Remake d’un film sorti en 1960, Ocean’s Eleven est l’archétype parfait du film de casse. Son scénario est très simple : une bande s’organise pour voler le coffre, non pas d’un, mais de trois casinos de Las Vegas en même temps. On les voit d’abord se préparer, puis exécuter leur plan pour fuir avec les 160 millions de dollars que contient ce coffre. Steven Soderbergh ne cherche aucunement l’originalité, mais il déroule une formule éprouvée avec une maîtrise absolue. Et avec son impressionnant casting de stars, le cinéaste propose un divertissement de haute volée, qui n’a pas pris une ride et qui se regarde avec toujours autant de plaisir.
Danny Ocean vient à peine de sortir de prison où il a passé quatre ans pour un coup qui s’était mal terminé, il échafaude déjà son plan suivant. On le sent, c’est sa spécialité, il ne sait pas faire autre chose que voler et mentir, et on comprend sans peine qu’il excelle à ce job. Très vite, il retrouve Rusty, son acolyte de toujours, pour lui proposer le casse du siècle : s’attaquer, non seulement à un casino de Las Vegas, mais à trois casinos qui plus est. Ces monstres des jeux d’argent génèrent des sommes folles et ils sont équipés des coffres les plus sécurisés au monde, mais cela n’arrête pas le malfrat qui a, il faut le dire, un plan démoniaque pour y parvenir. Comme toujours dans ce genre de film, Ocean’s Eleven ne dévoile pas tout et Steven Soderbergh garde quelques surprises sous le coude jusqu’à la toute fin. Le spectateur découvre d’abord, comme les dix autres malandrins de la partie, à quel point ce sera difficile. Et progressivement, le scénario montre le plan, minute par minute, sauf le twist final que l’on attend avec impatience, mais que l’on ne veut pas connaître à l’avance non plus. On ne peut pas dire que le long-métrage cherche à faire dans l’originalité à tout prix, c’est un film de casse conventionnel et qui est fier de l’être. On peut dire en revanche que le réalisateur connaît son sujet sur le bout des doigts et que sa maîtrise fait plaisir à voir. Tout est extrêmement fluide et logique et l’intrigue se met en place avec une simplicité apparente qui est sans doute la chose la plus difficile à obtenir au cinéma.
Ce n’est pas très original, non, mais cela ne veut pas dire qu’Ocean’s Eleven est déplaisant à regarder. Bien au contraire, le film est un régal et il peut compter autant sur la réalisation fluide de Steven Soderbergh que sur le jeu de ses acteurs. Derrière la caméra, le cinéaste avance ses pions avec assurance et il déroule le plan des personnages, une étape après l’autre, par une série de plans qui s’enchaînent rapidement. C’est rythmé, la musique originale jazzy et très réussie de David Holmes est bien présente pour agrémenter le tout : bref, on suit la mise en place du plan avec bonheur et même si le spectateur a une idée d’ensemble avant même que le film ne commence, cela ne gâche aucunement le plaisir. Face à la caméra, Steven Soderbergh a réuni une belle brochette de stars : George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Andy Garcia, Julia Roberts… Leur talent est connu, mais on sent en outre ici leur plaisir de jouer ensemble. La bande de voleurs réunie par Ocean’s Eleven fonctionne en synergie, pas seulement pour les besoins du scénario, mais aussi sans doute sur le plateau, en tout cas c’est ce que l’on peut ressentir devant l’écran. Chaque personnage a son rôle bien à lui, comme toujours dans le genre, et leur participation est logique. On pourrait dire que c’est décevant, il n’en est rien, bien au contraire. Le film dans son ensemble paraît comme naturel, et les acteurs n’y sont pas pour rien.
Ocean’s Eleven est un film très simple au fond, même si les idées de Danny pour sortir ces millions du coffre révèlent quelques surprises sur la fin. Ce n’est pas une critique toutefois, au contraire même : une œuvre maîtrisée est souvent la clé de la réussite, et Steven Soderbergh prouve bien que c’est le cas avec son long-métrage. Bien des années après sa sortie, Ocean’s Eleven n’a pas perdu de sa superbe et il reste un divertissement accompli, extrêmement plaisant à voir et à revoir.