Non content de se retrouver dans les Expendables, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger ont été rassemblés dans un autre long-métrage qui ressemble presque à un spin-off de la série de films. Dans un cas comme dans l’autre, on retrouve cette ambition de restaurer une certaine idée du cinéma, celui des année 1980 et des films d’action simples, mais efficaces. Comme son titre l’indique bien, Évasion appartient à la grande catégorie des films carcéraux et son point de départ est simple : mettez les deux stars dans une prison réputée infaillible et faites-les sortir. À partir de cette base simple, pour ne pas dire simpliste, Mikael Håfström signe un film d’action assez fun au début, mais qui devient beaucoup trop caricatural sur la fin. À moins d’être vraiment fan des acteurs, on peut s’en passer…
Évasion commence… avec une évasion précisément. En quelques minutes, Ray Breslin parvient à s’échapper d’une prison de haute sécurité avec une simplicité assez déconcertante. D’ailleurs, on pourrait croire dans un premier temps que c’est de cette prison que le héros va s’évader pendant le film, mais la rapidité de cette séquence contredit vite les attentes du spectateur. De fait, cette scène ne sert qu’à poser le personnage et nous montrer à quel point il est fort. Ray est en fait un spécialiste de la fuite, un homme qui s’est échappé de plusieurs dizaines de prisons. Engagé par l’administration américaine, il se fait passer pour un prisonnier et teste chaque établissement, l’un après l’autre. Ceci posé, Mikael Håfström déploie son intrigue principale : après ce premier boulot, une employée de la CIA vient lui en proposer un nouveau. Une prison d’un nouveau genre est en train d’être testée pour les prisonniers qui gênent tellement qu’on veut uniquement les faire disparaître, sans passer par les prisons courantes. Plus encore que toutes les autres prisons du pays, celle-ci est réputée infaillible, mais ses concepteurs veulent s’en assurer en envoyant Ray y faire une petite visite. D’emblée, Évasion nous montre que c’est louche : le personnage ne doit pas savoir où c’est et il ne peut pas préparer son évasion avec ses associés. Qu’importe, il accepte et comme on s’y attendait, tout tourne mal.
Mikael Håfström ne déçoit pas en suivant son plan à la lettre, sans surprendre. Évasion ne brille pas par son originalité et tout se déroule comme on s’y attendait. Arrivé dans la fameuse prison, Ray Breslin découvre qu’il a été piégé et qu’il a été emprisonné pour de vrai. Pour s’évader, il peut compter sur l’aide d’un codétenu et ensemble, ils vont élaborer leur plan de sortie. Tout cela importe peu, on sait très bien d’entrée de jeu comment le film se terminera et, comme dans les trois Expendables, l’enjeu est plutôt de réunir deux stars des films d’action. Sylvester Stallone rencontre donc en prison Arnold Schwarzenegger et on assiste aux retrouvailles de deux vieux amis. Il faut reconnaître que le duo fonctionne assez bien, surtout pour l’ancien Terminator qui a bien vieilli. Avec sa barbe, il est plutôt sympathique et l’acteur sait toujours prendre un peu de recul vis à vis de ses personnages, avec une ironie bienvenue. On n’en dira pas autant de Stallone qui, lui, en reste malheureusement au premier degré, avec à la clé une interprétation trop stoïque et loin d’être mémorable. Si on affectionne les deux acteurs, Évasion reste un divertissement efficace, mais il s’enlise vite dans une évasion sans queue ni tête, pleine d’invraisemblances. Et ce n’est pas le twist final assez grossier qui vient sauver le film, trahi par un scénario un peu léger et par l’absence cruelle de seconds rôles. Exception faite du directeur de la prison, un homme cruel incarné avec délice par un Jim Caviezel parfaitement dans le ton.
Sur le papier, Évasion était un hommage fun et divertissant aux films d’action des années 1980, mais la réalisation ne suit pas tout à fait. Le début est pourtant plutôt réussi, mais Mikael Håfström perd vite de vue son scénario et se contente de filmer deux acteurs qu’il affectionne probablement. Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone font le boulot qu’on leur demande, mais ils ne suffisent pas à faire d’Évasion un bon film. Dommage.