The Politician, Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan (Netflix)

Ryan Murphy est déjà de retour avec ses acolytes habituels, Brad Falchuk et Ian Brennan, pour une nouvelle série. Cette fois, c’est la politique qui l’intéresse, avec le portrait d’un jeune lycéen qui rêve de devenir président des États-Unis et qui attaque sa carrière tôt et fort. The Politician est à mi-chemin entre la satire politique et la série pour ados avec une pointe de comédie musicale au milieu, quelque part entre Glee et House of Cards. Un mélange étonnant et qui fonctionne plutôt bien, en tout cas pour une première saison courte et sympathique. La série portée par Netflix n’évite pas les clichés et facilités, mais elle est suffisamment prenante pour que l’on ait envie de voir la suite. Un divertissement plaisant.

Payton Hobart, fils adoptif d’une richissime famille de Californie, n’a qu’un seul but dans la vie : devenir président des États-Unis. Il est extrêmement ambitieux et prêt à tout pour accomplir ce rêve qu’il entretient depuis tout petit. Sa carrière est toute tracée, il a déjà son équipe de campagne, sa future première dame et son plan de carrière, qui commence par l’élection à la présidence des élèves de son lycée huppé. La première saison de The Politician suit la campagne assez folle menée par ces lycéens pour avoir le droit de siéger au conseil d’administration de leur école. Autant le dire d’emblée, tout ceci n’est absolument pas réaliste et Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan n’essaient même pas de le cacher. Tous les acteurs sont bien trop âgés pour incarner des lycéens, et cette campagne est bien trop énorme et sérieuse pour être celle d’un lycée. C’est un petit peu comme au théâtre, il faut accepter cette réalité tordue et se laisser prendre par l’humour noir de cette satire politique très convaincante. Payton est prêt à tout pour gagner ces élections et rien ne l’arrête, ni le suicide de son amant et opposant, ni l’exploitation d’une élève supposément cancéreuse, ni la destruction d’amitiés et de sa famille. Sa campagne exploite toutes les arcanes de la politique telles qu’on les connaît trop bien, c’est grossier à souhait et le candidat reprend toutes les ficelles sans honte. Ben Platt s’en donne à cœur joie dans ce rôle et il faut dire qu’il est pas mauvais en futur président déjà insupportable. The Politician n’est pas toujours très subtile et la série n’évite absolument pas les clichés, avec une tendance un peu lourde à tirer sur le côté lycée de riches américains, mais elle ne se prend pas non plus trop au sérieux et c’est ce qui la sauve. Les huit épisodes de la première saison se regardent bien, ils sont rythmés et plaisants. Est-ce que Ryan Murphy peut convertir cette première réussite honnête en vraie bonne série ? Difficile à dire pour le moment, mais le plan est de consacrer chaque saison à une campagne différente, et l’aperçu donné dans le dernier épisode laisse entrevoir une campagne loin du lycée, ce qui n’est pas plus mal.

À défaut d’être (encore ?) une grande série, The Politician est un divertissement agréable, qui n’essaie pas d’être plus que cela. On retrouve bien le ton coloré et pop que son créateur affectionne, avec même quelques séquences chantées ici ou là, mais aussi une belle ouverture aux sexualités et genres multiples. Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan ont posé les bases pour ce qui pourrait être plusieurs saisons convaincantes et peut-être même un petit peu plus sérieuses. Pour l’heure, la satire politique reste assez gentille, mais peut-être que The Politician deviendra plus mordante par la suite.


The Politician, saison 2

(26 juin 2020)

The Politician s’arrêtait sur la promesse d’une nouvelle campagne pour son personnage principal. Payton Hobart est tiré de sa dépression par ses amis qui l’incitent à se présenter dans une élection locale new-yorkaise, face à une politicienne qui a une longue carrière derrière elle et aucune opposition face à elle. Cette deuxième saison de sept épisodes seulement s’intéresse à cette campagne donc, toujours sur un mode mi-sérieux, mi-délire. Mais cette fois, Ryan Murphy Brad Falchuk et Ian Brennan ont décidé de régler leurs comptes et de parler politique pour de vrai. Sous des aspects de comédie pas toujours subtile, The Politician dresse un portrait au vitriol des baby-boomers et lance un plaidoyer flamboyant en faveur de la planète. Une saison réjouissante, à qui l’on pardonne volontiers quelques errements.

La campagne entre Dede Standish et Payton Hobart commence autour du métro mal entretenu par la candidate sortante, mais elle patine vite du côté du nouveau-venu. C’est presque par hasard qu’il tente alors une autre idée en invoquant la lutte contre le réchauffement climatique. Bingo, c’est un sujet d’actualité qui motive les jeunes et qui lui permet de gagner en crédibilité et popularité. The Politician n’oublie pas ainsi les combines de la politique et les créateurs de la série portée par Netflix ne perdent jamais de vue le cynisme et l’hypocrisie de leur personnage principal. Mais en même temps, cette cause prend le dessus, non pas seulement comme moyen politique de gagner, mais comme une véritable fin. Les scénaristes n’hésitent pas à enchaîner les épisodes très politisés et les messages écologistes se multiplient tout au long de la saison. On ne s’attendait pas à trouver un tel discours après une première saison aussi légère, mais c’est agréable de voir une œuvre de fiction à la hauteur des enjeux actuels et consciente de son urgence. Certains clichés sur l’écologie radicale sont un petit peu maladroits, mais ils ne suffisent pas à faire dérailler la saison, qui reste concentrée jusqu’au bout sur cette idée. C’est une agréable surprise, tout comme le discours féministe très militant, avec une belle réalité parallèle ou deux femmes pourraient être élues à la tête des États-Unis.

Après Hollywood, Ryan Murphy poursuit son exploration d’un idéal plein d’optimisme et d’espoir. C’est peut-être naïf, mais la vision de la politique déployée dans The Politician est jubilatoire. La série de Netflix gagne en sérieux avec cette deuxième saison, sans oublier le plaisir de personnages hauts en couleur, avec cette fois un superbe duo et deux actrices qui justifieraient à elles seules le détour. Espérons que The Politician ne se perdra pas dans les saisons suivantes, mais en attendant, ces épisodes font du bien.