Infernal Affairs II, Andrew Lau et Alan Mak

Infernal Affairs avait marqué les esprits par son intrigue concentrée autour de deux taupes, l’une venue de la mafia dans la police, l’autre venue de la police dans la mafia hong-kongaise. Le long-métrage avait connu un succès autant critique que public, à tel point qu’il avait donné suite à un remake à Hollywood quelques années après, mais en attendant, les deux réalisateurs se lancent dans une trilogie. Infernal Affairs II n’est pas vraiment la suite du premier volet néanmoins, mais plutôt une préquelle qui s’intéresse à l’origine de Sam, le parrain tout puissant que l’on avait découvert dans la première réalisation d’Andrew Lau et Alan Mak. Un retour en arrière qui prend son temps — ce film est plus long que le précédent — et qui reste dans la lignée d’Infernal Affairs sur le plan esthétique, tout en proposant une intrigue plus riche, à défaut d’être très originale. C’est une histoire de mafia et d’ascension, mais qui vient de Hong-Kong.

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Bien des années avant les évènements décrits dans Infernal Affairs, Hong-Kong était toujours la propriété de la Grande-Bretagne, mais la mafia était déjà omniprésente dans la ville et Wong était déjà en guerre contre ses dirigeants. À cette époque toutefois, ce n’est pas encore Sam qui régnait en maître incontesté, mais la famille Ngai qui imposait sa domination sur tout le commerce illégal. Le long-métrage commence avec un épisode classique dans ces milieux : la mort du parrain et un changement dans l’équilibre des puissances locales. En l’occurrence, c’est Ngai Kwun qui est assassiné et le pouvoir de son héritier, son fils, Hau, est remis en question. Le scénario assez complexe se met en place quand on apprend que la femme de Sam a comploté contre Kwun, avec l’espoir que son mari prenne la place qui sera la sienne dans le futur, comme le premier volet de la trilogie l’avait montré. Mais Sam n’a pas vraiment l’intention de remplacer son patron, Hau, alors qu’il reprend le contrôle sur la ville. Les quatre mafieux qui se partagent la ville et reversent une partie de leurs revenus à la famille Kwun selon le modèle pyramidal bien connu, essaient bien de ne plus payer après le passage à la génération suivante, mais ils se ravivent vite face à Hau et à ses menaces. Infernal Affairs II suit ainsi le parcours de cet homme assez jeune, mais qui parvient sans peine à asseoir son pouvoir sur la ville. Ce n’est pas tout néanmoins : Andrew Lau et Alan Mak déploient une intrigue aux multiples ramifications et on suit également le parcours de Sam et de sa femme, de l’inspecteur Wong et mêmes des deux futures taupes. Ils ne sont encore que des jeunes hommes, mais on découvre leurs premiers pas en tant qu’infiltrés, même si ce long-métrage n’est pas vraiment centré sur eux.

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Plus que le sort des deux taupes, les scénaristes se sont intéressés cette fois à la confrontation entre la police et la mafia, précisément entre Hau et Wong. Et ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas de clan bien établi, ni de frontière clairement dessinée entre les deux parties. Comme on le découvre bien vite, l’inspecteur n’est pas un tendre et il est prêt à tout pour faire tomber la mafia, quitte à provoquer un meurtre pour déstabiliser les familles en place. C’est bien lui, en effet, qui était derrière le meurtre de Kwun au début du film. C’est lui encore qui discute ouvertement avec Sam, alors son indicateur au sein de la mafia, et qui l’aide sans forcément le vouloir à prendre le pouvoir. Infernal Affairs II est aussi une histoire de passation de pouvoir, d’une famille à l’autre, même si ce n’est pas évident d’emblée. Il faut dire que, même si on sait que Sam finira à la tête de la mafia, le personnage refuse de suivre cette voie pendant la majorité de cet épisode. Alors même que sa femme dégage le terrain pour lui, il refuse de prendre le pouvoir. Alan Mak et Andrew Lau ne disent jamais clairement pourquoi, mais peut-être que ce mafieux cherche au fond à s’éloigner de ce milieu, tout comme Hau ne semble jamais ravi d’avoir à prendre le trône de son père. Au total, c’est la police qui provoque un maintien de l’ordre en place, ce qui est assez ironique… mais toujours implicite. C’est la particularité de ce volet, alors que le premier long-métrage était explicite, parfois trop, celui-ci n’en dit jamais trop, quitte à tomber dans l’excès inverse. On est parfois un petit peu perdu et à ne jamais choisir un fil conducteur simple, l’attention se disperse quelque peu. Il y a de bons moments dans Infernal Affairs II, mais aussi des baisses de rythme et des intrigues secondaires qui ne sont pas très intéressantes.

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À l’heure des bilans, cette suite toujours signée Andrew Lau et Alan Mak est intéressante, mais elle ne va peut-être pas aussi loin qu’on pouvait l’espérer. Sur le fond, on a une intrigue de mafia assez conventionnelle et même si le déplacement à Hong-Kong l’éloigne parfois des schémas traditionnels, on pense malgré tout régulièrement aux classiques du genre. La scène de mariage, pour prendre un exemple, ne peut que rappeler celle de Francis Ford Coppola dans Le Parrain. En même temps, Infernal Affairs II ne choisit jamais vraiment entre plusieurs pistes et le film se perd un petit peu dans ses multiples intrigues et ses personnages parfois mal exploités. C’est le cas en particulier de la femme de Sam et de sa relation avec Lau, ou même, bizarrement, du personnage de Sam, étonnamment en retrait. Néanmoins, le long-métrage reste plaisant… si l’on arrive à passer outre l’utilisation outrancière de la musique et de certains effets de style.