Il y a quelques semaines maintenant, un ami me propose de l’accompagner à un concert écouter Ez3kiel. Ce nom m’était alors totalement inconnu mais il me garantit alors que cela devait être bien, et lui faisant confiance, je pris des place.
Pour ne pas me rendre au concert totalement ignorant de ce groupe, je récupère quelques albums pour les écouter. J’ai alors été plongé au cœur d’une étonnante musique, globalement inclassable, qui mêle un peu de tout et évolue fortement entre chaque albums. Les morceaux sont surtout des instrumentaux mêlant sons électroniques, le trio rock habituel (guitare/basse/batterie) et divers autres instruments ou sons étranges. Le tout donnant à chaque morceau et album de ce groupe tourangeau une ambiance bien particulière. La musique d’Ez3kiel est aussi très visuelle, si bien que l’on pourrait penser à une musique de films.
L’ambiance est clairement le maître-mot de ces albums où toutes les influences se mêlent. Si certains morceaux ou albums sont clairement du côté du trip-hop, d’autres font vraiment penser au post-rock. Un groupe assez inclassable finalement… Le dernier album, Battlefield, porte bien son nom et tire même vers l’industriel. l’ambiance y est très noire, comme sur un champ de bataille et, plus encore peut-être que sur les autres albums, tous les genres s’y mêlent et fusionnent, mais sans jamais que cela soit forcé. Non, avec Ez3kiel, les mélanges les plus fous sonnent tous naturellement. Belle prouesse que celle-ci…
J’ai été conquis par ces albums et cette musique si particulière, surtout venant d’un groupe français. Et le concert ne m’a pas déçu, loin de là. J’avais lu, sur Internet, que le groupe mariait à sa musique un aspect visuel très important, ce qui n’est guère étonnant comme je le disais précédemment. Et en effet, sur scène, le groupe joue sous un énorme écran et joue avec les lumières pour offrir un show visuellement assez impressionnant.
Mais là où la majorité des groupes se contenterait de passer des vidéos de type clips à l’écran, Ez3kiel a misé sur l’interactivité. Le clou du spectacle, à mon avis, était cette batterie qui réagissait aux deux batteries présentes sur scène dans une sorte de ballet mécanique tout simplement magique. Jamais un solo de batterie ne m’a paru aussi intéressant que celui-là ! L’interactivité passe aussi par cette boule bardée de capteurs et lancée dans le public : à chaque choc, elle lance un son dans la salle, produisant une sorte de jeu sonore très amusant.
L’univers graphique d’Ez3kiel est assez étrange, comme les pochettes de disque le laissent entrevoir. La mécanique y a une place essentielle, dans un univers retro-futuriste très noir et intéressant. L’imagination de ces quatre-là semble ne pas avoir plus de limite dans le mélange des genres que dans le visuel.
Les musiciens s’effacent totalement derrière ces images mais aussi, et c’est important, leur musique. Ils ne parleront quasiment pas, seulement à la fin, pour nous remercier mais le reste du temps, ils se contentent de jouer. Pas de jouer comme certains grandes stars qui font un job, on sent le plaisir qu’ils ont à jouer ensemble et il est communicatif. Mais ils ne se mettent pas en avant par rapport à leur musique et à l’ambiance créée par le concert. La salle, à plusieurs reprises, a comme retenu son souffle puis exprimé sa joie devant telle ou telle scène du concert. Cette mise en retrait du groupe m’a rappelé Pink Floyd ou, plus récemment, les concerts de Gorillaz. Mais chez Ez3kiel, mise en retrait ne signifie pas restitution à l’identique des morceaux tels qu’ils apparaissent sur l’album : ces musiciens n’ont pas, fort heureusement, le respect qu’avait Pink Floyd pour ses productions et ils sont capables de triturer leur musique, de l’adapter à la scène. Le son en ressort plus puissant, plus intense.
En bref, voici un groupe complet (musique et image) qui offre des concerts tout aussi complets, où musiciens s’effacent modestement derrière leur musique et plus largement leur univers pour le plus grand bonheur de son public. Un groupe qui gagnerait vraiment à être plus connu et reconnu en France, pour une fois qu’un groupe français fait dans l’originalité…