Peut-on défendre un criminel sans arrière-pensée ? C’est en quelque sorte la question posée par La Défense Lincoln, premier long-métrage de Brad Furman et adaptation d’un roman à succès écrit par Michael Connelly. Dans ce film de procès, un avocat spécialisé dans la défense de coupables et habitué aux mensonges et manipulations de jury est confronté à un autre manipulateur. S’ouvre alors un duel très efficace, à défaut d’être particulièrement original.
Michael Haller est avocat à Los Angeles. Spécialisé dans la défense de petits criminels, il s’est forgé une réputation de manipulateur hors pair, capable d’inverser la tendance même sur les cas les plus désespérés. Ses clients sont tous peu fortunés toutefois et il ne roule pas sur l’or, mais dans une vieille Lincoln qui lui sert aussi de bureau. Un jour, il tombe sur le dossier qui devrait le rendre riche, celui de Louis, fils d’une richissime famille. Il se retrouve impliqué dans une sordide affaire impliquant une prostituée et contre toute attente, il fait appel à Michael pour le défendre. Ce dernier accepte sans hésiter, l’affaire lui semble entendue et il peut ainsi gagner une belle somme. Brad Furman nous fait vite comprendre que cela ne sera pas aussi simple et La Défense Lincoln s’oriente alors vers le thriller, sans toutefois quitter le genre du film de procès. Persuadé dans un premier temps que son client est innocent, Michael Haller s’aperçoit vite que le récit de Louis ne fonctionne pas et qu’il est coupable. D’habitude cela ne lui pose aucun problème, mais cette fois-ci, il ne peut pas défendre cet homme. Problème, Louis est dangereux et puissant et tout l’enjeu du film consiste justement pour lui à trouver un moyen de faire condamner son client, sans que ce dernier ne s’en aperçoive et s’en prenne à lui. Michael commence alors à élaborer une stratégie complexe qui tient le film jusqu’à ses dernières secondes, pour former un duel à mort dans lequel l’issue reste très longtemps incertaine.
Inconnu jusqu’à ce premier film, Brad Furman compose soigneusement La Défense Lincoln, sans faire des étincelles, mais de manière tout à fait honorable. Le scénario est assez complexe, il exige de son spectateur une concentration de tous les instants pour ne pas se perdre dans les noms et les sous-intrigues. Le cinéaste est parvenu toutefois à ne jamais perdre ses spectateurs attentifs et à les mener le long de son intrigue et de ses multiples rebondissements. À plusieurs reprises, on croit savoir ce qui va se passer, mais La Défense Lincoln réussit à nous surprendre en allant plus loin encore. Le suspense est indéniable, même si on sait globalement dès le départ qui gagne à la fin, mais Brad Furman parvient même à nous en faire douter. Au total, le film n’est indéniablement pas ce qui se fait de plus original, mais il s’avère vraiment efficace et bien mené et il est ainsi parfait pour une séance divertissante, à condition de rester concentré pendant ses quasiment deux heures. Il faut souligner le rôle des acteurs dans cette réussite, avec un très bon duo Matthew McConaughey, excellent en avocat prêt à tout, et Ryan Phillippe, parfait en beau-gosse inquiétant.
La Défense Lincoln ne révolutionne pas le genre, mais Brad Furman propose un film de qualité et un scénario qui sait ménager quelques zones d’ombres et ainsi maintenir le suspense. Son rythme assez lent est compensé par une intrigue pleine de rebondissements et l’ensemble se regarde avec plaisir. Ce n’est pas le film de la décennie, incontestablement, mais La Défense Lincoln est tout à fait à conseiller si vous aimez le genre…