The Haunting of Hill House ressemblait à une énième histoire de maison hantée sans intérêt, mais la série de Netflix avait agréablement surpris par son histoire centrée sur les personnages plutôt que les fantômes. On pouvait attendre une suite, Mike Flanagan a toutefois préféré partir sur une forme de série d’anthologie, avec une nouvelle saison qui reprend une partie du casting et surtout l’idée de dépoussiérer le genre de la maison hantée, mais avec une histoire différente. Le résultat est The Haunting of Bly Manor, vaguement inspiré d’une nouvelle de Henry James et qui reprend encore une fois tous les codes du genre pour mieux les détourner. Ce manoir hanté dans la campagne anglaise est surtout une excuse pour raconter une histoire d’amour, comme l’un des personnages le dit très bien à la fin. Mike Flanagan hausse encore le ton, avec des personnages particulièrement bien écrits et une histoire émouvante, une excellente mini-série à ne rater sous aucun prétexte.
Cette nouvelle série ne met pas vraiment en parallèle deux époques comme la première, même s’il y a un petit peu de cette idée dans le dispositif de la narratrice qui raconte une histoire s’étant déroulée dans le passé. Malgré tout, The Haunting of Bly Manor se déroule entièrement sur une seule chronologie, dans l’Angleterre de 1987. Dani est engagée comme fille au pair pour s’occuper de deux enfants qualifiés d’emblée de difficiles dans un manoir isolé dans la campagne anglaise. Dani est une institutrice américaine qui a quitté son pays précipitamment et pour des raisons qui restent au départ mystérieuses. Elle est prise pour ce travail et menée dans l’immense demeure vieille de plusieurs siècles où Miles et Flora habitent, avec la gouvernante, le cuisinier et la jardinière. Leurs deux parents sont morts un an auparavant, mais c’est surtout le suicide de la fille au pair quelques mois avant le début de l’histoire qui a fini de les perturber. Ils sont tous les deux très étranges, beaucoup trop matures pour leur jeune âge et logiquement affectés par ce qui s’est passé. Tout semble en vérité anormal quand la série commence et Mike Flanagan a tout loisir de créer une ambiance de mystère, propre au genre de la maison hantée. The Haunting of Bly Manor ne révèle pas ses secrets immédiatement, c’est même tout l’intérêt de la série de les dévoiler très progressivement sur neuf épisodes. Mais il est indéniable dès le premier que rien n’est simple ou normal dans cette grande maison en grande partie vide, où l’on sent le poids des années. Par petites touches, le scénario construit un environnement fantastique avec, oui, des fantômes, mais qui ne sont jamais au cœur de l’intrigue. L’idée forte de l’anthologie est indéniablement que le fantastique ou l’horreur ne sont pas les sujets principaux. C’était vrai dans The Haunting of Hill House, c’est encore plus flagrant dans cette nouvelle histoire.
Sans trop en dévoiler et gâcher la surprise, on peut dire que les fantômes sont absents sur la majorité de la saison. Ils prennent plus de place vers la fin, quand les révélations et explications commencent à arriver, mais même alors, ils n’occupent jamais le centre de l’écran. Mike Flanagan s’en sert comme une excuse pour créer des personnages crédibles et raconter d’autres histoires, concentrées sur les vivants. Il y a plusieurs intrigues secondaires, racontées par une série de flashbacks, mais avec à chaque fois un thème commun : ce sont des histoires d’amour. Sans qualifier la série de Netflix de romantique, on ne peut que noter la place prépondérante de l’amour, que ce soit entre Charlotte et Henry, entre Peter et Rebecca et bien sûr et surtout entre Dani et Jamie. Cette relation ne s’impose pas d’emblée, elle s’installe petit à petit et monte en puissance tout au long des neuf épisodes, jusqu’à devenir le centre du dernier, final magnifique et déchirant à la fois. L’amour éprouvé par les deux jeunes femmes est très beau et crédible, leur histoire d’amour est très bien racontée et elle prend le dessus sur les fantômes et la malédiction de Bly. Il faut saluer le travail des deux actrices, Victoria Pedretti et Amelia Eve, impeccables et très justes dans leur interprétation. The Haunting of Bly Manor est de manière générale très bien interprétée, avec plusieurs moments de bravoure pour tous ses acteurs. Les deux jeunes qui interprètent les enfants sont bluffants d’intensité, mais s’il fallait retenir un nom, ce serait celui de T’Nia Miller. Elle incarne Hannah Grose, la gouvernante, et elle est spectaculaire dans l’épisode central de la saison, le cinquième, où son personnage bascule d’une scène à l’autre avec un naturel dingue. Cet épisode assez fou justifierait à lui seul de voir la saison.
The Haunting of Bly Manor reproduit la même recette que la série précédente créée par Mike Flanagan pour Netflix. Par certains aspects, cette nouvelle étape dans son anthologie est même encore plus forte, avec des histoires personnelles encore mieux travaillées et une romance aussi belle que triste. Inutile d’opposer les deux mini-séries toutefois, car elles sont toutes les deux aussi bonnes et intéressantes. The Haunting of Bly Manor est une histoire complète avec toutes les explications nécessaires à la fin, mais peut-être que son créateur a d’autres maisons hantées à nous faire visiter ? On a hâte de le découvrir !