Dans certaines sagas d’animation, il arrive qu’un personnage secondaire ait tellement de succès qu’il prenne son indépendance. C’était déjà le cas de Scrat, l’écureuil de L’Âge de Glace qui est passé du statut de blague marrante au début des films à un personnage essentiel, mais ce n’est pas la seule saga qui attise les convoitises des studios, loin de là. En attendant 2016 et Les Minions, long-métrage consacré exclusivement aux petits personnages jaunes de Moi, moche et méchant, voici Les Pingouins de Madagascar ! Le titre ne laisse aucune place au doute : les pingouins que l’on retrouvait dans chaque film de la saga Madagascar ont droit à un film entier. Ils étaient incontestablement très drôles dans les longs-métrages originaux, mais est-ce que le passage de la brève apparition au film complet s’en ressent ? Malheureusement, oui : Simon J. Smith et Eric Darnell enchaînent les gags et il faut reconnaître que certains fonctionne très bien, mais cela ne suffit pas à en faire un film mémorable…
On pouvait s’y attendre : Les Pingouins de Madagascar sont assez fidèles à la saga originale. Dreamworks ne se mouille pas trop en jouant sur une idée qui a fait ses preuves : on vise le public le plus large possible en proposant à la fois des séquences mignonnes et simples pour les enfants, et des clins d’œil et références en pagaille pour les parents qui les accompagnent. Les gags purement visuels sont ainsi ponctués de blagues au second, voire au troisième degré, avec un fort accent de parodie. Dans ce film qui met en scène quatre pingouins espions contre une pieuvre maléfique, on ne peut que penser à la saga James Bond et à l’organisation malfaisante du Spectre… toujours symbolisée par une pieuvre, cela tombe bien. L’espion 007 n’est jamais très loin, la présence à de multiples reprises d’un sous-marin n’a rien d’innocente, tandis que l’on pourrait aussi citer les jetpacks et autres gadgets. La référence est évidente, mais elle est loin d’être la seule, le film multiplie les jeux sur les clichés (les impôts français, les documentaires animaliers et bien d’autres encore) et nos attentes. C’est assez efficace et par moments, Les Pingouins de Madagascar s’avère vraiment drôle… mais malheureusement il retombe finalement dans le plus gros travers de ce genre de films. Commençant sur un ton impertinent bienvenu, le long-métrage retombe vite sur quelque chose de beaucoup plus consensuel avec une victoire attendue sans grand intérêt. Les enfants apprécieront probablement, les parents un peu moins : Simon J. Smith et Eric Darnell n’ont pas fait un choix très courageux sur ce point, ce qui rappelle bien que l’on a affaire avant tout à un projet financier. Les pingouins étaient très amusants quand on les voyait quelques minutes dans chaque film, ils sont malheureusement un peu moins convaincants quand ils sont sur le devant de la scène.
On voit bien ce que les producteurs ont cherché à faire avec Les Pingouins de Madagascar et il faut bien avouer que l’on n’est pas trompé. C’est un film familial qui essaie de convaincre les plus petits comme les adultes, mais c’est une formule que l’on a déjà beaucoup vue, trop peut-être. Le sentiment de redite ne quitte jamais totalement le long-métrage et la fin, beaucoup trop consensuelle, ne convainc pas en perdant de son mordant. C’est dommage, mais cela n’empêche pas les propriétaires de la licence de l’exploiter jusqu’au bout. Pour preuve, après les pingouins, ce seront les lémuriens de Madagascar qui auront les honneurs d’une série d’animation… en attendant un film ? Souhaitons plutôt qu’ils cherchent des idées neuves !