Le Festival de cinéma européen des Arcs 2010 touche à sa fin : ce soir, c’est la cérémonie de clôture et avec elle la fin officielle du festival. Les douze films en compétition ont déjà été vus, le jury a sans doute déjà pris sa décision… l’heure est donc aux bilans.
Ce festival est encore jeune puisqu’il n’en qu’à sa seconde édition. C’est un festival original qui ouvre la saison de ski de la station savoyarde des Arcs. Un cadre exceptionnel donc, face au Mont Blanc et au pied des pistes. Le programme dense du festival ne permet néanmoins pas vraiment d’en profiter autant qu’espéré, même si on a eu tout le loisir de découvrir Arcs 1950 où nous étions logés, dernière construction des Arcs (2003), sorte de village de carton-pâte qui rappelle autant Disneyland qu’un décor de cinéma.
Cette semaine de festival représente 13 films vus, dont les 12 en compétition, et donc 13 critiques de films. En une semaine, j’ai rédigé un peu plus de 16 000 mots, soit une moyenne de 2300 mots environ par jour et deux articles à plus de 1400 mots (dont Oxygène, mon préféré de la sélection officielle). Une semaine bien rentabilisée, indéniablement… Quasiment tous les films en compétition étaient de très bonne qualité et intéressants, même si les films gais et légers n’y avaient pas trop de place. Ce sont en tout cas douze films qui méritent d’être connus et j’espère qu’ils auront tous droit à une sortie en salles en France.
Tous les films en compétition
Voici la liste des 12 films en compétition officielle pour ce festival, avec un bref avis personnel et les récompenses obtenues, le cas échéant. À chaque fois, un lien vers ma critique est accessible via le nom du film.
Adrienn Pàl, Ágnes Kocsis (Hongrie)
Adrienn Pàl n’est pas le nom de l’héroïne du film d’Ágnes Kocsis, mais le nom de la femme cherchée par l’héroïne. Cette dernière est une infirmière obèse dans un service de soins palliatifs. Autant dire que le film n’est pas un modèle de gaieté, d’autant qu’il se déroule dans une Hongrie en crise. Mais si l’on passe sur la noirceur générale de l’ensemble, Adrienn Pàl est un film riche et intéressant.
Chico et Rita, Fernando Trueba et Javier Mariscal (Espagne) – Prix CineEuropa
Seul film d’animation en compétition, c’est aussi le film le plus léger des douze. Pourtant, Chico et Rita est loin d’être un film pour enfants. C’est un film très adulte que nous proposent Fernando Trueba et Javier Mariscal, un film sur la musique cubaine, mais aussi une histoire d’amour fou et impossible. Un très beau film.
Drei, Tom Tykwer (Allemagne)
La formation d’un triangle amoureux, c’est ce que propose Tom Tykwer dans Drei. Mais le triangle est d’abord un prétexte pour un film riche, autant par son scénario que par sa forme inventive. Un film agréable.
Essential Killing, Jerzy Skolimowski (Pologne)
La traque d’un Afghan dans les neiges européennes. Essential Killing a un côté expérience extrême avec un seul acteur muet à l’écran, ou presque. Reste que l’expérience semble assez gratuite et Jerzy Skolimowski ne fait vraiment rien pour nous aider à apprécier son héros. Intéressant en soi, décevant de fait.
Même la pluie, Icíar Bollain (Espagne) – Prix du public, Prix du jeune public, Prix de la meilleure interprétation masculine
Icíar Bollain fait un parallèle étonnant entre la conquête espagnole et la situation actuelle en Amérique du Sud. Même la pluie se déroule en Bolivie et met en scène à la fois le tournage d’un film historique sur la conquête, et les affrontements entre habitants de Cochacamba et l’État autour de la privatisation de la ressource en eau et l’augmentation de ses prix. Un film très intéressant.
Neds, Peter Mullan (Grande-Bretagne) – Prix de la photographie
Un film sur les jeunes de banlieues écossaises dans les années 1970 : le sujet est certes très classique, mais Peter Mullan s’en sort très bien. La violence est partout et étouffante. Dans le genre, c’est réussi.
Oxygène, Petter Van Huffel (Belgique) – Mention du jeune public
Un film sur la mucoviscidose, le thème n’avait pas de quoi réjouir… et pourtant. Pourtant, ce film belge pose un regard extrêmement lucide sur cette maladie mortelle, avec des malades qui continuent malgré tout à vivre et à avancer. C’est tout à la fois drôle et triste : Oxygène est sans nul doute mon coup de cœur du festival. À ne pas manquer.
R, Michael Noer et Tobias Mindholm (Danemark)
R propose une plongée éprouvante dans une prison néerlandaise. Un film terriblement efficace, qui a le même point de départ qu’Un prophète, de Jacques Audiard, les deux cinéastes danois s’en éloignent ensuite rapidement et proposent leur propre vision de l’univers carcéral. Étouffant et excellent.
The Edge, Aleksei Uchitel (Russie) – Prix spécial du Jury
Histoire de trains dans le fin fond de la Sibérie, The Edge se révèle plus complexe que cela. Oscillant entre reconstitution historique réaliste et conte qui tend au fantastique avec notamment ces machines à vapeur qui semblent prendre vie. Le film d’Aleksei Uchitel est aussi l’occasion d’une histoire d’amour complexe entre deux hommes et deux femmes. Un film riche.
Tilva Roš, Nikola Ležaic (Serbie)
Un Jackass serbe mâtiné d’une pointe de Gus Van Sant : tel pourrait être le programme de Tilva Roš, premier film du serbe Nikola Ležaic qui étonne par sa maîtrise. C’est un film dual, partagé entre séquences amateurs à la Jackass et séquences extrêmement travaillées de la part du réalisateur. Le résultat est convaincant.
Un chic type, Hans Petter Molland – Flèche de cristal
Comédie noire décalée et mélancolique, Un chic type est un film réussi. Pas toujours hilarant, même si quelques séquences sont vraiment drôles : les séquences de sexe resteront sans nul doute dans les mémoires… On apprécie l’humour si particulier, peut-être norvégien, de ce film glacé.
White White World, Oleg Novkovic (Serbie) – Prix de la meilleure interprétation féminine
« Opéra des mineurs », White White World est à la fois un film chanté et marqué par une histoire digne des tragédies grecques. Le film donne une impression générale décalée qui plaira ou déplaira. Sentiment mitigé pour ma part.