Quatre ans avant cette suite, Dragons avait surpris : avec son histoire de dragons qui osait sortir des sentiers battus, DreamWorks a signé un film d’animation spectaculaire et drôle, un cocktail explosif pour un long-métrage rafraichissant, bien loin des caricatures habituelles dans le genre. L’exercice de la suite était forcément dangereux, et Dragons 2 était attendu non sans une certaine inquiétude. Il faut dire que la saga Shrek a prouvé que le studio pouvait rapidement passer de l’excellente idée aux suites poussives, mais que l’on se rassure : ce nouvel opus est loin d’être honteux. Certes, la surprise du premier volet est passée, mais les scénaristes n’ont pas été avares en idées nouvelles et Dean DeBlois a su étendre l’univers original sans le dénaturer. Le résultat est réjouissant : Dragons 2 saura encore une fois plaire aux petits comme aux grands, même si les adolescents ont tout particulièrement été choyés cette fois. Une vraie réussite, à voir en famille !
Dans le premier épisode, Harold, le fils du chef de clan de Vikings, apprivoisait un dragon et apprenait ensuite aux siens à vivre en harmonie avec les mystérieuses créatures qui étaient jusque-là leurs ennemis jurés. Ceci étant fait, Dragons 2 étend l’idée d’origine, tout en accompagnant ses personnages principaux, à la manière de ce qu’a fait Pixar avec sa saga Toy Story. On retrouve ainsi un Harold adolescent, quelques poils sur le visage, et ses amis qui ont vieilli aussi. Le jeune homme est appelé à remplacer son père à la tête du village alors qu’il n’a qu’une envie : découvrir de nouveaux univers et compléter la petite carte qu’il a en sa possession. Il ne veut pas de la responsabilité proposée par son père, il veut uniquement s’amuser avec Krokmou, son dragon et aussi son meilleur ami. Dans l’une des plus belles séquences du film, Dean DeBlois les présente dans une fusion complète : l’un et l’autre sont estropiés et ils ont besoin de l’un et l’autre pour avancer. Une belle idée qui était déjà présente dans Dragons, mais qui prend ici de l’ampleur. Certes, DreamWorks oblige, il y a bien quelques personnages secondaires comiques, mais le studio a su se concentrer sur ce duo et c’est incontestablement une force. Loin de la parodie forcée qui est trop souvent la norme en matière d’animation, Dragons 2 est épuré et se concentre sur une intrigue simple, autour de son personnage principal. De fait, s’il y a une guerre en cours, ce n’est peut-être pas le plus intéressant : on retiendra surtout l’histoire personnelle de Harold, sa quête d’identité qui passe par la quête de sa mère, disparue à sa naissance. Au-delà de sa personne, le film poursuit ses messages de paix et de réconciliation à travers cet adolescent qui pense encore pouvoir convaincre n’importe qui de ne pas combattre avec ou contre les dragons. Ce faisant, Dean DeBlois trouve le ton juste et évite le discours un peu bête trop régulièrement réservé aux films pour enfants.
Dragons 2 est aussi un film spectaculaire, un blockbuster désormais largement au niveau des productions Pixar. Le premier volet était déjà époustouflant, mais Dean DeBlois va encore plus loin cette fois avec une réalisation qui mise tout sur la vitesse, pour un rendu vraiment réussi. La première séquence, une course de dragons, est une belle démonstration technique de ce que le studio d’animation peut produire, mais ce n’est pas la seule. Tout au long du film, on est émerveillé par toutes les options envisagées grâce à l’utilisation des dragons : dans les airs et sur la terre, parfois même dans des cavernes de glace, le scénario multiplie les occasions de présenter des dragons sous tous les angles et d’exploiter au mieux leurs pouvoirs. À nouveau, Dragons 2 déploie une belle imagination côté formes, avec des créatures très variées, certaines très simples — Krokmou est peut-être le plus pur, un croisement improbable entre un lézard et un chat — et d’autres beaucoup plus complexes. Seul regret à noter dans ce bestiaire très imaginatif, les deux dragons qui contrôlent tous les autres sont identiques : les scénaristes sont passés à côté d’une opportunité sur ce plan et on aurait d’ailleurs aimé des combats plus spectaculaires. De manière plus générale d’ailleurs, Dragons 2 passe parfois à côté de son intrigue et le grand méchant du récit n’est pas le plus intéressant, loin de là. Avec ce personnage, on retombe dans certains travers de l’animation simpliste et c’est bien dommage : un peu de complexité psychologique aurait été la bienvenue pour éviter un happy-end trop évident, mais Dean DeBlois et ses équipes ont réussi à compenser ces quelques faiblesses par un d’autres éléments d’intrigue bien plus réussis, en particulier autour de la question de la famille. On ne peut pas en dire plus, mais la saga se déploie de belle manière avec ce second volet et on espère que la suite sera à la hauteur et ne tombera pas dans la caricature facile.
Parfait pour la période estivale, Dragons 2 est le film d’animation familial qui, une fois n’est pas coutume, ne plaira pas qu’aux plus jeunes. Ambitieux et épuré à la fois, le long-métrage évite la majorité des caricatures du genre pour se concentrer sur une histoire personnelle réaliste et passionnante. Ce blockbuster n’oublie pas le spectacle pour autant et on en a plein les yeux, avec une animation au sommet de ce qui se fait aujourd’hui, surtout en ce qui concerne les dragons, d’une inventivité folle. Sans être le film de l’année, Dragons 2 est une vraie réussite, à ne pas rater.