Deadpool 2, David Leitch

En 2016, Deadpool avait réussi à surprendre, non pas par son intrigue très conventionnelle, mais bien par son ton irrévérencieux. Ce nouveau super-héros inscrit dans la saga X-Men, mais seulement d’assez loin, offrait ainsi une nouvelle ambiance bienvenue dans un univers de blockbusters assez formatés. Naturellement, cette première réussite ne préjuge en rien d’une suite, voire d’une saga puisque l’on aura bientôt un Deadpool 3. En attendant de voir ce que cela donnera, voici Deadpool 2, une suite qui change de réalisateur1, mais qui garde la même équipe et surtout le même esprit. Les pièges ne manquaient pas : tomber dans la répétition sans intérêt ou bien offrir plus de tout, dans l’espoir de maintenir la recette miracle qui a si bien marché la première fois. Difficile de relever le défi, surtout quand on considère que le volet précédent a été élaboré patiemment pendant une dizaine d’années, alors que celui-ci n’est sorti que deux ans après. Deadpool 2 parvient effectivement à maintenir l’ambiance de l’original, avec les mêmes qualités et les mêmes défauts. Une suite pas déplaisante, à condition quand même d’accepter un humour jamais léger et quelques facilités ici ou là.

Deadpool 2 reprend dans la foulée du précédent film qui se terminait sur un happy end : le super-héros retrouvait sa fiancée. On retrouve ainsi le couple toujours aussi amoureux, alors que le personnage principal enchaîne les missions en tant que mercenaire et tue à droite et à gauche. Un jour toutefois, il rate sa cible et celle-ci revient se venger : on le voit venir gros comme une maison, une balle perdue atteint Vanessa qui meurt sur le coup. C’est assez caricatural, il faut bien le dire, mais l’esprit original de la saga reste là et le générique se sert alors à se moquer de la ficelle scénaristique. On retrouve d’emblée le point fort de Deadpool et aussi sa faiblesse : son sens de la dérision, son aptitude à « casser le quatrième mur » en permanence et sa manière du coup de désactiver les critiques. C’est efficace à petite dose, mais cela devient vite un petit peu facile. Cela étant, il faut reconnaître que le long-métrage réalisé par David Leitch tient la route en ne refaisant pas exactement la même chose qu’avant. Les deux films sont proches, mais Deadpool 2 suit un chemin différent, revendiqué dès le départ quand le personnage principal indique qu’il s’agit d’un film familial à la sauce comics, après la comédie romantique du précédent volet. De fait, la quête de famille est l’un des principaux moteurs du scénario, alors que se forme la X-Force, un autre groupe de super-héros mutants qui évolue en parallèle des X-Men. Pour le moment, le réalisateur se concentre toutefois sur son personnage principal, qui cherche des soutiens pour affronter une menace terrifiante, un géant qui évoque Hulk en moins vert. Tout cela n’a pas vraiment d’importance de toute manière, c’est plus une excuse pour enchaîner les séquences comiques basées notamment sur les références et clins d’œil. C’était déjà le cas auparavant, mais Deadpool 2 va beaucoup plus loin, notamment parce que la licence va pouvoir rejoindre la famille Disney et donc le toujours plus énorme Univers cinématographique Marvel. Il y a bien une référence assez drôle à Basic Instinct, mais l’essentiel tourne autour des comics et même au-delà de l’écurie habituelle, avec à nouveau une allusion au très raté Green Lantern et plusieurs piques envoyées dans la direction de DC Comics. Bref, ça part dans tous les sens, à l’image du film d’ailleurs.

Tout ne fonctionne pas très bien, il faut aussi le reconnaître. Deadpool 2 dure plus de deux heures et il aurait gagné à être aussi court que son prédécesseur. On se fiche assez de Cable, alors que c’est un personnage qui pourrait être passionnant, mais qui n’est pas très bien traité. En outre, l’astuce du voyage temporel à la fin est vraiment trop facile, en plus d’être évidente très tôt dans l’intrigue. Malgré tout, on passe un bon moment et David Leitch a bien réussi à maintenir l’esprit irrévérencieux de l’original. De là à dire qu’il y a de quoi faire une saga complète, il y a un grand pas que l’on se gardera bien de franchir. Est-ce que ce personnage peut vraiment tenir la distance et est-ce que les scénaristes peuvent trouver des idées nouvelles pour un troisième film, et au-delà ? Cela semble vraiment difficile, mais l’avenir le dira…


  1. Tim Miller devait réaliser ce nouveau volet, mais il a quitté le projet suite à des désaccords artistiques avec Ryan Reynolds qui, non content d’être la star, est aussi un producteur qui décide à peu près de tout.