La crêperie Au feu de bois à Quimper

Située dans la rue Jean Jaurès, adossée au Mont Frugy et au cœur du Quimper administratif, la crêperie Au Feu de Bois est une adresse ancienne et qui n’a pas peur de le montrer. La devanture n’essaie pas d’attirer les touristes, c’est le moins que l’on puisse dire et s’il n’y avait pas le signe « Ouvert » sur une des vitres, on pourrait juger qu’elle est effectivement fermée. Poussez la porte et vous reviendrez quelques décennies en arrière. La salle aux murs de pierre n’est pas beaucoup plus engageante que la façade très simple et on pourrait presque jurer que l’on est dans un décor de cinéma, pour une séquence qui doit se tourner dans les années 1950. Une drôle de sensation, mais un restaurant ne reste pas ouvert pendant près de cinquante ans1 sans raison. Si vous cherchez une crêperie extrêmement traditionnelle, pratiquement plus familiale que professionnelle et fréquentée presque exclusivement par des habitués, c’est la bonne adresse.

La salle assez froide et humide n’est pas très engageante, surtout quand elle est entièrement vide comme elle l’était en ce midi de début juillet. Il faut dire que la crêperie est loin des circuits touristiques modernes, qui restent de l’autre côté de l’Odet, dans les petites rues historiques autour de la cathédrale. Rien de tel ici, mais heureusement que les deux femmes qui tiennent les lieux sont là pour réchauffer les lieux. Elles apportent une carte plastifiée qui contient tout le menu, résumé sur deux pages. On imagine sans mal qu’à part une ou peut-être deux modifications2, cette carte n’a pas changé depuis l’ouverture de la crêperie, dans les années 1970. C’est donc une carte extrêmement simple, loin de l’inventivité de la majorité de ses concurrents, qui est proposée ici. On a la complète, œuf, jambon et fromage, de la saucisse de Strasbourg, de l’andouillette, des tomates et des champignons à la crème et c’est tout. Pas un ingrédient de plus à chercher, la carte se contente de lister toutes les déclinaisons imaginables. C’est surprenant d’avoir aussi peu d’options, on s’attendait au moins à des oignons, pourquoi pas un peu de salade, du lard, ou un autre fromage que de l’emmental râpé, mais il n’y a rien. Voilà qui simplifie au moins le choix : ce sera complète d’un côté, complète champignons de l’autre. La pâte de blé noir ressemble davantage à une pâte de froment avec un petit peu de Sarrazin dedans, mais elle est fine et croustillante, rien à dire. Les ingrédients sont généreux et de bonne qualité, mention spéciale pour les champignons qui semblaient frais. C’est extrêmement classique, on pourrait difficilement faire plus traditionnel, mais c’est bon. Il y a un petit peu plus de folie du côté des desserts, on sent que la cuisinière est plus gourmande de sucré et on a davantage de choix. Beurre sucre, caramel, chocolat, pommes, miel, bananes… on opte pour la « Totale gourmande » (sic) qui mélange pommes, amandes, caramel (simple, pas au beurre salé, étonnamment), glace vanille et< chantilly et qui est aussi généreuse qu’on pouvait l’imaginer. En face, la chocolat créole, une base de chocolat, une boule de glace et des raisins au rhum qui sont faits sur place et qui ne manquent pas d’alcool. Les deux crêpes sont très bonnes, la pâte bien fine et la générosité est au rendez-vous : on ne lésine pas sur la quantité !

Au total, on comprend pourquoi la crêperie a bonne réputation sur TripAdvisor et les autres : ses crêpes extrêmement traditionnelles sont bien réalisées et les prix très serrés. On peut manger un repas complet en restant loin des 10 € par personne et les crêpes sont très bonnes même à ce prix-là. Dommage toutefois de laisser le cadre vieillot gâcher quelque peu l’expérience. Au mois de juillet, la salle était sombre et très humide et peut-être que la cheminée dans le coin réchauffe les lieux l’hiver, mais ce n’est pas très encourageant. Au Feu de Bois mériterait mieux et avec quelques produits supplémentaires du côté du salé, ce pourrait être une excellente crêperie. En attendant, c’est une bonne adresse pour un repas (très) tranquille et pour papoter avec la patronne, très sympathique et dynamique. On se sent davantage chez elle que dans une crêperie professionnelle, ce qui a son charme.


  1. La crêperie est ouverte sans interruption depuis 1970, mais avant cela, c’était déjà un restaurant depuis plusieurs années. 
  2. Et encore, le Nutella a été créé en 1964 et il existait donc à la création de la crêperie. Peut-être qu’il n’y a vraiment eu aucun changement dans ce menu depuis 50 ans…