PD, Olivier Lallart

Habitué des cours de récré, Olivier Lallart a noté que l’insulte « PD » était de plus en plus courante dans le milieu scolaire. C’est en réponse que le réalisateur a souhaité tourner PD, un court-métrage de 35 minutes qui traite de l’homophobie en milieu scolaire. En imaginant l’histoire d’un jeune lycéen de 17 ans qui découvre une attirance pour un camarade de classe, il met en avant l’homophobie ambiante de ce milieu, qui est aussi celle de notre société entière. Le thème n’est malheureusement pas aussi original qu’on le voudrait, mais le cinéaste en offre une version sincère et touchante. PD se veut pédagogique, mais sans oublier d’être cinématographique, avec une très belle mise en scène et un duo d’acteurs principaux excellents. À voir.

En trente-cinq minutes, on n’a pas le temps de créer des personnages aussi complexes que dans un long-métrage trois ou quatre fois plus long. PD prend toutefois le temps de créer des adolescents crédibles et les premières minutes nous immergent dans une fête de lycéens avec de l’alcool et des discussions entre mecs sur les nanas. D’emblée, on comprend que Thomas ne partage pas l’enthousiasme de ses deux amis, qui commentent l’attrait de telle ou telle fille dans la pièce. Il est davantage attiré par Esteban, qui est au contraire l’archétype du macho qui en fait des caisses sur sa virilité hétérosexuelle. Lors d’un « Action ou vérité », Thomas doit embrasser Esteban et leur baiser semble durer un petit peu trop longtemps, ce qui attise les rumeurs dans tout le lycée. Le lendemain, l’affaire est entendue, Thomas est un « PD » et tout le monde le regarde de travers. Olivier Lallart explique s’être inspiré de sa propre histoire pour créer celle de PD et on imagine sans peine que c’est aussi celle d’innombrables autres gays. Les deux personnages principaux se considèrent comme des hétérosexuels, Esteban plus ouvertement que Thomas, mais même ce dernier n’envisage pas initialement son homosexualité. C’est comme si ce n’était pas une option ouverte, comme s’il était impossible qu’il ne puisse pas aimer les filles. Cette nécessité de faire son propre coming-out avant de le dire aux autres est un thème récurent dans ce type d’histoire, mais il est bien mené ici, avec en point d’orgue l’intervention d’un professeur d’histoire. C’est le seul adulte que l’on voit dans tout le film, et son homosexualité le pousse à réagir quand il entend un garçon insulter un autre garçon de « PD ». Sa leçon d’histoire un petit peu simpliste apporte toutefois précisément ce qui manquait à Thomas : à la fois l’idée que cela pouvait être normal et l’ouverture sur la possibilité d’assumer. Paul Gomérieux l’interprète avec sensibilité et douceur et il est particulièrement excellent dans cette scène, où l’on voit son visage s’éclairer en écoutant les paroles du professeur. Gageons que le regard de multiples jeunes LGBTQ s’éclairera aussi en voyant cette scène et ce film…

PD filme l’homophobie ordinaire dans un lycée français moderne, triste reflet de notre société où l’hétérosexualité reste la norme absolue. Pour autant, Olivier Lallart ne signe pas une œuvre plombée, sans être aveuglément idyllique. Son message est plus subtil que cela, mais surtout teinté d’espoir, avec une très belle fin, où deux garçons de dix-sept ans assument leur amour et osent affronter le monde. Un joli message qui participe au succès du film, désormais diffusé gratuitement sur YouTube et qui approche des deux millions de vues. Ajoutez donc la vôtre, si ce n’est pas déjà fait.