Isn’t It Romantic, Todd Strauss-Schulson

Fan de Pretty Woman et de toutes les comédies romantiques classiques quand elle était petite, Natalie est devenue blasée en grandissant. Cette architecte new-yorkaise ne croit plus en l’amour et elle mène une vie exactement opposée aux comédies romantiques. Elle abhorre tous les clichés de ces films où tout se termine bien, où la fille rencontre forcément le garçon qui lui faut à la fin. Sauf qu’un jour, elle se fait agresser dans le métro, tombe dans le coma et se réveille… dans la plus caricaturale qui soit des comédies romantiques. Voilà le point de départ d’Isn’t It Romantic, une satire du genre très efficace, mais avec un twist. En fonction de votre intérêt pour le genre, vous apprécierez plus ou moins le long-métrage de Todd Strauss-Schulson. Dans tous les cas, c’est un petit film sympathique, pas inoubliable, mais idéal pour passer un bon moment.

Tant de films ont cité le film culte avec Julia Roberts, Isn’t It Romantic choisit de le faire explicitement, avec la musique et même un extrait à l’image. Il s’agit d’évoquer d’emblée l’exemple le plus emblématique du genre qui va être parodié par la suite : la comédie romantique, bien sûr. Natalie s’en est nourrie petite, elle en est devenue dégoûtée adulte et Todd Strauss-Schulson le montre dans la première partie du film. Évidemment, son personnage travaille avec une assistante fan du genre et elles débattent longuement de ses mérites comme échappatoire de la réalité, et de ses clichés faciles et défauts. Pendant tout ce temps, cette architecte manifestement que l’on nous présente comme talentueuse est dénigrée par tout le monde, ses collègues qui lui font faire toutes sortes de tâches, et les clients qui la prennent pour une secrétaire à peine bonne à aller chercher du café. Tout cela sert d’introduction à l’idée principale du long-métrage : le personnage se réveille du coma dans une vraie comédie romantique. La photographie passe du réalisme de la banalité à une image pleine de couleurs et de joie de vivre : c’est caricatural au possible, et assez ridicule. Elle se réveille dans un hôpital impeccable, où les docteurs sont aussi sexy que dans une série. Elle sort avec le même chapeau que l’héroïne de Pretty Woman, la bande-originale est remplie de tubes de pop et de nappes de violon et le hasard fait trop bien les choses. Elle croise la route d’un bellâtre, le client qui l’ignorait complètement dans la réalité et qui tombe instantanément fou amoureux. En rentrant chez elle, elle découvre un autre appartement bien plus grand, avec un immense dressing et des portraits de son chien au mur.

Toute cette partie de satire de comédie romantique est très réussie et c’est une excellente manière de détourner les codes du genre. Isn’t It Romantic s’amuse à jouer avec tous les clichés, en les intégrant directement dans la narration. Par exemple, l’héroïne ne peut plus dire un seul gros mot, ils sont tous bipés… par des éléments du décor, que ce soit un camion qui recule, ou bien un réveil qui sonne. Autre très bonne idée, Todd Strauss-Schulson casse le quatrième mur en intégrant le montage dans les réflexions du personnage. Quand la scène d’amour se prépare, le montage saute au lendemain matin comme dans toutes les comédies romantiques où il ne faut surtout rien montrer. Sauf qu’ici, Natalie a conscience de cet artifice et le remet en cause à son réveil. Le film joue ainsi constamment sur nos attentes et c’est un délice, avec de multiples références à d’autres comédies romantiques et aux canons du genre. Un genre que le réalisateur connaît manifestement très bien, et qui est parfaitement reproduit ici, avec des piques bien trouvées notamment sur la place des personnages secondaires. On apprécie en particulier le meilleur ami gay, qui doit forcément être une folle et qui donne les conseils nécessaires à l’héroïne. Isn’t It Romantic bénéficie en outre d’un casting taillé sur mesure. Liam Hemsworth est la caricature idéale du beau gosse et il assume parfaitement ce rôle. Naturellement, la palme revient à Rebel Wilson, qui incarne en Natalie l’anti-héroïne de comédie romantique par excellence. L’actrice est excellente et son interprétation apporte beaucoup au projet.

Après avoir présenté si clairement et drôlement les clichés de la comédie romantique, fallait-il retomber dedans à la fin ? Isn’t It Romantic essaie de cacher une vraie comédie romantique au sein d’une parodie du genre, mais c’est une meilleure idée sur le papier qu’en réalité. Après avoir autant critiqué le genre, la dernière séquence sonne un peu faux, et elle ne fait rien des caricatures évoquées jusque-là. On s’ennuierait si cette scène n’était pas courte, mais elle laisse malgré tout un drôle de goût. D’un côté, on peut arguer que Todd Strauss-Schulson nous a bien eu en faisant exactement ce qu’il a dénoncé jusque-là. D’un autre, c’est un poil facile et Isn’t It Romantic aurait pu être nettement plus drôle en terminant sur le même ton parodique.