Marcella, Hans Rosenfeldt et Nicola Larder (Netflix)

Marcella est une série policière britannique, mais co-écrite par Hans Rosenfeldt, un cinéaste suédois. De ce fait, dès les premières images, on sent cette influence nordique dans la noirceur du traitement. Une alliance qui fait la différence, en tout cas sur le papier. À l’image, la première saison de la série diffusée dans le monde par Netflix exploite finalement assez peu son originalité et elle lance des pistes très intéressantes, mais qui ne sont pas vraiment exploitées. Sur huit épisodes, Marcella parvient à intriguer jusqu’à la conclusion assez décevante, pour un bilan en demi-teinte.

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Hans Rosenfeldt et Nicola Larder ont une excellente idée : leur série commence dès la première image sur leur héroïne ensanglantée. On ne sait encore rien de cette femme, si ce n’est qu’elle ignore totalement ce qui lui est arrivé et on découvre vite qu’elle est en fait policière à Londres. En tout cas, elle l’était avant de devenir mère et de prendre un congé parental. Quand Marcella commence, ses enfants sont à l’internat et son mari lui annonce qu’il la quitte : elle décide alors de reprendre son ancien travail. Sans attendre, le scénario la met sur la piste d’un serial-killer qui opère étrangement comme l’une des anciennes affaires sur laquelle Marcella travaillait. La saison se consacre précisément à ces meurtres et la série suit l’enquête… jusque-là rien de bien original. Sauf que la policière retrouvée ensanglantée au début du premier épisode n’est pas totalement innocente dans l’affaire. L’un des points forts de Marcella est précisément de jouer sur le doute : l’héroïne est-elle coupable ? Elle-même ne le sait pas, puisqu’elle souffre de phases d’amnésie. L’une des victimes est la nouvelle femme de son futur ex-mari et elle se demande si elle l’a tuée, mais elle n’en est pas certaine. Hans Rosenfeldt et Nicola Larder n’aident pas le spectateur, qui en sait aussi peu que le personnage principal, une excellente idée. On est dans le brouillard et c’est également le cas de l’inspectrice qui ne sait pas à quoi s’en tenir à son égard, et qui a bien du mal à faire avancer son enquête. Les scénaristes brouillent constamment les pistes, notamment en nous faisant suivre les histoires secondaires d’un grand nombre de personnages. Qui est coupable ? On ne sait pas et bien vite, tout le monde paraît coupable. C’est une excellente idée et elle est assez bien exploitée par Marcella, même si la résolution est assez décevante en comparaison. On n’en dira rien et au fond, ce n’est pas l’essentiel, mais après tant de mystères, termine sur une conclusion aussi banale est nécessairement une déception. L’autre point noir, c’est le personnage de Marcella lui-même. Non pas que l’interprétation soit mauvaise, non, c’est même tout le contraire : Anna Friel est excellente dans le rôle titre et elle jour avec toute la subtilité nécessaire son personnage très complexe. Le problème, c’est plutôt que le scénario semble oublier les problèmes psychologiques du personnage principal. On voit une fois un psychologue, mais la série ne fait absolument rien de cet extraordinaire potentiel. On aurait aimé en savoir beaucoup plus sur les difficultés de Marcella, ses pertes de mémoire auraient du être au cœur de l’intrigue, tout comme son éventuelle culpabilité… et il n’en est rien. Dommage.

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L’idée de brouiller les pistes étaient bonnes, mais Hans Rosenfeldt et Nicola Larder s’y sont peut-être un petit peu perdus. À l’heure des bilans, on sait qui est le meurtrier, mais on s’en fiche un petit peu, et c’est bien là que le bat blesse. Il y a trop de personnages intéressants et ils ne sont pas assez creusés et il y a encore beaucoup de zones d’ombres, plus que de nécessaires. Marcella n’est pas une mauvaise série pour autant, il faut reconnaître en particulier la qualité de l’ambiance, avec un Londres pluvieux qui oscille entre l’obscurité de la nuit et les couleurs vives de la capitale britannique. Les acteurs sont tous bons et on suit l’histoire avec plaisir… mais a-t-on vraiment envie de voir une saison supplémentaire ?