Kubo et l’Armure magique, Travis Knight

Avec Aardman Animations, Laika est sans doute le plus gros utilisateur du stop-motion, cette technique d’animation où chaque plan est constitué d’une série de photos et de maquettes et personnages animés. Pas de pâte à modeler pour Laika, mais on retrouve le même style si spécifique à cette technique et depuis Coraline, un sens des histoires originales et riches. Kubo et l’Armure magique, la dernière production du studio, n’échappe pas à la règle et ce récit initiatique mâtiné de fantastique est plein de surprises. Travis Knight ne se contente pas d’imposer un style inimitable et de composer des plans souvent magnifiques, il raconte une histoire passionnante, inattendue et touchante. Une très belle réussite qui plaira à toute la famille.

En apparence, l’histoire de Kubo et l’Armure magique est très classique, peut-être même un peu cliché. C’est un récit d’apprentissage pour Kubo, jeune garçon qui vit seul avec sa mère à l’écart d’un village jusqu’au jour où ses tantes essaient de le tuer. Sa mère se sacrifie pour le sauver et il atterrit dans un univers parallèle, accompagné d’une guenon qui parle et bientôt d’un soldat qui a pris l’apparence d’un scarabée. Ensemble, ils partent retrouver les trois pièces d’un équipement magique, une épée indestructible, une armure et un casque. Travis Knight suit le fil de cette aventure de façon linéaire, les péripéties s’enchaînent rapidement et on pourrait penser que l’on a déjà vu cette histoire des centaines de fois, mais ce n’est qu’une apparence. Le ton est très différent de ce que l’on voit toujours chez Disney et les autres, il est plus adulte, plus sombre parfois, plus juste souvent. C’est un film d’animation, certes, mais ce n’est pas nécessairement un film pour les enfants. Le récit varie souvent entre quelque chose de très mature et de plus enfantin et le long-métrage se place dans un entre-deux qui sonne vrai. La mort, par exemple, n’est pas écartée pudiquement, elle est au centre de l’histoire, sans pour autant tomber dans le morbide. Par certains aspects, Kubo et l’Armure magique rappelle le travail d’un Tim Burton, on pense à un film comme Les Noces Funèbres, mais en un petit peu moins sombre malgré tout. Travis Knight reste plus près de la famille et de l’amour porté par un enfant pour ses parents, mais il ne tombe jamais dans la facilité et dans le niais. Les épreuves sont difficiles, les personnages doivent vraiment se battre pour leur survie et le ton est plus sérieux qu’ailleurs, même si l’humour n’est pas totalement oublié pour autant. Il est plus discret qu’ailleurs, notamment parce qu’il ne repose pas sur un personnage chargé exclusivement d’être comique. Il vient notamment des interactions entre les deux personnages qui entourent Kubo, la guenon et le soldat scarabée, et il oscille lui aussi entre plusieurs genres et niveaux de lecture. Les plus jeunes ne comprendront peut-être pas tout, mais ce n’est pas grave, le long-métrage est bien assez riche pour plaire à tout le monde.

Belle réussite que ce Kubo et l’Armure magique, un long-métrage au synopsis classique, mais qui se révèle en fait plein de surprises. Magnifique sur la forme, porté par une histoire riche en rebondissements et très belle, le long-métrage est un vrai plaisir à suivre à tout âge. Le studio Laika prouve son savoir-faire, mais montre aussi qu’il peut se démarquer de la production habituelle. C’était déjà le cas en un sens avec L’étrange pouvoir de Norman, mais son film précédent était plus orienté vers l’humour, alors que le travail de Travis Knight est plus complexe. Une belle réussite, à ne pas rater.