Cars 3, Brian Fee

Avec Cars, les studios Pixar ont d’abord tenu un pari fou : réussir à réaliser un long-métrage sans aucun être humain, mais où l’on n’a pas le sentiment qu’il manque quelque chose. L’idée de remplacer les hommes par des voitures était gonflée, mais c’est ce qui a fait la réussite du projet, en jouant à fond la carte de l’équivalence entre métal et la chair. Le succès aidant, Pixar a lancé une suite, mais Cars 2 tombait dans l’excès en étant un blockbuster d’action sans originalité, mais avec des voitures. Pour ce nouvelle suite, Brian Fee avait donc une tâche difficile : était-il encore possible de sauver la licence et de créer une saga ? Il semble que la leçon du deuxième volet a bien été retenue, puisque Cars 3 paraît complètement oublier son prédécesseur. Les courses automobiles sont à nouveau au cœur des enjeux de cette suite qui ressemble fort au premier. Le contrat est rempli sur ce point, tant mieux. Néanmoins, ce long-métrage est vraiment un Pixar mineur, un film d’animation extrêmement classique et qui ne prend pas vraiment de risque. Pas désagréable, mais pas inoubliable…

Comme s’il avait un message à faire passer, Cars 3 ouvre directement au cœur d’une course automobile. Oubliées les histoires d’espionnage du film qui le précède, on en revient ici aux bases, à la course. C’est une excellente chose et on sent que Brian Fee, scénariste sur les deux premiers épisodes de la saga, a bien retenu ses leçons. C’est le premier long-métrage qu’il réalise, mais il y a toute l’équipe Pixar derrière et le résultat est très dynamique, très propre. Après quelques tours pour nous rappeler les personnages principaux, l’argument central de ce scénario est introduit avec l’entrée sur la piste de Jackson Storm, une nouvelle voiture qui bat très facilement Flash McQueen et tous les autres compétiteurs. C’est une voiture de nouvelle génération qui exploite l’analyse statistique et des simulateurs de pointe pour parfaire sa technique, et qui profite aussi d’avantages technologiques qui lui permettent d’aller beaucoup plus rapidement1. Lors d’une course où Flash essaie à tout prix d’aller plus vite que ses concurrents, un terrible accident l’envoie dans le décor et le force à s’éloigner du monde de la course. Voilà le postulat de départ, tout l’enjeu étant ensuite de savoir si la voiture pourra reprendre la course ou si la retraite est la seule option pour le personnage. Naturellement, le héros ne veut pas entendre parler de retraite, mais il est dépassé techniquement et doit remettre en cause tout ce qu’il savait. Plusieurs péripéties l’amènent ensuite sous l’égide d’un nouveau sponsor qui a d’autres idées derrière la tête que de nouvelles victoires sur les circuits. Le long-métrage avance à un bon rythme, on navigue constamment entre l’humour léger et des scènes plus sombres, parfois presque lourdes pour la catégorie2. C’est très agréable, mais aussi assez prévisible, jusqu’au retournement final que l’on peut prévoir assez tôt dans le déroulement. Le résultat est ainsi mitigé, Cars 3 est indubitablement meilleur que celui qui le précède, mais on a aussi le sentiment de voir un film déjà vu mille fois par ailleurs. On est bien loin de l’originalité des meilleures productions sorties du studio, c’est davantage une œuvre qui remplit son contrat, certes, mais qui le fait sans trop se forcer. Le monde de Cars mériterait sans doute d’obtenir une retraite bien méritée, tout compte fait.

Au fond, Cars 3 confirme à nouveau ce que l’on savait déjà : les suites ne sont pas le fort de Pixar. Toy Story reste l’exception en la matière, pas la règle, et toutes les autres suites sont au mieux comme celle-ci, correcte, mais sans plus. Brian Fee a rempli son contrat, il a fait le travail qu’on attendait de lui, et le résultat est divertissant. Mais il n’est absolument pas mémorable, et c’est aussi ce que l’on attend de la part de ce studio.


  1. Bizarrement, le film n’aborde jamais la question, mais le moteur de ce nouveau venu est nettement plus calme, comme s’il était électrique. Sachant que l’électrique apporte des accélérations dingues et que c’est une technologie plus récente, on aurait pu penser que Cars 3 jouerait sur cette corde… mais non, il n’en est jamais fait mention. C’est dommage de passer à côté de cette opportunité, c’était une bonne idée scénaristique et un message fort. 
  2. Cars 3 n’est pas un drame, n’exagérons rien, mais il est plus sombre que la moyenne. La marque de fabrique de Pixar.