I Am Mother, Grant Sputore

Le point de départ du premier long-métrage du réalisateur australien Grant Sputore ne surprendra aucun amateur de science-fiction. I Am Mother commence sur une dystopie post-apocalyptique extrêmement classique, où l’humanité a disparu et un bunker avec des dizaines de milliers d’embryons est le seul vestige qui pourrait la restaurer. Ce n’est pas très original et malheureusement, ce n’est pas la base d’un univers plus riche qu’il n’y paraît. Quand on a déjà vu et lu tant d’œuvres similaires, peut-on encore apprécier un de plus ? À chacun d’en juger, mais on peut noter que le film est assez bien ficelé et qu’il sait plutôt bien gérer son budget pour éviter les effets numériques ratés, trop courants dans le genre. On aurait apprécié une dose d’intelligence en plus dans le scénario, mais c’est un divertissement correct.

I Am Mother commence le jour de l’apocalypse, quand l’humanité a disparu ou en tout cas qu’elle a été sérieusement réduite par une catastrophe ou une autre. Au lieu d’essayer de maladroitement tout expliquer, Grant Sputore a le bon sens de plonger ses spectateurs dans son univers sans trop le justifier et de se limiter au bunker, où une petite fille est élevée par un robot nommé « Mère ». On ne sait pas ce qui s’est passé dans le détail, mais on comprend a minima que les embryons stockés dans ce bunker serviront à repeupler la Terre, un jour, quand elle sera de nouveau habitable. Avant cela, Mère s’entraîne pour parfaire son éducation et « Fille » est la première qui en bénéficie. Alors qu’elle atteint la vingtaine et qu’elle passe des examens finaux pour déterminer son niveau, une femme blessée se pointe devant la porte du bunker. La vie est censée être impossible dehors, mais cette découverte remet tout en cause pour la fille et sa mère robotisée. Tout ce dispositif est utile pour accommoder un budget que l’on imagine volontiers limité. Il n’y a que deux actrices, la jeune Clara Rugaard pour interpréter la fille et Hilary Swank qui joue la femme venue de l’extérieur. Rose Byrne a donné sa voix au robot, mais c’est tout, on ne voit jamais personne d’autre. C’est malin, tout comme l’idée de limiter les sorties hors du bunker et quand on sort enfin, on réalise vite que les décors virtuels sont assez moyens au regard de ce qui peut se faire aujourd’hui. Grant Sputore a conscience de ces limites et il s’en accommode très bien, avec un bunker qui joue un peu sur les clichés — les longs couloirs mal éclairés, un classique trop souvent revisité de la science-fiction —, certes, mais efficace malgré tout. Son robot maternel est bien rendu et la relation avec cette fille qui n’a connu que ça fonctionne très bien. Le souci, c’est qu’il n’y a que ça. I Am Mother est très simple, ce qui est souvent une qualité, mais laisse un petit peu sur la faim ici. Même le « twist » introduit sur le tard n’est pas une surprise si l’on est un minimum attentif1 et le scénario ne s’éloigne pas suffisamment des clichés du genre.

Avec une idée originale ou deux en plus, I Am Mother aurait pu davantage sortir du lot et mieux se distinguer. En l’état, ce n’est pas un mauvais film pourtant, mais c’est une variation pas très originale de thèmes de science-fiction vus déjà tant de fois qu’ils peinent à susciter un intérêt profond. Le long-métrage signé Grant Sputore n’est pas ennuyeux pour autant, il laisse un arrière-goût de déjà-vu tenace et passe à côté d’une idée vraiment originale.


  1. ⚠️ Spoiler alert ⚠️ : le film indique explicitement que la fille n’est pas la première, quand il décompte 13 687 jours après l’apocalypse avant de passer à l’intrigue principale. Le fait de compter en jour est une manière de masquer le message : cela fait 37 ans et demi, bien plus que l’âge du personnage principal. Par contre, c’est plus proche de l’âge de la femme du dehors, ce qui est une hypothèse plus intéressante, mais pas exploitée, bizarrement.