Living with Yourself est une petite série qui repose sur un concept intrigant. Son titre doit être pris de façon très littérale : c’est l’histoire d’un homme qui doit apprendre à vivre avec lui-même, ou plutôt avec un clone de lui-même. Un clone physiquement identique et qui partage ses souvenirs et son amour pour sa femme, mais qui est plus sûr de lui et meilleur en règle générale. Timothy Greenberg imagine une histoire assez dingue à partir de ce petit point de départ, pour former une saison fort sympathique, à défaut d’être excellente. La prestation assez incroyable de Paul Rudd permet malgré tout de tenir la distance et la série de Netflix se regarde sans déplaisir.
Miles est déprimé, il en a marre de sa vie, de son boulot de publicitaire qui ne l’intéresse plus, et même de sa femme avec qui il n’essaie plus vraiment d’avoir un enfant. Living with Yourself établit un point de départ assez sombre, où ce couple qui a été si heureux autrefois s’est retrouvé dans une vie de banlieue trop banale, sans la passion qui les animait à une époque. Alors que son employeur le menace directement d’un licenciement, Miles suit les conseils de l’un de ses collègues et se rend dans un mystérieux spa qui est censé faire des miracles. Le fait qu’on lui demande d’amener 50 000 $ en liquide ne l’inquiète pas plus que ça, pas plus que le décor miteux au fin fond d’une zone industrielle. Et il a raison, il ressort régénéré, frais et optimiste comme un nouvel homme, bien plus sûr de lui et meilleur à la fois dans le cadre professionnel et à la maison. Bref, cette drôle d’expérience semble parfaite, sauf quand il découvre la vérité, que le spa l’a en fait cloné pour purger ses défauts. En théorie, la copie originale devrait disparaître, mais un incident pendant l’opération ne l’a pas tuée et c’est pourquoi les deux copies se retrouvent à partager la même vie. Cette idée de base est très bonne, et la première saison l’exploite plutôt bien, en faisant confronter deux clones identiques et en même temps assez différents. Paul Rudd incarne les deux versions de Miles et l’acteur a manifestement pris du plaisir à jouer sur les variations des personnages, avec des petites touches parfois très subtiles. Il s’en sort très bien sur cet exercice difficile et le plaisir de la série lui doit indéniablement beaucoup. Living with Yourself est une réussite à ce titre, avec des idées drôles et souvent très originales qui émaillent les huit épisodes, on pense notamment à la séquence de la FDA. Et en même temps, on ne sait pas si le concept de base a encore beaucoup à offrir. Pour maintenir l’intérêt au-delà de cette première saison, il faudra sans doute renouveler les choses ou introduire des nouveautés significatives.
Malgré sa brièveté, huit épisodes d’une trentaine de minutes, la série portée par Netflix donne le sentiment d’être déjà arrivée au bout de son concept. C’est embêtant pour son avenir, mais Living with Yourself mérite bien d’être vue, ses débuts sont plaisants, drôles et originaux. Est-ce que Timothy Greenberg pourra apporter suffisamment de nouvelles idées pour maintenir l’intérêt au-delà ? L’avenir nous le dira…