Lady Bird raconte les derniers mois d’une lycéenne de Sacramento, avant son entrée à l’université. La fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte : c’est un sujet universel que l’on a déjà vu des milliers de fois, mais Greta Gerwig ne se contente pas de répéter le même sempiternel teen movie. En s’inspirant de sa propre histoire, elle propose une comédie dramatique réjouissante, notamment parce que son interprète principale est épatante. Lady Bird se regarde avec plaisir.
Christine n’en peut plus de sa vie à Sacramento et surtout de ses parents, enfin, de sa mère en tout cas. Elle fait tout pour l’énerver, en commençant par changer son nom, puisqu’elle veut désormais abandonner le prénom qu’elle lui a donné au profit de « Lady Bird ». Lycéenne dans un lycée privé et catholique, elle rêve de New York et d’études dans une université que ses parents, modestes, ne pourraient jamais payer. C’est cette vie que le dernier long-métrage de Greta Gerwig raconte, et c’est une vie largement inspirée par l’expérience de la cinéaste. Elle a le même âge que son héroïne, elle a aussi grandi à Sacramento, avait aussi un frère plus âgé… mais Lady Bird n’est pas un film autobiographique pour autant. Déjà, parce que tous les événements présentés ici ont été inventés par la réalisatrice, qui est aussi scénariste sur ce projet. Ensuite, parce que l’on sent bien l’influence de Saoirse Ronan, l’actrice principale, dans son personnage. Elle est parfaite dans ce rôle, comme s’il avait été écrit spécialement pour elle. Même si elle est plus âgée que son personnage qui n’est censé avoir que dix-huit ans, elle reste parfaitement crédible et elle représente très bien l’adolescente moyenne, en opposition avec ses parents, mais qui ne sait pas très bien ce qu’elle veut. Le film évoque les premières amours compliquées, entre ce garçon mignon qui s’avère finalement gay (Lucas Hedge, très bien dans ce rôle pas facile), et cet autre beau gosse au profil de bad boy (Thimothée Chalamet, impeccable dans ce rôle qui semble aussi avoir été écrit pour lui) qui ne s’intéresse pas vraiment à elle. Mais Greta Gerwig ne se contente pas d’amourettes, elle évoque aussi très bien les tensions sociales de ce milieu modeste. L’argent, ou plutôt son manque, revient constamment dans les discussions et la jeune fille fait tout pour le masquer auprès de ses amis. C’est aussi un sujet de tension au sein de la famille et le scénario évoque avec finesse et justesse tous ces thèmes de société. Ajoutez à tout cela la prestation tout aussi remarquable de Laurie Metcalf dans le rôle de la mère, et vous aurez un long-métrage particulièrement convaincant.
Belle réussite pour ce Lady Bird, qui est finalement plus qu’un énième film sur la fin de l’adolescence. Il y a de cela dans le film de Greta Gerwig, évidemment, mais le long-métrage évite les clichés faciles sur le sujet. Le projet parvient à construire une histoire universelle à partir des souvenirs subjectifs de la réalisatrice et il le fait avec brio. L’écriture est un point fort indéniable, mais le film peut aussi compter sur un casting sans aucune fausse note. Tout cela permet à Lady Bird de se distinguer et de mériter votre intérêt.