Volontairement ou non, les longs-métrage d’animation de ces dernières années ont souvent créé des personnages secondaires qui ont pris plus d’importance que prévu. L’Âge de Glace avait Scrat, Madagascar son quatuor de pingouins, et Moi, moche et méchant avait les Minions, ces petites créatures jaunes si mignonnes. Ces personnages comiques n’avaient pas vocation à devenir des héros à part entière, et pourtant c’est ce qui arrive parfois. Quelques mois après le médiocre Les Pingouins de Madagascar, place aux Minions, dans un spin-off mené par Pierre Coffin et Kyle Balda. Oubliez Gru et les filles qui l’accompagnaient dans les deux volets de la saga, Les Minions se consacre exclusivement aux créatures jaunes. Autant dire qu’avec aussi peu de matière, on pouvait craindre le surplace, mais le résultat est une bonne surprise. Sans révolutionner le genre, le long-métrage offre un divertissement très convaincant, pour les plus jeunes et leurs accompagnateurs. Parfait en cette saison estivale !

C’est en 2010 que l’on a découvert les Minions, et ils n’étaient à l’époque qu’un ressort comique pour Moi, moche et méchant. Ils n’étaient pas censés être la star du film, mais ils ont en quelque sorte volé la vedette à Gru, le grand méchant du titre. Trois ans plus tard, rebelote : Moi, moche et méchant 2 accorde encore plus de place à ces personnages qui ne sont plus seulement stupides, mais qui bénéficient d’une personnalité propre désormais. Les Minions va au bout de la démarche en éliminant Gru et en faisant de ces anti-héros les héros d’un film complet. Une démarche d’autant plus complexe, que les Minions ne parlent pas, en tout cas pas dans notre langue. C’est Pierre Coffin, cinéaste français qui a créé cet univers, qui avait imaginé une langue pour ces créatures. Dans le premier volet, il avait enregistré lui-même une pseudo-langue qui mélange français, anglais, espagnol et quelques onomatopées. De quoi faire comprendre le message général, sans pour autant être familier avec la langue parlée par les Minions. Dans ce film d’animation, c’est encore lui qui fait toutes les voix des bestioles, un travail monstre qui paye : une bonne partie de l’humour du film provient de ce langage baragouiné, très amusant à déchiffrer. Il n’y a aucun sous-titre, c’est au spectateur de comprendre ce que disent les personnages et on comprend assez bien. Malgré tout, ce choix témoigne bien de la difficulté du projet : comment tenir une heure et demi avec des personnages aussi pauvres ?

Les Minions prouve que l’imagination très fertile des scénaristes suffit largement. Le film commence avec un générique qui présente la naissance des Minions, en même temps que les premières bactéries sur terre, puis leur quête du plus grand méchant. D’abord sous l’eau, puis sur terre, ces créatures atypiques n’ont qu’un objectif : servir le plus grand méchant de tous les temps. Ils sont ainsi d’abord au service d’un dinosaure, puis de l’homme des cavernes, des Pharaons, de Dracula, de Napoléon, etc.

Comme les deux films d’animations qui le précèdent, Les Minions n’est pas très original, mais ce n’est pas ce qu’on attend de lui, et ce n’est certainement pas son ambition. Plus modeste qu’un Pixar — et surtout que celui de cette année, l’excellent Vice Versa —, ce long-métrage n’en est pas moins très plaisant et il séduira toutes les générations. Pierre Coffin et Kyle Balda ont signé un excellent divertissement, parfait pour cet été.
- La bande-annonce dévoilait l’intégralité de cette quête du grand méchant… hélas. Mais au moins donne-t-elle une bonne idée de l’esprit du film. ↩