L’histoire personnelle de David Copperfield, Armando Iannucci

L’histoire personnelle de David Copperfield est, son titre le suggère bien, la dernière adaptation en date du célèbre roman de Charles Dickens qui en a déjà connu un grand nombre. Pourquoi se lancer à nouveau dans une telle tâche ? Le nom d’Armando Iannucci derrière les caméras intrigue : celui qui a, notamment, créé l’excellente série Veep, pourrait apporter un vent de fraîcheur et dépoussiérer l’œuvre du XIXe siècle. Une promesse qui semble confirmée par le casting, avec Dev Patel pour incarner le personnage principal. Une base a priori solide, mais qui hélas ne tient pas longtemps. L’histoire personnelle de David Copperfield se veut une relecture drôle et fantaisiste du roman, mais cette nouvelle adaptation finit très vite par ennuyer. Dommage.

Il faut dire qu’adapter l’histoire sortie de l’imagination fertile de Charles Dickens n’a rien d’évident. Publié sous la forme d’un feuilleton publié dans les journaux comme cela se faisait beaucoup à l’époque, L‘Histoire, les aventures et l’expérience personnelles de David Copperfield le jeune est un roman long et complexe, qui compte des dizaines et des dizaines de personnages différents. Pour l’adapter à un film de deux heures, il a fallu faire des choix et éliminer la majorité des personnages, tout comme il a fallu sabrer des pans entiers de l’intrigue originale. Armando Iannucci tente toutefois de retrouver ce foisonnement de péripéties, avec un scénario qui retrace les grandes étapes et laisse de la place à de multiples rencontres. Le tout, en renouvelant le casting pour insuffler une bonne dose de modernité : le héros est incarné par deux acteurs typés indiens et les personnages autour de lui tirent parfois vers l’Afrique ou vers l’Asie, avec un « aveuglement volontaire » aux couleurs de peau, une excellente idée qui renforce astucieusement le côté fantaisiste de cette adaptation. L’histoire personnelle de David Copperfield se débarrasse de l’image élitiste que la simple évocation d’un romancier « classique » comme Charles Dickens pouvait faire ressentir. De la même manière, on apprécie l’approche humoristique teintée d’anachronismes, avec des situations comiques beaucoup trop modernes pour les années 1850 où l’action est censée se dérouler. Malheureusement, cette bonne base cède vite le pas à une reconstitution historique pas toujours réussie — les décors réels sont très bien, mais il y a trop de plans numériques assez pauvres — et surtout une enfilade de personnages et d’intrigues qui se déroulent à toute vitesse. Armando Iannucci ne parvient pas à trouver le bon rythme et le spectateur finit par s’ennuyer poliment, malgré l’impressionnant casting et les prestations remarquables de Tilda Swinton qui chasse des ânes de son jardin ou encore de Hugh Laurie délicieusement obsédé par Charles Ier. Dev Patel a du mal à faire ressentir la moindre émotion et on se désintéresse vite de son personnage, ce qui n’aide pas.

L’objectif pour cette nouvelle adaptation était assez clair, mais L’histoire personnelle de David Copperfield passe à côté. Est-ce par manque de temps ? Peut-être qu’il aurait mieux valu respecter le feuilletonnage de l’époque en créant une série qui aurait laissé davantage de place aux personnages et aux intrigues. Quoi qu’il en soit, Armando Iannucci ne parvient pas à nous captiver et cette nouvelle adaptation du roman de Charles Dickens ne restera pas dans les annales. Décevant.