Guns Akimbo, Jason Lei Howden

Depuis la fin de la saga Harry Potter, Daniel Radcliffe fait son maximum pour mettre de la distance avec ce jeune personnage de magicien qui l’a rendu si célèbre. L’acteur a enchaîné les rôles plus sombres et adultes, au théâtre comme au cinéma, et on pourrait parfois avoir l’impression qu’il sélectionne uniquement les rôles les plus éloignés possibles, sans considérer nécessairement leur intérêt. En tout cas, c’est clairement l’impression qu’il donne dans Guns Akimbo, un long-métrage assez bizarre où la violence la plus extrême de certains jeux vidéo a contaminé la réalité. Jason Lei Howden aurait pu être une œuvre balancée sur les dangers de la violence, mais sous couvert de de second degré et d’humour noir, son film est en fait un plaidoyer pour les armes à feu. Ni très drôle, ni très divertissant et même assez gênant, à éviter.

Dans ce monde parallèle pas très différent du nôtre, Skizm est suivi par des centaines de milliers de personnes dans le monde. Dans ce jeu diffusé et commenté en direct, deux personnes s’affrontent à la mort et le gagnant est celui qui reste debout à la fin. Sauf que les joueurs ne s’affrontent pas dans un univers virtuel par l’intermédiaire d’une manette, tout se déroule dans la vraie vie, avec de vraies armes et de vraies morts. Voilà le point de départ de Guns Akimbo, qui imagine qu’un troll, nommé Miles, qui se cache derrière son clavier pour s’amuser sur le chat de l’émission est débusqué par les créateurs de Skizm. Il est kidnappé et pendant qu’il est endormi, on lui visse littéralement un flingue à chaque main et il est lancé dans une partie contre Nix, une tueuse redoutablement efficace qui a gagné plusieurs duels auparavant. Dans les premières minutes, le long-métrage de Jason Lei Howden est sympathique. Le style est volontairement exagéré, la caméra tourne sur elle-même simplement pour signaler le déséquilibre d’un personnage et il y a de multiples effets visuels à la manière d’un clip ou de certains jeux vidéo. L’univers est fun, on ne se prend pas trop au sérieux et les premiers pas de Miles qui doit se débrouiller avec deux armes chargées à la place des mains sont plutôt amusants. Quand Nix débarque et qu’elle mitraille à tout va, l’ambiance change toutefois et Guns Akimbo commence vite à ressembler à une apologie de la violence à outrance. On aimerait tant que ce ne soit pas le cas, et on aurait pu imaginer une autre voie, plus subtile, où la violence extrême aurait été condamnée. Mais non, l’histoire s’enfonce toujours plus dans une longue série de meurtres sanglants, où l’humour mis en avant devient une excuse pour maintenir cette violence gratuite. Certes, le long-métrage ne se prend jamais au sérieux jusqu’au bout, mais il lui manque cette distance pourtant critique pour ne pas tomber dans la défense des armes à feu. Et la conclusion pourrait presque nous faire croire à une longue publicité financée par la NRA, avec ce justicier qui va arrêter tous les sales types… avec deux flingues évidemment.

On se demande bien in fine ce que Daniel Radcliffe est venu faire dans cette galère, lui qui peut par ailleurs défendre des causes justes. Le scénario n’était-il pas assez clair ? En voyant le résultat, on a du mal à voir comment on pouvait comprendre Guns Akimbo différemment. Et si l’on avait encore un doute, les harcèlements du réalisateur contre des critiques avant la sortie de son film finissent par le lever entièrement. Encore une fois, l’humour n’est qu’une excuse bidon pour faire un film au premier degré. Dommage.