Magic Mike XXL, Gregory Jacobs

En 2012, Steven Soderbergh avait surpris avec Magic Mike, une comédie qui nous plongeait dans l’univers finalement méconnu du striptease masculin et hétérosexuel. Trois ans plus tard, Magic Mike XXL se présente comme une suite encore plus importante… ce que le long-métrage de Gregory Jacobs n’est pas tout à fait. Loin de tomber dans la redite, l’assistant de Steven Soderbergh qui devient ici réalisateur construit un road-movie très sympathique, dans l’ensemble moins sexe que son prédécesseur, même si la dernière séquence est particulièrement impressionnante sur ce point. Sans prétention, Magic Mike XXL est un excellent feel good movie, une comédie qui entend séduire les femmes avant tout, une fois n’est pas coutume.

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Tourné trois ans après le premier volet, le récit de Magic Mike XXL se met lui aussi en place trois années après. On retrouve Mike, ex-stripteaser devenu constructeur de meubles. On savait dans le précédent film que c’était son rêve de toujours et que le jeune homme se déshabillait tous les soirs pour économiser de l’argent. Son rêve s’est donc concrétisé, mais la première séquence montre bien que ce n’est pas un rêve facile. Il n’a qu’un employé pour l’aider et il n’a aucun local pour construire et stocker ses meubles, bref on est loin du succès spectaculaire espéré. De fait, quand ses anciens collègues stripteasers l’invitent à une convention de striptease pour clore leur carrière en beauté, il n’hésite pas vraiment longtemps et le suit dans l’aventure. Le long-métrage de Gregory Jacobs se résume rapidement, et pour cause : son scénario est, au fond, assez mince. On suit une bande de six stripteasers proches de la retraite, pour un dernier spectacle. Magic Mike XXL prend bien soin d’évoquer les histoires des uns et des autres, mais on sent bien que ce n’est pas l’essentiel. Et tel un film de danse, il ménage plusieurs séquences phares où les personnages peuvent présenter leurs prestations souvent spectaculaires. Qu’importe alors si le scénario n’est pas tellement passionnant, ni particulièrement original. On sent bien qu’il est là comme un prétexte, et que l’essentiel est ailleurs.

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Comme dans Magic Mike, le striptease est au cœur de ce film, mais sur un mode différent. Les personnages ne sont plus employés à ce titre et ils sont en train de mettre un terme à cette vie-là, avant d’en commencer une autre. Par certains aspects, Gregory Jacobs filme un enterrement de vie de stripteasers avant le mariage de ces hommes avec la vie « normale », du moins celle loin des clubs où ils se déshabillaient. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne cherchent pas à en profiter une dernière fois et le scénario ne manque pas d’occasions de montrer leurs atouts, qui sont de taille, il faut le reconnaître. Une fois dans un bar, puis dans un club privé et enfin lors de la convention remplie de milliers de femmes et où s’affrontent les meilleurs stripteasers du pays, Magic Mike XXL montre ses personnages à l’œuvre et prend bien le temps de le faire. Les scènes de danse occupent une part significative sur les deux heures du long-métrage et autant prévenir : si vous n’aimez pas ça, vous n’aimerez pas non plus le film. Pourtant, force est de constater que les chorégraphies sont travaillées et parfaitement exécutées. Dans le rôle titre toujours, Channing Tatum est complètement à l’aise dans son rôle de stripteaser et on sent que l’acteur, non seulement s’amuse, mais a plus à offrir que ses atouts physiques. Il est excellent dans ce registre et on aimerait plus l’y voir, plutôt que d’enchaîner les rôles de bellâtres dans des blockbusters sérieux. Autour de lui, les autres acteurs sont eux aussi parfaits dans leurs rôles, avec une mention spéciale à Joe Manganiello qui offre une prestation mémorable dans une station-service.

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Gregory Jacobs s’en sort très bien avec ce Magic Mike XXL : il réussit la difficile tâche d’offrir une suite au premier film, sans tomber dans la répétition inutile. Pour une fois, un long-métrage a été écrit en pensant au premier lieu aux femmes et à leurs envies et à en juger aux réactions du public féminin1, il a parfaitement atteint son objectif. Avec ce road-trip sympathique, le cinéaste met en avant des beaux mecs, mais ce n’est pas une finalité et Magic Mike XXL mérite mieux que d’être résumé à une exposition de belles plastiques. C’est une comédie divertissante et légère, parfaite en cette saison estivale.


  1. Un public d’ailleurs majoritaire, on pourrait même parler d’écrasante majorité. C’est rare de voir des salles aussi typées, mais à l’exception de quelques couples (dont plusieurs gays), elles occupaient vraiment la salle et ont manifestement beaucoup apprécié le film.