquences sont efficaces et réussies, d’autres tombent à l’eau, tandis que l’intrigue peine vraiment à intéresser.
Le principal point faible de Cars 2 est assez surprenant, car les films de Pixar avaient plutôt tendance à briller sur ce point. Le film pêche par son manque de finesse à l’écriture, notamment en ce qui concerne les personnages. Cars 2 donne vraiment le sentiment d’être d’abord un produit Disney, avant d’être le dernier film d’animation de Pixar et c’est bien dommage. Martin est au centre du film et c’est un personnage calibré pour plaire aux enfants, mais qui énervera vite tous les adultes dans la salle. C’est le maladroit au grand cœur qui, malgré lui, fait des bêtises qui se révèlent finalement payantes. Sans surprise, c’est lui qui dénoue l’intrigue ténue du film, c’est lui qui comprend tout et celui que tout le monde considère comme le gars sympa, mais lourd, qu’il faut se coltiner devient finalement la personne la plus intelligente que tout le monde respecte. La voiture Flash, intéressante car tourmentée et en évolution dans le premier film, devient ici d’un ennui total et n’est « que » le meilleur ami de Martin, rien de plus. Tous les personnages qui étaient finement écrits dans Cars deviennent ici des caricatures sans vrai intérêt et les dialogues sont également bien peu intéressants. Tout est souligné, surligné, entouré… rien n’est laissé dans l’ombre, absolument tout doit être dit. Autant dire que plusieurs dialogues sont aussi lourds qu’ils sonnent faux. Dommage, Pixar avait su faire preuve d’une plus grande habileté jusque-là, même dans Le Monde de Némo qui était pourtant résolument orienté pour les enfants. Dans ce contexte, inutile de dire que la pseudo morale anti-pétrole de Cars 2 est totalement ridicule et sans intérêt. Là où Cars allait à contre-courant avec sa nostalgie d’une époque révolue, la morale vaguement écologique de ce film (bouh, le pétrole, c’est mal) tombe très vite à l’eau et n’intéressera personne… Elle n’est finalement qu’une excuse pour faire exploser des voitures, ce qui est tout de même assez léger.
Pixar n’a plus rien à prouver et Cars 2 est d’ailleurs parfaitement au point. Rien à redire sur le plan technique, c’est efficace et réussi, même si la 3D est vraiment inutile. Après les vastes plaines américaines, les équipes de Pixar ont travaillé sur des villes et elles ont réussi à les rendre parfaitement reconnaissables tout en les modifiant légèrement pour intégrer l’univers des voitures. Sur l’image ci-dessous par exemple, on reconnaît bien Paris, mais on note quelques subtils changements avec une calandre au bout de l’île ou encore sur Notre-Dame. L’effet est assez réussi et plutôt ludique, même si le film ne va peut-être pas suffisamment loin. De manière générale, cette ouverture au monde ne réussit pas varient à Cars 2 : le premier film réussissait à rendre crédible cet univers rempli de voitures, notamment parce qu’il évoquait sans représenter des lieux connus. Le motel de Cars n’était pas un immeuble, mais des cônes de la route. Quand l’univers se déroule à Tokyo, à Paris ou à Londres, on a plus de mal à croire à l’histoire…
Pixar aurait-il une panne d’inspiration ? Son évolution peut faire peur, le studio donne le sentiment de tourner en rond : même si Toy Story 3 sorti l’an dernier restait un grand film, le manque d’idées neuves commencent à se faire sentir. Le pire est peut-être le traditionnel court-métrage qui accompagne chaque Pixar : cette année, le studio nous propose une variation dans l’univers de Toy Story. Pixar n’oserait-il plus se lancer dans de grandes histoires nouvelles ? Le prochain Pixar, Rebelle, n’est pas très rassurant, mais n’enterrons pas trop vite Pixar. Cars 2 n’est peut-être qu’une erreur de parcours, erreur qui devrait cependant plaire aux plus jeunes, en attendant le prochain…