L’intitulé du premier cours de droit d’Annalise Keating est assez peu conventionnel : « Comment s’en tirer avec un meurtre ». Cette enseignante est aussi une avocate de renom, qui gagne souvent des procès en mettant en place des stratégies tout aussi peu orthodoxes. How to Get Away with Murder repose sur cette idée, qu’elle met directement en pratique : comment s’en tirer avec un meurtre ? Quand on est avocat ou futurs avocats, on a quelques facilités à faire valoir, mais ce thriller montre bien que ce n’est pas une partie de plaisir. Porté par la prestation exceptionnelle de Viola Davis, son interprète principale, la première saison de cette série créée par Peter Nowalk s’avère très divertissante, mais pas inoubliable. La faute à une certaine lourdeur côté mise en scène, mais aussi à un scénario qui est parfois vraiment tiré par les cheveux.
Dès le pilote, How to Get Away with Murder nous présente… un meurtre. Alors même que l’on fait connaissance avec le personnage d’Annalise Keating et les cinq étudiants qu’elle choisit pour travailler avec elle, alors même que l’on découvre les procès qui émailleront chaque épisode de la série, Peter Nowalk tient à nous faire comprendre qu’un meurtre sera au cœur de l’intrigue. Mais il n’en montre pas trop : on ne voit pas qui est mort et on ne sait pas du tout comment ou pourquoi le meurtre a eu lieu. Une bonne idée, qui devient malheureusement l’un des points noirs de la série créée pour ABC. La première moitié de la saison est consacrée exclusivement à la découverte de l’identité du mort et aux circonstances qui entourent son meurtre. Dans chaque épisode, How to Get Away with Murder remontre des images que l’on a déjà vu, mais les enrichit progressivement avec des éléments supplémentaires, si bien que l’on ne sait tout qu’autour des épisodes 7 ou 8. Et si l’idée de ne pas tout dire tout de suite était bonne, la répétition devient vraiment lourde, d’autant que l’on comprend assez vite ce qui se passe et la rétention d’informations devient alors assez pénible. La réalisation ne fait pas dans la finesse, avec de multiples accélérés qui donnent une sensation vertigineuse convaincante au début, mais qui finit par lasser. Néanmoins, la série devient vite très prenante et on a envie de voir tous les épisodes, sans lâcher son écran. Probablement, il faut le reconnaître, en partie grâce à ce dispositif qui dévoile des éléments importants petit à petit. C’est aussi beaucoup grâce aux acteurs et en particulier à l’actrice principale : on a déjà eu l’occasion de l’évoquer, mais Viola Davis est parfaite dans ce rôle d’avocate et professeure de droit aussi sèche qu’elle peut être brillante pour défendre ses clients. L’actrice n’a souvent besoin que d’un regard pour passer le message, et Peter Nowalk lui offre un rôle plus riche qu’au premier abord, avec un développement intéressant. Les cinq étudiants qui l’accompagnent sont globalement convaincants, malgré quelques clichés persistants qui gâchent un petit peu la fête.
How to Get Away with Murder n’est pas (encore ?) une grande série, c’est indéniable. Mais on aurait tort de bouder son plaisir et on doit bien reconnaître que, malgré ses défauts, c’est une série que l’on regarde d’une traite, sans s’arrêter. C’est bien la preuve qu’elle atteint son objectif et que le divertissement est bien au rendez-vous. La saison 2 arrivera dans les prochains mois et on est curieux de voir ce qu’elle donnera ; curieux et prudent : le scénario, parfois déjà un petit peu gonflé, semble s’orienter vers une piste encore plus farfelue à la fin. Peter Nowalk pourra-t-il s’en tirer avec ses meurtres pour une nouvelle saison ? D’ici là, How to Get Away with Murder est une série mineure, mais plutôt fun.