À ajouter dans la toujours plus grande catégorie des adaptations de comics, The Old Guard est un blockbuster d’action estival comme tant d’autres, à un ou deux détails près. Déjà, c’est Netflix qui a empoché les droits de diffusion, mais ce n’est plus vraiment une surprise à ce stade. Par contre, le ton du comics qui se retrouve dans ce long-métrage est plus original que la moyenne avec une belle place accordée aux femmes et à l’homosexualité. Une base prometteuse, pour un film signé Gina Prince-Bythewood qui aurait sans doute mérité mieux que le formatage de deux heures imposé par les salles obscures. The Old Guard prépare une saga, c’est très clair, mais ce divertissement estival qui assume son côté série B aurait sans doute mieux profité du traitement d’une série, plutôt que d’un long-métrage.
Les comics signés Greg Rucka et Leandro Fernández se construisaient autour de l’idée que quelques êtres sont immortels, ou pas loin. Ils ne peuvent pas mourir, puisque leurs blessures se réparent en quelques secondes et ils peuvent même revenir à la vie après avoir été tué. Le petit « twist », c’est qu’ils ont malgré tout une sorte de date d’expiration, puisqu’il arrive un moment où leurs blessures ne se guérissent plus et ils succombent, mais on ne peut pas prévoir quand. C’est toute l’astuce de The Old Guard : on ne sait rien, ou presque. Pourquoi ces hommes et femmes sont immortels ? Comment peuvent-ils réussir à vivre plusieurs siècles et même millénaires, avant de mourir sans crier gare ? Peut-être que ce premier film veut en garder sous la main pour la suite, mais l’absence d’informations est un point positif. Par ailleurs, ces superhéros ne sont pas des constructions humaines, accidentelles ou non, ce qui est le cas dans la plupart des comics. Quand le film commence, quatre immortels se retrouvent : Andy, « the boss » qui survient depuis l’Antiquité où elle était connue sous le nom d’Andromaque de Scythie, Booker et le couple Joe et Nicky qui se sont entre-tués à plusieurs reprises au temps des Croisades avant de tomber follement amoureux. À ce quatuor vient vite s’ajouter Nile, jeune marine tuée en Afghanistan et qui ressuscite après quelques minutes à la stupeur générale. Le groupe de héros est vite constitué, il faut un grand méchant évidemment et c’est le patron d’un grand groupe pharmaceutique qui veut exploiter ces êtres immortels pour trouver le remède contre la vieillesse. On le devine vite, l’intrigue n’est pas la plus originale qui soit et au-delà de l’univers lui-même, The Old Guard enchaîne les clichés du blockbuster estival. Il y a une scène d’actions à intervalle régulier, les grandes ficelles narratives sont en place pour faire évoluer les personnages et l’ensemble manque cruellement de profondeur et de subtilité. Sachant que Gina Prince-Bythewood insiste lourdement à la fin sur une suite, on se demande si Netflix n’aurait pas mieux fait d’opter directement pour une série. En offrant plus de temps à l’histoire, on aurait pu davantage souffler entre deux séquences d’action et offrir aux personnages une psychologie digne de ce nom au lieu de l’esquisse qui frôle la caricature par endroits. Si saga il y a, espérons que les épisodes suivants améliorent ce point, maintenant que l’univers est posé.
The Old Guard passerait sans doute à la trappe s’il n’y avait pas cette romance homosexuelle qui est d’ailleurs très bien traitée par Gina Prince-Bythewood. De manière plus générale, on sent bien que le comics original est plus progressiste que la moyenne et il n’y a pas de super-héroïne uniquement pour satisfaire un arc narratif romantique. C’est bien, mais c’est aussi dommage de ne pas en profiter pour sortir du format strict et un peu simpliste des blockbusters hollywoodiens. La fin ouverte laisse entrevoir une suite tout aussi classique, hélas, mais qui sait, The Old Guard saura peut-être nous surprendre…