Papa ou Maman, Martin Bourboulon

Papa ou Maman a tout ce qu’il faut pour faire peur. Comédie romantique autour d’un couple qui se déchire et qui mettent les enfants entre eux, on s’attend à un début un petit peu mordant, vite rattrapé par une réconciliation annonciatrice d’une fin conventionnelle sans intérêt. Pourtant, Martin Bourboulon réalise une comédie à l’humour noir non seulement marqué, mais aussi tenu. Jusqu’au bout, son long-métrage reste sur cette idée des deux parents qui se battent, non pas pour avoir la garde des enfants, mais au contraire pour ne pas l’avoir. Une idée gonflée et qui paye : portée par un duo d’excellents acteurs, la comédie fonctionne et Papa ou Maman reste sadique et plaisant jusqu’au bout.

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C’est au cours d’un diner avec des amis qu’elle annonce, en passant, qu’ils vont divorcer. Après quinze ans de vie commune, Florence et Vincent vont se séparer. Rien de grave, assurent-ils, ils se quittent en bons termes. Et les enfants ? Ils ont pris ça très bien ! Comment un tel miracle est-il possible ? Comme on pouvait s’en douter, c’est qu’il n’a pas eu lieu : on apprend vite que le couple n’a rien dit à leurs trois enfants, et on se doute bien que ça ne sera pas aussi simple. Papa ou Maman se construit entièrement sur ce couple, que l’on a découvert très complices quand, quinze ans auparavant et alors qu’ils étaient encore étudiants, ils se disputaient dans les couloirs de l’école — l’occasion d’un plan-séquence assez convaincant, même si l’on sent que la caméra devait passer très rapidement sur les acteurs pour qu’on ne voit pas leur âge. Pour construire un couple crédible, il fallait des acteurs à la hauteur et Martin Bourboulon ne pouvait pas se tromper avec Laurent Lafitte et Marina Foïs. Ils sont tous les deux totalement dans leurs personnages et on croit autant à leur histoire d’amour qu’à leurs batailles autour du divorce. Tous les autres personnages sont un petit peu laissés de côté et ils servent essentiellement de faire-valoir, mais le film parvient à rassembler un casting sans fausse note, c’est souvent encore trop rare dans le cinéma français. Les trois enfants sont exactement comme il faut, à la fois têtes à claque et gamins martyrisés par des parents qui semblent souvent plus immatures qu’eux. Papa ou Maman ne manque pas d’idées pour renouveler le combat des deux personnages principaux et on ne s’ennuie jamais, il n’y a aucune baisse de régime. C’est peut-être la plus grande surprise de ce film, qui ne ressemble jamais à l’archétype que l’on craignait : du début à la fin, les séquences s’enchaînent rapidement et le ton reste mordant. Si vous aimez l’humour noir, vous serez servi et il n’y a jamais le happy-end dégoulinant et facile que l’on pensait prévoir.

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Belle surprise que ce Papa ou Maman qui, sans révolutionner le genre, propose une relecture vraiment amusante d’un thème vieux comme le monde dans la comédie, à savoir le divorce. En renversant les attentes, en faisant de la non garde des enfants l’enjeu principal, Martin Bourboulon a trouvé un bon moyen de renouveler les clichés et d’offrir une lecture mordante et assez gonflée, il faut le dire, de la comédie traditionnelle. Marina Foïs et Laurent Lafitte s’en donnent à cœur joie, leurs enfants de cinéma — et leur pauvre animal de compagnie — s’en prennent plein la figure et on s’amuse bien, et ce jusqu’au bout. Ce n’est déjà pas si mal et un film qui fait la part belle à David Bowie pour sa bande originale ne peut pas être totalement mauvais…