Peut-on réécrire plusieurs années après la fin d’une histoire parce qu’elle a déplu à quelques fans ? Dexter s’est terminé en 2013 sur un ultime épisode qui a déçu certains par son choix de laisser le tueur en série et héros de la série de Showtime vivant, mais seul. Dexter: New Blood a l’ambition de corriger le tir en offrant une fin plus appréciée au personnage. Dix épisodes qui se déroulent dix ans après les faits racontés dans le 96e épisode de la série originale, voilà qui était une idée intrigante. Malheureusement, entre clins d’œil un peu trop appuyés au passé pour plaire aux fans, péripéties téléphonées que l’on voit venir bien avant les personnages et une fin finalement assez bête, le bilan n’est pas génial. La mini-série de Clyde Phillips n’est pas ennuyeuse, mais elle n’est pas réussie non plus.
Dans le dernier épisode de Dexter, le personnage principal simulait sa mort en profitant d’un ouragan, mais on le voyait bien vivant quelque part aux États-Unis. Dans cette nouvelle série, dix ans se sont écoulés et Dexter Morgan étant officiellement mort, c’est Jim Lindsay que l’on retrouve dans une petite ville paumée dans la campagne au nord de New-York. Il y mène une vie sans histoire, vendeur dans un magasin de chasse et pêche, amoureux de la cheffe de la police du coin… tout irait pour le mieux, sauf qu’un jour, Matt l’énerve tellement que ses vieux instincts de tueur ressortent et il l’assassine. Et comme si cela ne suffisait pas à bouleverser sa vie rangée, voilà qu’un adolescent se pointe et prétend être Harrison, le fils qu’il avait effectivement abandonné dans la série précédente. Dexter: New Blood reprend tous les codes et les idées de la série originale. On suit un tueur en série qui ne s’en prend qu’à de sales types qui ont échappé à la justice, on adopte son point de vue avec une narration à la première personne et une astuce : il parle avec un mort, en l’occurrence avec sa sœur Deb. Tous ceux qui ont regardé Dexter seront en terrain connu, mais sans retrouver toutefois ce qui faisait l’ambiance originale. Il faut dire que les couleurs vives de Miami ont cédé la place à la bouillie grisâtre de la région de New York en plein hiver. Néanmoins, le décalage est plus profond qu’une simple différence de photographie : en cherchant à reproduire la formule d’une série lancée quinze ans auparavant, Clyde Phillips tombe dans le piège peut-être inévitable de l’hommage trop appuyé qui tourne dans le vide. On sent que les scénaristes ont voulu faire plaisir aux fans, on retrouve de nombreuses idées établies dans la première saison, mais rien ne fonctionne vraiment. Tout sonne un petit peu faux et les péripéties sont simplistes. On voit venir l’implication de Matt grosse comme une maison, tout comme le rôle du cerf est évident bien trop tôt. C’est comme si on était en avance de plusieurs épisodes à chaque fois, ce qui devient vite frustrant. Tout est trop facile : évidemment, il y a un autre tueur dans ce petit bled paumé et évidemment, notre héros va s’y opposer. Évidemment, Dexter est en couple avec une policière et évidemment, elle va découvrir la réalité. Et le pire, c’est qu’en enchaînant les évidences, Dexter: New Blood passe à côté du sujet vraiment intéressant qui était pourtant là depuis le départ : la relation père/fils.
Certes, le scénario se concentre finalement dessus, mais c’est trop tardif, trop léger et la conclusion est assez décevante. On comprend bien que Clyde Phillips et peut-être aussi Michael C. Hall ne voulaient pas lancer une nouvelle série, mais bien conclure celle qui existait. Mais il aurait été plus intéressant de creuser la relation entre le père et son fils, pourquoi pas en les suivant à Los Angeles comme le suggère à un moment le personnage. En essayant de satisfaire les fans déçus — à tel point que l’écriture aurait commencé par la scène finale —, Dexter: New Blood se prive bêtement de son sujet le plus intéressant. Il reste un hommage sympathique, mais assez vide et sans grand intérêt, à la série originale : dommage.