« Dikkenek », expression bruxelloise qui désigne le vantard grande-gueule. Olivier Van Hoofstadt construit entièrement son long-métrage en autour de ce concept, en suivant le parcours chaotique de deux personnages de ce type. C’est le concept entier de Dikkenek, ce qui a obligatoirement surpris à sa sortie et justifié en partie l’échec commercial. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, même si le scénario esquisse une sorte d’arc narratif autour de JC qui aide son pote Stef à trouver une fille, mais ce n’est qu’une excuse. À l’image de C’est arrivé près de chez vous quatorze ans avant, Dikkenek ne répond à aucune règle et adopte une logique propre qui justifie aussi son statut d’œuvre culte acquise au fil des années. À tenter si vous appréciez l’humour noir teinté d’absurde.
JC, voleur et petit truand à la grande-gueule qui n’hésite jamais à sortir les poings d’une part ; Claudy, riche directeur d’un abattoir quand il ne réalise pas des photos de charme ridicules avec des jeunes femmes à peine sortie de l’adolescence d’autre part. Les deux « dikkenek » imaginés par Olivier Van Hoofstadt ne sont pas les personnages les plus subtils jamais créés. La subtilité n’est de toute manière jamais une préoccupation majeure de ce long-métrage toujours dans l’excès de ses personnages et situations. Il faut accepter une ambiance délirante et des situations caricaturales, mais Dikkenek n’essaie jamais de se prendre au sérieux et le film assume au contraire pleinement son côté déglingué. De la même manière, il ne faut pas essayer de s’accrocher à une intrigue cohérente ou particulièrement recherchée et même si on n’est jamais entièrement dans le film à sketches, on retrouve cet esprit. Il y a quelques scènes qui se répètent, à l’image de Greg, caricature de beau-grosse qui se fait tabasser quatre ou cinq fois et qui va à chaque fois porter plainte face à une policière bien peu compréhensible. Il y a aussi les colères de JC qui reviennent régulièrement et pas toujours pour une bonne raison. L’ensemble est assez surprenant et il faut accepter de se laisser porter et de voir venir. Il faut aussi tolérer l’humour assez particulier et très régulièrement gênant. Olivier Van Hoofstadt dépeint des personnages odieux, sexistes, racistes, machistes… ils ont tout pour déplaire. Bien sûr, c’est une démarche comique qui vise tout le monde indifféremment, hommes comme femmes. Florence Foresti est excellente dans le rôle de la policière raciste, le talent de François Damiens n’est plus à démontrer et celui, plus rare, de Jean-Luc Couchard est manifeste dans le rôle de JC. Il n’y a rien à redire sur le casting, c’est plus le choix du premier degré pour traiter de tels sujets qui peut gêner, surtout dans notre société actuelle. La différence entre l’humour noir et la gêne réelle face aux situations représentées est par endroits si fine qu’on pourrait la perdre de vue. Qu’on se le répète, Dikkenek n’est pas censé être un manuel de vie.
L’intention d’Olivier Van Hoofstadt était très claire toutefois et le cinéaste a parfaitement réussi son idée de représenter des grandes-gueules insupportables au premier degré. À cet égard, Dikkenek est une réussite, mais qui nécessite de passer outre la gêne que l’on peut ressentir. C’est aussi une curiosité intéressante, avec un casting de stars que l’on n’imaginerait pas voir dans un tel projet. Que sont venues faire Audrey Tautou et Mélanie Laurent dans cette grosse farce belge ?