On The Rocks, Sofia Coppola

Sofia Coppola retrouve Bill Murray dans On The Rocks, mais son dernier long-métrage n’est pas une redite de Lost in Translation. Même s’il y a un air de Scarlett Johansson dans Rashida Jones, les deux films séparés de seize ans n’ont quasiment rien en commun à dire vrai, sauf un style et deux métropoles en guise de troisième personnage. Tokyo cède la place à New York et cette nouvelle réalisation est surtout bien plus légère. C’est une histoire de famille assez banale, une aventure un peu bête pour une fille et son père. Rien de très mémorable, certes, mais on passe un moment agréable.

Laura commence à se sentir délaissée par son mari, Dean. Le couple vit à New York depuis quelques années, ils ont deux filles et lui mène une vie professionnelle très riche, quand elle a du mal à écrire son nouveau livre. Mais surtout, elle a l’impression qu’il ne l’aime plus autant, ou alors plus de la même manière et cela l’inquiète. Au point de suspecter une tromperie ? C’est en tout cas l’avis de Felix, son père qui a toujours été un coureur de jupons et qui pense que son beau-fils ne vaut pas mieux que lui. Commence alors un espionnage de plus en plus fou, mené par Felix et Laura. C’est le fil rouge d’On The Rocks, qui est à mi-chemin entre la réunion père-fille et le thriller sur un mode comique. Le père commence par se renseigner discrètement, puis il incite sa fille à regarder le téléphone de son mari, avant de la forcer quasiment à le suivre en filature. Tout cela n’est jamais très sérieux, comme en témoigne le choix d’une vieille voiture rouge pétaradante pour une filature dans les rues new-yorkaises ou encore celui de caviar pour s’occuper le temps d’une planque, mais Laura est de plus en plus persuadée que son mari la trompe avec une collègue de bureau. Drame familial d’un côté, réunion bien arrosée entre une fille et son père un petit peu fantastique. Bill Murray est impeccable comme toujours dans cette caricature de boomer qui enchaîne les remarques sexistes d’un autre âge, tout en s’amusant follement à suivre son beau-fils. Rashida Jones est très bien elle aussi, toute en insécurité et admiration pour son père, et le duo est sans faille. Sofia Coppola n’a aucun mal à filmer cette histoire et elle a le bon sens de la garder courte, mais on ne peut pas non plus dire que ce soit un récit particulièrement captivant. Si l’on suit les aventures du père et de sa fille sans désintérêt, il faut aussi reconnaître que c’est une petite histoire sympathique que l’on oubliera aussi vite qu’on l’a vue.

Ce n’est pas forcément un défaut, tous les films ne sont pas censés être révolutionnaires et inoubliables après tout. Sofia Coppola avait l’habitude de créer des œuvres plus profondes que cela, On The Rocks ressemble presque davantage à une pause légère. Le résultat, qui évoque par endroits Woody Allen, n’est pas déplaisant du tout et les amateurs de Bill Murray seront aux anges de retrouver l’acteur, égal à lui-même. Ceux qui espéraient un nouveau Sofia Coppola de la grande époque seront en revanche forcément un peu déçus.