Comment vendre un petit film d’horreur passé globalement inaperçu lors de sa sortie aux États-Unis en 2007 alors qu’il sort en 2012 en France directement en DVD ? Lui donner un titre qui n’a absolument rien à voir avec la version originale, mais qui rappelle un autre film sorti récemment pour mieux tromper les clients. Le dernier rite était né : le titre de ce film d’horreur inspiré d’une histoire vraie n’a plus grand-chose à voir avec l’original The Haunting in Connecticut, un peu plus sans doute avec Le Rite, film du même genre sorti l’an dernier au cinéma et qui a bénéficié d’une couverture médiatique plus importante. Ne jugeons pas Le dernier rite à son titre presque mensonger : Peter Cornwell signe là un film de genre très traditionnel qui devrait ravir les amateurs et laisser les autres un peu circonspects.
Matt est le fils ainé de la famille Campbell et il a été diagnostiqué d’un cancer réputé très dangereux. Tous les jours, sa mère doit l’emmener dans le nord de l’État du Connecticut pour lui permettre de suivre son traitement assez lourd à base de rayons. Ces trajets sont vraiment difficiles et Sara et Peter, ses parents, décident de déménager près de l’hôpital pour les éviter. Sara passe ses journées à chercher une maison bon marché — les finances du couple déjà médiocres sont mises à mal par la maladie de Matt — et elle commence à désespérer d’en trouver une jusqu’au moment où elle tombe sur la maison idéale. Une belle demeure, vaste, mais au loyer modéré, avec un généreux jardin tout autour. Le propriétaire lui signale bien un historique gênant à base de croque-morts, mais peu importe, l’état de Matt est tel que n’importe quelle maison conviendrait. Peu après l’emménagement de la famille, le jeune homme commence à avoir des visions morbides et il comprend peu à peu qu’ils ont mis le pied dans une maison hantée. Il est toutefois trop tard, le mal est fait et toute la famille commence à devenir folle…
Peter Cornwell respecte scrupuleusement les codes du genre et Le dernier rite ne devrait surprendre quiconque ayant déjà vu quelques films d’horreur. Le thème de la maison hantée est certainement le plus célèbre dans le genre et tous les éléments sont ici rassemblés, jusqu’au prêtre exorciste qui vient libérer la demeure de ses esprits. Si vous aimez le genre, vous serez comblé, on retrouve tous ses effets : les portes qui claquent, les apparitions dans les miroirs, le vent qui circule dans la maison… il y a même une cave et un grenier inquiétants comme il se doit. Un film d’horreur ne ferait pas peur sans une victime et Le dernier rite rassemble quelques pièces de choix : on a donc la mère fragilisée par la maladie de son fils et inquiète à cause de son mari, un ancien alcoolique. Ses deux enfants, un garçon et une fille, sont bien sûr particulièrement indiqués pour avoir peur et le tableau est complété par la présence d’une jeune adolescente qui doit avoir à peu près le même âge que Matt. Tous les « trucs » du genre sont là, mais il faut avouer que Le dernier rite s’avère plutôt efficace et même si on s’attend évidemment aux apparitions, on est souvent surpris, ce qui est après tout bien le but.
Incontestablement classique, Le dernier rite s’essaie toutefois à quelques modernisations dans la ligne narrative traditionnelle du genre. La maladie du personnage principal est une plutôt bonne idée : du fait de son traitement, les docteurs préviennent les parents de Matt qu’il peut avoir des visions. Dès lors, quand le jeune homme voit les esprits restés dans la maison, lui-même ne veut pas y croire et il préfère n’en parler à personne, tandis que son entourage ne se doute pas qu’il dit la vérité. Ce doute était une assez bonne idée, mais Peter Cornwell n’en fait pas grand-chose et il suffit à Matt de raconter son histoire pour que tout le monde le croie instantanément. Autre incohérence, Matt est censé être le seul à avoir les visions puisqu’il est proche de la mort, mais tout le monde finit par les avoir autant que lui. L’histoire de la maison est évidemment racontée et Le dernier rite propose là encore une vision un peu modernisée. Que les amateurs se rassurent, les fondamentaux sont présents : il y a un médium, des discussions avec les morts, des ectoplasmes et des rituels plus ou moins sataniques. Reste que l’explication est plus sensée qu’il n’y paraissait au premier abord et le cinéaste lui donne une sorte de réalisme qui surprend un peu dans le contexte. C’est peut-être l’intérêt de créer un film à partir d’une histoire vraie, même si Le dernier rite est très clairement du côté du fantastique, beaucoup plus que de la réalité objective.
Le dernier rite s’avère un petit peu plus intéressant qu’il n’y paraissait sur le plan du scénario, le film réalisé par Peter Cornwell est en revanche extrêmement convenu et sans recherche particulière sur le plan de la mise en scène. Dans ce domaine, le cinéaste reste scrupuleusement dans les clichés du genre, il va jusqu’à filmer les visions de Matt qui se déroulent dans le passé avec un simple filtre sépia. Peut-être n’est-ce qu’un manque de moyens, mais le film a le bon goût de ne pas abuser des effets spéciaux numériques et d’en rester aux classiques (passages dans le miroir, rideaux qui bougent ou encore portes qui claquent). La scène de l’ectoplasme est un contre-exemple et ce n’est pas la scène qui a le mieux vieilli… Le dernier rite ne brille pas davantage par sa distribution : si ce n’est Kyle Gallner qui ne se débrouille pas trop mal dans le rôle de Matt, les acteurs sont tous assez moyens et il vaut mieux ne pas évoquer du tout la musique, extrêmement convenue.
Ce type de film ne peut que cliver les spectateurs. Ceux qui apprécient les films d’horreur trouveront dans Le dernier rite une nouvelle variante sur le thème de la maison hantée et une variante qui tient la route, sans faire d’étincelles. Ceux qui, au contraire, ne sont pas particulièrement friands du genre ne changeront pas d’avis avec le long-métrage de Peter Conrwell. Ce n’est pas honteux, mais Le dernier rite ne restera pas longtemps dans les mémoires…
Le dernier rite est distribué par la Metropolitan Filmexport et disponible en DVD et Blu-Ray depuis le 1er juin 2012. Découvrez aussi plein d’autres films sur Cinetrafic dans la catégorie Film d’horreur ainsi que la catégorie meilleurs films.