Pour le troisième film de la saga, voire le quatrième si l’on compte le sympathique interlude consacré exclusivement aux Minions, le risque de redite était clairement élevé. Pierre Coffin et Kyle Balda s’en sortent assez bien en inventant Dru, un frère jumeau à l’opposé de Gru, et Moi, moche et méchant 3 reste ainsi fort sympathique et fun. Comme ses deux prédécesseurs, ce film d’animation taillé pour la famille ne cherche pas à réinventer quoi que ce soit, mais il a le bon sens de parier sur l’émotion autant que l’humour facile. C’est mignon et c’est drôle, c’est un divertissement très honnête.
Dans Moi, moche et méchant 2, Gru devenait un mari en plus d’être devenu un père dans le premier épisode. Avec Lucy, leurs trois petites filles, leur drôle de chien aux dents acérées et une armée de Minions, ils forment une étrange famille qui est en partie au cœur des enjeux de cette suite. La bonne idée de Pierre Coffin et de Kyle Balda est de montrer comment ces deux parents adoptifs s’adaptent et font ce qu’ils peuvent pour élever leurs filles. Lucy n’est absolument pas une mère naturelle, elle ne sait pas comment gérer le trio et se plante souvent. Cela n’est pas grand-chose, mais c’est trop rare de présenter ce genre de personnages dans un film d’animation familial. Il est aussi question de famille quand Gru découvre l’existence de Dru, son jumeau qui est l’inverse de lui, de ses vêtements blancs à sa chevelure blonde et généreuse, en passant par son inclination naturelle à la gentillesse. Rien d’original ici, mais les scénaristes de la saga ont prouvé à maintes reprises que ce n’était pas leur objectif, et c’est assumé. Sur ces bases solides se construit ainsi un film avec un grand méchant, cette fois un gamin devenu star dans une série des années 1980 et qui cherche à prendre sa revanche sur Hollywood qui l’a lâché lorsqu’il est devenu ado. Cette trame narrative n’est pas très importante, la victoire est évidente dès le départ et Moi, moche et méchant 3 se moque très vite de ce méchant bloqué dans le passé. La série de péripéties qui rassemblent les deux jumeaux contre ce vilain caricatural est assez banale et leur issue sans surprise, mais on s’amuse bien au passage. Et puis, les personnages secondaires sont les plus attachants dans cette suite. Les Minions, bien sûr, qui se retrouvent par un étonnant concours de circonstance en prison. Mais aussi et surtout les trois filles et notamment la plus petite, qui croit dur comme fer en l’existence des licornes. S’il y avait un regret à formuler d’ailleurs, c’est que l’affrontement entre le héros et son jumeau contre le grand méchant prend trop de place par rapport aux histoires de famille. On aurait aimé que le long-métrage accorde plus de place aux filles, et peut-être aussi évite au passage quelques clichés un peut faciles et même carrément racistes. La générosité est toutefois bien au rendez-vous, autre marque de fabrique de la saga depuis ses débuts, et elle compense ces faux pas.
Moi, moche et méchant 3 est une suite sans surprise, mais ce n’est pas un défaut pour autant. Ses concepteurs gardent toujours en vue ce qui a fait la réussite de la saga et tout particulièrement ce mélange entre l’humour et l’émotion qui fonctionne si bien. Pierre Coffin et Kyle Balda parviennent ainsi à conserver le bon niveau d’ensemble et on regarde leur film avec plaisir. Il sera probablement vite oublié, mais qu’importe, il a permis de passer un moment agréable.