The Island n’est pas l’adaptation d’un roman, ou le remake d’un film de science-fiction, mais ça pourrait tout autant être le cas. Michael Bay n’a pas cherché très loin et son long-métrage ne fait pas preuve d’une grande originalité… c’est même le moins que l’on puisse dire. En construisant son scénario sur l’idée que, dans un futur proche, on sache cloner des êtres humains et que les plus riches commandent des clones pour prolonger leur vie, le réalisateur reprend des éléments piochés à droite ou à gauche. Mais qu’importe, cette idée offre au film une bonne base et toute la première partie, quand on ignore encore toute la vérité et que l’on découvre une dystopie froide assez convaincante, est plutôt réussie. Malheureusement, cette bonne base est gâchée par la suite : The Island reste une réalisation Michael Bay, et ce dernier ne sait manifestement pas tourner sans faire appel à sa base de données d’effets éculés, déjà vus mille fois et le plus souvent ridicules. Commençant comme une œuvre de science-fiction honnête, le blockbuster termine comme un vulgaire film d’action sans intérêt. Dommage…
Non pas un, mais deux, puis trois hélicoptères. Des poursuites à toute trombe dans les rues d’une Los Angeles à peine modernisée pour l’occasion. Des grosses armes, des types musclés qui sortent de leurs bagnoles aux vitres teintées. Des effets de ralenti grossiers, surlignés par la musique grotesque qui rappelle bruyamment ce que l’on est censé ressentir. La fin de The Island est une catastrophe, un film d’action qui se veut spectaculaire et qui espère en mettre plein la vue, mais qui n’est en fait qu’un enchaînement bien peu inspiré de clichés. Hélas, Michael Bay tombe trop souvent dans ce travers et alors que le réalisateur a déjà prouvé qu’il savait tourner des productions grand public extrêmement efficaces, mais ici, il se plante totalement. On ne comprend rien aux multiples courses-poursuites et combats, mais ça encore, ce n’est pas le pire. Le pire, c’est qu’on s’en contre-fiche : à partir du moment où les deux héros sortent et qu’ils sont poursuivis par la horde de mercenaires prêts à tout, le projet perd toute sa saveur et on regarde défiler les explosions d’un air distrait. C’est dommage, car The Island commence bien mieux que ça, avec une ouverture de science-fiction qui, à défaut d’être très originale, fonctionne plutôt bien. Cette communauté qui pense être les derniers rescapés d’une apocalypse qui aurait eu lieu dehors et qui vit sous le contrôle étroit du personnel avec comme seul espoir cette île, dernier refuge naturel où l’on pourrait encore vivre à l’air libre, cette communauté est plutôt crédible. Le scénario glisse habilement des éléments qui clochent et qui, en s’accumulant, amènent le spectateur à se poser des questions. On ne comprend ce qui se passe que plus tard, et même alors, le concept reste séduisant, et pour le coup, cette banque d’organes sur pattes est une idée bien trouvée. Il y avait de quoi construire un honnête film de science-fiction avec cette base, la matière était là et les deux acteurs principaux, Ewan McGregor et Scarlett Johansson, sont très bien en adultes avec l’esprit d’un adolescent incrédule.
Un autre réalisateur aurait certainement pu faire quelque chose de bien avec The Island, mais on sent que Michael Bay était là avant tout pour filmer des hélicoptères au ralenti et des explosions toujours plus énormes. Toute la fin est calquée à cet impératif de spectaculaire, si bien que le scénario perd très vite de sa substance et devient d’une banalité assommante. Prenez une séquence dans la deuxième moitié du film et vous pourriez jurer que c’est un extrait de n’importe quel Transformers. C’est bien le problème : c’est vu et revu, et on n’a pas envie de passer plus de deux heures à le voir encore une fois.