Dans la série des blockbusters formatés pour les adolescents, Le Labyrinthe avait réussi à tirer son épingle du jeu avec un huis-clos étonnamment sombre et quasiment gore. Sa grande force était d’en dire le moins possible et de rester le plus longtemps possible dans le mystère, mais en sortant du labyrinthe, il perdait déjà son plus bel argument et la fin était décevante. Hélas, Le Labyrinthe : La Terre brûlée qui lui succède un an après confirme l’appréhension que l’on pouvait avoir. Le premier épisode de la saga n’était réussi que dans la mesure où on ne savait rien et où on pouvait encore tout imaginer. Avec cette suite interminable, Wes Ball essaie à nouveau de nous cacher un maximum d’informations pour le troisième volet, déjà prévu pour 2017, mais on en sait déjà beaucoup trop. Et cette science-fiction vue et revue peine à passionner, tandis que l’accent porté à tout pris sur l’action empêche tout développement des personnages. C’est un blockbuster comme Hollywood sait si bien les faire, mais on se fiche royalement de ce qui se passe et on trouve le temps bien long…
À la fin du premier tome, nos jeunes héros sortaient tant bien que mal du labyrinthe qui les retenait prisonniers, sans savoir pourquoi d’ailleurs. On découvrait alors un univers plus vaste, une dystopie assez classique où l’humanité a été emportée par une catastrophe climatique doublée d’un virus qui transforme des hommes parfaitement normaux sous tous rapports en zombies. Bref, rien de très original pour tout amateur de science-fiction et l’effet de surprise est passé quand Le Labyrinthe : La Terre brûlée débute. Wes Ball essaie bien de reproduire l’introduction très réussie du précédent film, quand on était avec le héros, dans un ascenseur et dans le noir complet, mais c’est assez artificiel. On retrouve donc les personnages que l’on avait quitté après leur sortie du labyrinthe qui n’était, comme l’affiche le signale bien, « que le début »1. Et donc, après ce début, c’est une nouvelle épreuve qui attend nos vaillants héros, celle de la Terre brûlée. Il s’agit en fait d’un désert qu’ils doivent traverser en évitant les humains zombifiés qui traînent dans le coin, les pièges tendus par WICKED — l’organisation bien nommée qui les a placés dans le labyrinthe pour commencer — et quelques éclairs. Commence ainsi une course-poursuite, entre gratte-ciels à moitié détruits, grandes zones désertiques et quelques autres bâtiments délabrés encore. On l’aura compris, Le Labyrinthe : La Terre brûlée abandonne totalement le concept du premier volet et devient un film d’action extrêmement banal. On pense souvent à la saga Hunger Games, ou bien à Divergente et ce n’est pas vraiment un bon signe. Le film de Wes Ball passe après, et il n’a rien de très particulier à défendre.
Le plus gros défaut de cette suite, c’est que l’on a perdu l’effet de surprise et que tous les défauts déjà présents dans le premier volet s’en ressentent avec beaucoup plus de force. Les personnages n’étaient déjà pas très passionnants dans Le Labyrinthe, ils ne gagnent pas en intérêt ici. Pour le dire un petit peu brutalement, on se fiche royalement de ce qui arrive à Thomas, Newt, Teresa ou bien à Minho. Leur psychologie n’est toujours qu’effleurée et le résultat est sans surprise : on est dans la caricature, sans aucun intérêt. Il y a le meneur que les autres suivent, mais on se demande bien pourquoi, tant Thomas n’a aucun charisme. Dylan O’Brien est peut-être un acteur correct, mais le scénario ne lui permet jamais de prouver son talent et ce n’est pas mieux pour tous les autres acteurs. On a vraiment le sentiment diffus qu’ils sont là pour leur plastique et pour plaire au public visé, mais que même eux ne savent pas très bien ce qu’ils font dans le film. C’est plus visible, logiquement, pour les acteurs les plus chevronnés. Aidan Gillen, si machiavélique dans Game of Thrones, incarne ici un méchant sans charme et même Patricia Clarkson est fade. Et c’est bien le souci à l’arrivée : il n’y a rien pour sauver Le Labyrinthe : La Terre brûlée. Le film dure plus de deux heures et c’est bien long pour une course-poursuite dans le désert qui n’apporte aucune réponse, mais uniquement pour nous inciter à voir la suite. C’est bien artificiel…
Après deux films, la saga n’a toujours pas répondu à la question la plus basique : pourquoi le labyrinthe ? C’était peut-être une force dans le premier épisode, mais cela devient un problème après plus de quatre heures, car au fond, tout ce qui précède Le Labyrinthe : La Terre brûlée semble gratuit. C’est sans doute un défaut à imputer aux romans originaux plutôt qu’aux films, mais qu’importe. Peut-être que le troisième volet apportera toutes les réponses attendues2, mais au fond, on n’a même pas vraiment envie de les avoir. Le Labyrinthe : La Terre brûlée n’est pas un bon film et la saga réalisée par Wes Ball semble bien mal engagée.
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- Et au passage, on s’interroge : pourquoi avoir placé toute la saga cinématographique sous le nom du Labyrinthe ? La série de romans de James Dashner était beaucoup plus censée à cet égard, puisque seul le premier volume portait ce nom, la saga étant nommée L’Épreuve. À se demander pourquoi ce nom ne pouvait pas être conservé pour les adaptations cinématographiques… ↩
- Et encore, ce n’est pas sûr. Après tout, un quatrième roman est en cours d’écriture… et on devrait avoir un quatrième film ! De quoi maintenir le suspense encore un petit peu plus longtemps ? ↩