La Casa de las Flores, Manolo Caro (Netflix)

La Casa de las Flores est une telenovela remise au goût du jour grâce à une bonne dose de parodie et d’humour noir. La série mexicaine commandée par Netflix reprend les codes du genre, de la mise en scène très colorée aux péripéties invraisemblables, en passant par un jeu outrancier. Tout ce dispositif est au service de l’histoire d’une riche famille qui a fait fortune grâce à une boutique de fleurs. Manolo Caro exploite ce point de départ pour poser des personnages hauts en couleur et une première saison légère, fun et souvent très drôle. La Casa de las Flores perd tout dès la deuxième saison, hélas, mais si vous vous arrêtez à la fin du treizième épisode, vous verrez une série très plaisante qui mérite le détour.

Comme dans toutes les bonnes histoires de famille, les secrets et trahisons sont partout chez les de la Mora. La série débute quand ces secrets se dévoilent au grand jour, avec la mort de Roberta, une amie de la famille qui se pend dans la boutique lors de la fête d’anniversaire d’Ernesto de la Mora, son amant. Virginia de la Mora, la mère de famille et responsable de la boutique, découvre toute la vérité et apprend que son mari la trompe depuis 20 ans et même qu’il a eu un autre enfant avec cette femme. Pour ne rien arranger, Roberta tenait un cabaret qui est lui aussi nommé « La Casa de las Flores », comme la boutique de fleurs de la famille. Et si cela ne suffisait pas, les trois enfants ont tous des secrets : Paulina, l’ainée, était complice du père depuis des années ; Elena veut annoncer qu’elle compter épouser son petit-ami afro-américain ; quant à Julian, le petit dernier, il est fiancé à Lucia, mais amoureux de Diego, le comptable de la famille. Manolo Caro déploie rapidement tous ces personnages et surtout leurs secrets qui éclatent au grand jour avec la mort de Roberta. La première saison se construit autour de cette famille, jugée parfaite par la presse people, mais qui est évidemment dysfonctionnelle loin des appareils photo. La mère a de multiples préjugés racistes et homophobes, et elle ne supporte pas que l’image de sa famille soit écornée par son mari volage, qu’elle envoie en prison pour se venger. La fratrie se tire dans les pattes, les deux sœurs veulent récupérer la boutique de fleurs et leur frère se comporte toujours comme un enfant, il ne sait pas que faire de sa vie, ni comment gérer sa bisexualité et encore moins s’engager avec Diego. Tout est compliqué et en même temps très drôle : La Casa de las Flores joue constamment sur l’humour (souvent noir), pour mieux détourner les clichés de la telenovela et aussi critiquer l’intolérance de la société mexicaine. Sa représentation de la communauté LGBTQ est un bon moyen de traiter de sujets qui fâchent, notamment par la voie de la mère, bloquée dans un ancien monde et fermée face à la modernité. Cette confrontation de deux mondes est l’occasion de multiples effets comiques qui ne sont pas très originaux, certes, mais qui fonctionnent très bien. Le personnage de la mère est un point fort de la première saison, elle est excellente en matriarche qui pense avant tout à la presse et aux fêtes de la boutique, bien plus qu’au bonheur de ses proches. La création de Manolo Caro lui doit beaucoup et malheureusement, le départ de l’actrice Verónica Castro à la fin de la première saison signe aussi la fin de toute la série.

La deuxième saison de La Casa de las Flores essaie tant bien que mal de retrouver la formule qui fonctionnait si bien, cet équilibre parfait entre les différents personnages et surtout cet hommage teinté de parodie aux séries télévisées mexicaines traditionnelles. Mais sans le personnage de la mère de famille et malgré celui de Paulina1, la série ne tient pas la route et elle tombe dans la caricature pas drôle. On s’ennuie ferme dans chaque épisode, les personnages ne nous intéressent plus et on a du mal à comprendre leur parcours. L’idée de la secte est intriguant pour Ernesto, mais pourquoi Elena est-elle attirée par la religion tout d’un coup, et pourquoi Julian devrait être éloigné de Diego ? La création de Manolo Caro est perdue sans ce personnage principal et il est préférable d’ignorer entièrement cette suite. Regardez la première saison de La Casa de las Flores et arrêtez-vous à la fin, vous aurez vu une série drôle qui est vraiment réussie, quoi que trop courte.


  1. Paulina, la fille aînée, est brillamment interprétée par Cecilia Suárez qui lui offre une diction lente délicieusement agaçante devenue un mème. Sans la mère, elle prend certes l’ascendant dans la saison 2, mais ne parvient pas à la remplacer entièrement pour autant et son rôle manque d’un contrepoids.