Jumanji : Bienvenue dans la jungle, Jake Kasdan

Offrir une suite à Jumanji, un classique des années 1990 qui a très mal vieilli sur le plan technique, mais qui reste un très bon divertissement familial, voici une idée qui avait de quoi effrayer. Certes, les moyens techniques offrent des possibilités dont ne pouvait même pas rêver Joe Johnston, réalisateur du premier volet, mais on sait bien aussi ce qu’un traitement de blockbuster moderne peut apporter comme éléments négatifs. On imaginait déjà le film d’action bodybuildé qui utiliserait le jeu mythique comme excuse, et la présence de Dwayne Johnson au casting n’était pas très rassurante. Et pourtant, on s’attendait au pire, mais Jumanji : Bienvenue dans la jungle est une agréable surprise. Non pas que ce soit un grand film, mais Jake Kasdan a tout à fait conscience des limites de son projet, il sait rester humble et offre à son excellent casting le cadre idéal pour qu’il s’exprime. C’est idiot, mais c’est voulu, et même si l’ensemble aurait mérité d’être plus court et d’éviter quelques clichés, c’est plutôt une réussite. On n’aurait pas parié dessus.

Jumanji : Bienvenue dans la jungle n’est pas un remake, ni même un reboot, c’est bien une suite dans la directe continuité du premier long-métrage. On reprend d’ailleurs en 1996, sur une plage comme celle où la boîte de jeu de société avait échoué à la fin du précédent volet. La continuité est bien assurée, Jake Kasdan ne manque pas de glisser une allusion ou deux pendant son film, mais ce n’est pas pour autant que cette suite reproduit à l’identique ce que l’on connaît déjà. Cela aurait été vite ennuyeux et fort heureusement, les scénaristes ont trouvé comment renouveler le genre. La boîte de jeu de société se transforme en jeu vidéo, et la jungle de Jumanji n’envahit plus la nouvelle banlieue américaine paisible où commence l’intrigue, ce sont les personnages qui sont envoyés dans la jungle. On avait déjà un petit peu cette idée dans Jumanji, sauf qu’ici tout se déroule dans cette jungle, et avec des personnages très différents des quatre adolescents moyens que l’on découvre dans les premières minutes. Il y a ainsi quelques différences majeures, qui évitent la répétition et qui sont souvent très ludiques. Puisqu’il s’agit d’un jeu vidéo, chaque personnage a trois vies avant d’atteindre le Game Over, ce qui a permis aux scénaristes d’explorer des idées intéressantes. L’un des personnages meurt dès le départ, dans les premières minutes ; plus tard, un autre est sacrifié pour les besoins du jeu. La meilleure idée toutefois, c’est que chaque ado incarne un personnage totalement différent dans le monde fantastique. Le geek maigrichon devient un aventurier baraqué, le grand sportif devient un zoologiste et petit homme fragile, la timide asociale devient une guerrière sexy et la bombe dans la vraie vie devient… un paléontologue un peu fort. Certes, c’est un petit peu facile et téléphoné, mais il faut saluer ici les quatre acteurs, tous excellents pour jouer sur le décalage. Dwayne Johnson est tout en second degré et parfait quand il doit jouer le gamin effrayé par un écureuil, mais c’est surtout Jack Black qui impressionne en conservant parfaitement la personnalité de la blonde obsédée par son image qu’il incarne. Ce n’est pas toujours très léger, mais Jumanji : Bienvenue dans la jungle exploite au maximum l’humour généré par ces décalages et cela fonctionne très bien. Ce qui fonctionne moins bien, c’est l’intrigue elle-même, assez peu intéressante il faut bien le dire. Nick Jonas peine à reprendre le flambeau de Robin Williams et la fin aurait pu éviter autant les clichés du genre, mais il faut reconnaître que, même si Jake Kasdan aurait gagné à raccourcir son film, l’ensemble tient drôlement bien la route. C’est léger et fun, on n’en attendait pas tant.

Donner une suite à Jumanji ? Finalement, l’idée n’était pas si idiote que cela, et Jumanji : Bienvenue dans la jungle prouve qu’il y avait du potentiel. Le public a répondu largement présent, à un point tel que Hollywood ne peut pas rester sans rien faire et une suite a été annoncée. À nouveau, on n’est pas très confiant, comment imaginer que ce sera encore une fois réussi ? Mais après tout, Jake Kasdan a prouvé une première fois qu’il y avait quelque chose à en tirer, peut-être que cette nouvelle saga parviendra encore à surprendre ? Réponse l’année prochaine si tout va bien.