Midsommar, Ari Aster

Midsommar, le solstice d’été en suédois, raconte l’histoire de la chute aux enfers d’une poignée d’étudiants américains dans la campagne suédoise isolée. Le scénario de ce film d’horreur imagine une communauté reculée toujours régie par des traditions séculaires, alors qu’elle organise une fête qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans. Invités par un étudiant suédois en échange, Christian, Dani et les autres découvrent un paysage idyllique sans réaliser qu’ils tombent dans un piège mortel. Pensé initialement comme un massacre méthodique comme on en voit souvent dans le genre, le long-métrage réalisé par Ari Aster s’avère plus novateur que cela. Plus encore que sur l’horreur brute, plus aussi que sur le suspense, Midsommar excelle pour poser un malaise profond et persistant. Une manière originale de renouveler le genre.

Ari Aster suit les grandes phases de la majorité des films d’horreur et ouvre avec une présentation des victimes. Christian et Dani, un couple d’étudiants dont la relation bat sérieusement de l’aile, ainsi que leurs amis. Dans le lot, il y a Pelle, étudiant suédois qui leur propose de venir avec lui pour une sorte de fête en l’honneur du solstice d’été qui a lieu dans son village natal. Christian et Josh étant étudiants en anthropologie, ils sont naturellement intéressés et tout le groupe décolle pour la Suède, dans ce qui ressemble initialement à de charmantes vacances estivales. Sans trop attendre, Midsommar introduit toutefois des éléments pour vite casser cette bonne ambiance. Là encore, le cinéaste semble suivre le parcours traditionnel du genre, en augmentant tout doucement la tension vers un carnage attendu, mais c’est pour mieux jouer sur nos attentes. Non pas que son film évite toute violence, il y en a vers la fin comme prévu, mais son point fort n’est ni le gore, ni même le suspense. D’ailleurs, Ari Aster semble prendre un malin plaisir à casser tout suspense en montrant tout ce qui va se passer très vite, sur les frises et autres décorations à l’intérieur du village. Le vrai levier du projet, c’est bien plus le malaise constant que l’on ressent avec les personnages. Sans trop savoir pourquoi, on sent que rien ne va dans cette communauté et on oscille constamment entre les pires horreurs imaginables et le folklore bon enfant. Un des points forts du scénario est de ne jamais rien expliquer, ce qui laisse au spectateur le soin d’imaginer ce qui se passe et ce qui arrivera. Ajoutez à cela la performance impeccable de Florence Pugh dans le rôle de Dani et vous obtenez un cocktail intense et prenant jusqu’au bout.

Peut-être un peu trop long pour son propre bien, Midsommar souffre aussi parfois de personnages principaux un petit peu trop bêtas et passifs face à ce qui leur arrive. Néanmoins, la réalisation d’Ari Aster reste passionnante par ce malaise constant et croissant. Même si on peut deviner assez vite ce qui va se passer, le réalisateur a un style particulier pour l’amener, si bien que l’on s’éloigne des lieux communs de l’horreur. Sans trop en dire, le parcours du personnage de Dani est aussi nettement plus intéressant qu’escomptée et on apprécie l’humour noir dont le projet peut faire preuve par endroit. Pour toutes ces raisons et malgré ses quelques défauts, Midsommar mérite bien le détour.