Pour sa première série originale islandaise, co-produite avec la chaîne nationale Rùv malgré tout, Netflix n’a pas cherché à réinventer la roue. Les meurtres de Valhalla est une série policière extrêmement classique et qui ne cherche à aucun moment à sortir de son classicisme. Assez proche à cet égard à Trapped, la série islandaise de Balthazar Kormákur, la première saison parie sur le climat local et la noirceur pour convaincre, plus que sur son enquête somme toute très convenue et qui patine par endroits. Malgré ces défauts, les huit épisodes se regardent sans peine et si vous aimez les histoires policières, vous apprécierez sans doute celle-ci.
Un premier meurtre sur un port de Reykjavik, jusque-là rien d’exceptionnel. Quand un deuxième est repéré dans une maison de la ville, tout déraille. Il faut dire que les deux sont forcément liés, les victimes ont été tuées de multiples coups de couteau et elles sont défigurées, avec des coups au niveau de leurs yeux. Serait-ce un serial-killer ? L’Islande n’étant pas au point, on fait appel à un policier originaire de l’île, mais qui travaille en Norvège et c’est ainsi que l’enquête d’Arnar et de Kata commence. Dès le pilote, c’est la noirceur qui se note le plus : la photographie imaginée pour Les meurtres de Valhalla est si contrastée que l’image est souvent quasiment toujours noire et blanche. Même en plein jour, il n’y a presque jamais de couleurs, surtout dans cette Islande hivernale et donc recouverte d’un manteau de neige. Qui dit hiver dit aussi journées courtes, ce qui permet à Thordur Palsson de multiplier les scènes de nuit et souvent même dans l’obscurité presque totale. On comprend très vite que l’idée est de créer une ambiance très noire, littéralement, mais c’est un petit peu caricatural et souvent gratuit. Dans beaucoup trop de scènes, les personnages n’allument pas une lumière et on se retrouve dans l’obscurité sans véritable raison, si ce n’est cette quête d’ambiance sombre. Au-delà de la réalisation, l’intrigue policière en elle-même n’est pas riche en surprises, on le disait. Il y a malgré tout une bonne idée, avec cette apparente résolution de l’enquête dans le deuxième tiers de la saison, qui ne sert qu’à introduire une dernière partie plus ambitieuse. C’est une bonne idée et en même temps le spectateur habitué aux récits policiers s’attendra sûrement à cet ultime rebondissement. C’est un petit peu facile et la première création islandaise de Netflix aurait peut-être gagné à être plus subtile sur sa trame narrative générale. De la même manière, les multiples erreurs des policiers sont un petit peu répétitives1 et servent souvent à faire avancer l’intrigue de manière un petit peu simpliste.
Les meurtres de Valhalla n’est pas sans défauts donc, mais la série créée par Thordur Palsson est un feuilleton suffisamment prenant et bien mené pour qu’on la regarde jusqu’au bout. N’espérez pas découvrir un traitement novateur, c’est une enquête policière bien sage, ce qui n’est pas forcément un défaut après tout. On peut aussi très bien apprécier cette variation d’une histoire bien connue, sur le mode glacial de l’Islande.
Vous voulez m’aider ?
- Le prénom de l’inspectrice Kata a été particulièrement bien choisi… ↩