Adaptation d’un roman de Stephen King, Misery imagine qu’un écrivain est séquestré par la fan absolue qui venait de le sauver après un accident de voiture. Rob Reiner n’essaie pas d’offrir une lecture fondamentalement différente du roman original, comme Stanley Kubrick avait pu le faire dix ans auparavant avec Shining. Le cinéaste se contente de mettre en scène l’histoire intense d’un bout à l’autre comme le romancier sait si bien les raconter et cela fonctionne parfaitement. Porté par la performance spectaculaire de Kathy Bates, Misery est un thriller psychologique prenant qui n’a pas pris une ride. À (re)voir !
Alors qu’il vient de terminer son dernier roman, Paul Sheldon quitte l’hôtel reculé du Colorado où il a pris l’habitude d’écrire et subit une tempête de neige qui projette sa voiture dans le décor. Il serait mort peu après si, par chance, Annie Wilkes n’avait pas tout vu et vient le sauver. Cette infirmière qui vit seule dans sa ferme est aussi une fan absolue du romancier et surtout de la série de romans à l’eau de rose Misery qui a connu un succès fou. Face à la tempête qui gronde, elle décide logiquement de lui apporter les premiers soins, puis annonce à son célèbre hôte que les routes et lignes téléphoniques sont coupées et qu’il faudra faire preuve de patience. Rob Reiner prend son temps pour poser ses deux personnages principaux et surtout ne dévoile pas trop vite la vérité sur le personnage d’Annie Wilkes. Le roman de Stephen King est nettement plus direct sur ce point, mais l’adaptation privilégie une montée progressive du suspense. Dans un premier temps, l’infirmière agit comme il le faut, elle apporte les premiers soins nécessaires à son hôte et veille à son confort. Mais plus le temps passe et plus ses excuses pour justifier que Paul reste sur place perdent en crédibilité. Kathy Bates, alors largement inconnue du grand public, est l’actrice parfaite pour incarner ce personnage. Elle parvient à lui offrir toute la complexité psychologique nécessaire, pour ne pas révéler trop tôt ses faiblesses psychologiques et passer constamment de la douceur à la violence. Le succès de Misery lui doit beaucoup et l’Oscar n’a pas été volé : elle est bluffante à l’écran jusqu’à la dernière séquence et c’est bien elle que l’on retient en premier en pensant au film de Rob Reiner.
Misery n’est pas une œuvre complexe, mais c’est un thriller redoutable d’efficacité qui reste toujours aussi plaisant, plus de trente ans après sa sortie. L’histoire imaginée par Stephen King est très réussie, mais il fallait aussi trouver la bonne manière de la mettre en images et Rob Reiner s’en est remarquablement bien sorti. Ce n’est peut-être pas un chef d’œuvre, mais c’est un long-métrage solide qui mérite le détour.