Inferno, Ron Howard

Après le succès phénoménal du Da Vinci Code, autant sur papier qu’au cinéma, les suites se sont enchaînées, toujours avec le même personnage principal et la même idée d’une série d’énigmes autour de la religion ou au moins d’un mysticisme. Dernier volet en date, Inferno est d’abord sorti sous la forme d’un beau pavé rédigé par Dan Brown, et sans surprise, d’un nouveau long-métrage de Ron Howard. Le premier a écrit en pensant au second, si bien que l’on ne peut pas vraiment parler de surprise quand on découvre cette nouvelle histoire. Entre l’Italie et la Turquie, Robert Langdon déchiffre à nouveau des énigmes, mais cette fois l’Église catholique n’est pas impliquée, il s’agit plutôt de contrer le plan catastrophique d’un scientifique fou qui pense sauver la planète en tuant la moitié de l’humanité. On se sent en terrain connu, sans doute un peu trop : Inferno manque cruellement d’imagination et se contente assez largement d’essayer de répéter le succès de ses prédécesseurs. Pire, l’adaptation au cinéma de Ron Howard est encore plus grossière et bête que l’original, déjà pas brillant sur ce domaine. C’est divertissant malgré tout, mais aussi vite oublié que vu.

La trame générale du roman est respectée à la perfection, c’est normal dans ce genre d’adaptation pensée dès l’écriture. Il faut reconnaître d’ailleurs que Dan Brown n’est pas mauvais quand il s’agit de créer un suspense et suscite une attente. On entre directement dans le vif du sujet, avec le professeur de symbologie Robert Langdon, interprété pour la troisième fois par l’incontournable Tom Hanks, se retrouve inconscient dans un hôpital de Florence, sans aucun souvenir des deux derniers jours. Petit à petit, Inferno reconstitue ces deux jours et met en place l’intrigue principale autour du plan destructeur de Robert Zobrist, un milliardaire américain qui avertit qui veut bien l’entendre que la planète est sur le point de disparaître à cause de la surpopulation. Ron Howard réalise une adaptation honnête du roman, à base de course-poursuites dans les rues de Florence, puis au sein du Palazzo Vecchio où se trouvent quelques œuvres indispensables à la fois pour permettre au professeur de retrouver sa mémoire, et avec l’aide de la doctoresse qui l’a accueillie à l’hôpital, de comprendre ce que veut ce savant fou. Au passage, Inferno assure aussi son rôle de visite touristique, une obligation pour ce genre de films, et cette fois on a droit à un passage dans quelques-uns des lieux les plus connus de Florence, puis plus rapidement de Venise et enfin d’Istanbul. N’espérez pas mieux que le cliché de carte postale, avec cette même attitude désagréable que dans le roman : tout expliciter, tout expliquer et réexpliquer. Les personnages n’arrêtent pas de rappeler ce qu’ils font et pourquoi ils le font. Plus agaçant encore, ils ne manquent pas une seule occasion d’expliquer un point historique ou un fait géographique. Que ce soit à propos d’une anecdote sur un tableau ou bien sur Dante, au cœur de cette intrigue, ou bien au sujet de la pièce que traversent le héros et son acolyte. C’était déjà le cas sous la plume du romancier, mais c’est une mauvaise idée dans les deux cas, cela alourdit l’ensemble et ralentit l’intrigue. Et puis pour le dire franchement, on se fiche pas mal de ces petits faits glissés ici ou là, personne ne compte vraiment sur un film comme Inferno pour apprendre quoi que ce soit.

Le long-métrage de Ron Howard reste un divertissement plaisant dans l’ensemble, le temps passe vite, on ne s’ennuie jamais et le scénario parvient même à susciter par moment un semblant d’excitation. Inferno ne parvient malgré tout pas à se débarrasser de son côté répétitif et si vous avez lu ou vu les précédents épisodes imaginés par Dan Brown avec Robert Langdon, vous serez sans doute un petit peu trop en terrain connu. Le fait qu’il soit suspecté au début, par exemple, est quasiment un clone du Da Vinci Code et même si l’Église n’est pas impliquée, on reste sur les mêmes thématiques à base d’enfer et de plan machiavélique de grande envergure. C’est répétitif et Ron Howard a modifié la fin du roman de manière significative, et c’est bien dommage. L’idée originale d’Inferno était de sauver la planète en stérilisant un tiers de la population… pourquoi changer pour ce plan qui consiste à tuer la moitié de la population ? Fallait-il un méchant aussi caricatural pour que le spectateur comprenne bien ce qui se passe et pour que Tom Hanks sauve vraiment la planète ? « Évidemment », un film hollywoodien ne pouvait pas tuer tous ces gens et il fallait une fin plus héroïque que dans le roman1. Bref, Inferno n’est pas très intéressant et moyennement trépidant ; si vous n’avez rien d’autre à regarder, c’est un divertissement honnête à oublier sitôt regardé.


  1. Où, de manière d’ailleurs assez étonnante, le plan du milliardaire fou est mené à son terme. Les héros laissent faire, pour voir s’il avait raison et si la stérilisation forcée d’une partie de la population bénéficiera à l’équilibre général de la planète. Sur ce point, Inferno est manifestement allé trop loin pour le grand écran.