Après un premier volet vraiment excellent, qui savait doser le suspense et l’action, un long-métrage surtout qui comptait plus sur son scénario que sur les dinosaures pour convaincre, la saga Jurassic Park s’enfonce progressivement dans la médiocrité. Il y a trois ans, la licence a fait son retour avec Jurassic World, un blockbuster extrêmement banal, mais qui restait léger et plaisant. À défaut d’être un grand film, c’était un honnête divertissement et on n’en attendait pas beaucoup plus de cette nouvelle suite. Hélas, le cinquième épisode de la saga n’est même pas divertissant. Jurassic World: Fallen Kingdom essaie de renouveler le genre et de lancer la trame générale sur une autre piste, mais Juan Antonio Bayona semble penser qu’il peut le faire sans un scénario solide, et surtout sans personnages intéressants. À part une ou deux bonnes idées, le résultat est souvent ennuyeux et jamais très intéressant. À éviter.
Comme son illustre prédécesseur, Jurassic World se terminait avec un parc d’attraction ruiné et des dinosaures laissés à leur compte sur une île désormais désertée par les humains. Comment relancer la saga après cela ? Les scénaristes n’ont manifestement pas vraiment perdu de temps sur la question et ils ont exploité la première excuse qui passait par là. Sur l’île en question, un volcan dont on ignorait jusqu’à l’existence est sur le point d’entrer en éruption. Claire Dearing, l’ancienne directrice du parc désormais disparu, est envoyée à nouveau sur l’île, cette fois pour sauver les bestioles en les récupérant pour les amener sur une autre île… les détails ne sont pas vraiment importants. Toujours est-il que l’on retrouve ce personnage du précédent film, ainsi qu’Owen Grady, le dresseur de véloricapteurs, qu’ils sont tous les deux sur l’île et que rien ne se passe comme prévu. Juan Antonio Bayona parvient à surprendre quelque peu avec une éruption qui survient dans la première moitié du film, plutôt qu’en guise de final explosif. Toute la fin de Jurassic World: Fallen Kingdom se déroule en fait sur le continent, dans un énorme manoir qui évoque un château nazi façon Indiana Jones. L’autre grande saga de Steven Spielberg n’est d’ailleurs jamais très loin, elle a manifestement servi de référence, au minimum pour Chris Pratt, plus aventurier que jamais. Quitter les îles tropicales et continuer l’histoire sur le continent américain, ce n’est pas une mauvaise idée sur le papier, mais le souci, c’est qu’elle n’est jamais vraiment exploitée. En fait, on se fiche pas mal de ce qui arrive aux personnages, le duo principal manque cruellement de profondeur et le long-métrage précédent avait réussi à le masquer en ajoutant les deux frères qui formaient un beau duo. Ici, les deux garçons sont remplacés par deux jeunes qui n’ont jamais la chance de devenir intéressant. Ils ont un rôle utilitaire dans le scénario, mais c’est à peu près tout, et on ne s’intéresse pas vraiment à ce qui leur arrive. C’est encore pire pour le rôle de Maisy, la petite fille qui ne sert à rien, si ce n’est lancer la saga sur une nouvelle idée à la toute fin. Tous ces personnages sont mal écrits, parfois même transparents, et les dinosaures sont bien en peine de relever le niveau. On les connaît tous bien, ils ne sont plus surprenants et même plus vraiment impressionnants. Et que dire de Blue, transformé en animal de compagnie trop-mignon ? Où sont passés les veloricaptors meurtriers des premiers volets ?
Jurassic World: Fallen Kingdom essaie de renouveler la saga et de la lancer sur une nouvelle base, mais cet effort est gâché par un scénario paresseux et surtout des personnages sans saveur. Certes, Juan Antonio Bayona n’en fait pas encore plus qu’avant, et le nouveau dinosaure inventé pour ce film-là n’est pas encore plus gros, ce qui est une bonne nouvelle. Mais pour le reste, rien ne colle et on suit le spectacle avec une indifférence polie. Le long-métrage n’est pas totalement ennuyeux, même si l’ennui pointe son nez à un moment sur l’île, mais il ne donne pas envie de revoir les dinosaures qui nous avaient fait tant vibrer à une époque. À cet égard, la question de fond de Jurassic World: Fallen Kingdom résonne étrangement avec la saga. Ces créatures ressuscitées par l’homme méritent bien la paix, tout comme Jurassic Park mériterait d’en rester là. Hélas, le succès de ce volet et sa fin grande ouverte laissent à penser que l’histoire est loin d’être finie…