Kung Fu Panda 3, Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni

La série des Kung Fu Panda s’enrichit d’un troisième volet et la catastrophe attendue n’est toujours pas au rendez-vous. On voyait mal le sympathique film de 2008 former une saga complète et qui tienne la route, et c’est pourtant le cas. Kung Fu Panda 2 était une suite très honorable, avec une bonne dose d’humour et d’action, sans se prendre trop au sérieux. Cinq ans après, voici le numéro trois et on retrouve les mêmes recettes qu’avant, avec une nouvelle piste pour le scénario et l’exploitation bien maîtrisée des origines familiales du héros. Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni maîtrisent à la perfection ce qui fait le succès de la saga et Kung Fu Panda 3 est à nouveau un sympathique film d’animation sans prétentions, mais qui devrait plaire à toute la famille. On ne lui en demande pas plus.

Devenu maître kung fu dans le premier épisode, victorieux contre la modernité dans le second volet, il fallait trouver autre chose pour Po dans Kung Fu Panda 3. Ce personnage de panda un peu balourd devenu un héros légendaire retrouve ici son vrai père biologique, un autre panda donc, alors qu’il avait été élevé par une oie qu’il pensait être son père. Po n’est pas très fin, c’est une caractéristique du personnage qui a bien été conservé ici et ce côté anti-héros est une vraie force pour la série. Une menace terrible s’abat encore une fois, c’est un passage obligé dans ce genre de film, mais la réponse n’est absolument pas toute tracée et évidente. Bien au contraire, le panda est chargé de nouvelles responsabilités qu’il n’arrive pas du tout à assumer et c’est plutôt la panique à bord, si bien que la victoire n’est pas gagnée d’avance. N’allons pas jusqu’à dire qu’il y a un véritable doute sur la fin du film, on est face à un film d’animation taillé pour la famille après tout, mais il est vrai que le spectateur ne se sent pas comme sur des rails. Le scénario déployé par Jennifer Yuh Nelson et Alessandro Carloni est bien rythmé et il laisse la place à quelques surprises. La grande bataille contre le méchant ne se passe pas tout à fait comme on pouvait l’imaginer en pareilles circonstances et c’est davantage dans l’esprit de la saga, de l’improvisation qui tombe bien. Kung Fu Panda 3 n’est pas foncièrement original à cet égard, c’est vrai, néanmoins il faut reconnaître à la série sa constance notamment en matière d’humour, mais aussi sa vision plutôt convaincante de la famille. Les gags sont drôles et ils évitent quelques clichés faciles, mais c’est surtout le cas pour la représentation familiale avec Po et ses deux papas. Le long-métrage n’évite pas quelques blagues à ce sujet, mais au bout du compte, c’est une famille atypique qui se forme et le scénario n’essaie pas de trouver un substitut féminin. Dans ce genre de film, c’est un positionnement finalement assez rare et il faut le saluer.

Kung Fu Panda 3 reste une œuvre taillée pour un marché, très classique sur la forme et le fond et un film que l’on pourra regarder et oublier aussitôt. Mais c’est aussi un excellent divertissement et une vraie réussite dans le genre. Dreamworks parvient à maintenir sa saga dans le temps, en la renouvelant suffisamment pour ne pas ennuyer, mais sans perdre de vue ce qui a fait son succès. Ce troisième épisode est à cet égard très réussi, avec suffisamment de nouveautés pour se démarquer des deux autres, mais avec aussi le même type d’humour et une concentration sur les points forts de la série. Trois suites sont encore prévues pour constituer une saga de six épisodes et pour être honnête, cela semble beaucoup. Mais en attendant d’en voir plus, Kung Fu Panda 3 est fun et plaisant, une réussite dans son genre.