Quelques jours à Vienne

Cette année, nous avons passé quelques jours à Vienne, autour du Nouvel An. L’occasion de découvrir une capitale européenne connue pour sa musique, ses pâtisseries et l’impératrice Sisi. Mais Vienne n’est pas que la valse ou les viennoiseries, c’est aussi une ville universitaire, en mouvement et très riche sur le plan culturel. Le nombre de musées concentrés ici est exceptionnel et ravira les amateurs. Il y a en fait de quoi faire, pour tous les goûts.

Petit tour d’horizon de Vienne en quatre parties : « Découvrir » qui propose un aperçu global et rapide de la ville ; « Visiter » qui décortique quelques lieux que l’on peut visiter à Vienne ; « Manger » qui se penche sur la question de la cuisine viennoise et enfin « Écouter » qui évoque essentiellement les festivités du Nouvel An dans la capitale Autrichienne.

Découvrir

Capitale de l’Autriche après avoir été la capitale des Habsbourg pendant plusieurs siècles, Vienne est une ville riche d’une longue histoire et donc riche en monuments et musées. Mais c’est aussi une ville jeune, dynamique et fêtarde. La danse est une institution ici : tous les jeunes apprennent la valse au cours de leur scolarité et il n’est pas anormal de voir un couple danser en plein milieu de la rue, certes dans la journée qui précède le Nouvel An. Nouvel An qui se fête dans les rues et non en famille ou entre amis, et à grands coups de vin chaud. On sait faire la fête en Autriche…

Vienne est une ville germanique, très grande et verte. On dit même que la capitale autrichienne est plus verte encore que Berlin. Néanmoins, l’essentiel de ce qui intéresse le touriste moyen se situe à l’intérieur du Ring, une ceinture de boulevards qui délimite le centre historique où se concentrent les monuments, les cafés viennois, les rues commerçantes… Les musées sont quant à eux tous rassemblés en bordure du Ring, dans et autour du bien nommé Museumsquartier. Au cœur du Ring, vous trouverez la cathédrale, le palais impérial du Hofburg, l’opéra… En dehors, il faudra quand même faire un saut à Schönbrunn qui est le palais impérial estival et une sorte de Versailles viennois qui vaut le détour.

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Cette partie centrale a des dimensions beaucoup plus humaines et peut se parcourir aisément à pied. Néanmoins, Vienne dispose d’un réseau de transports en commun très développé, pratique et peu coûteux (une carte hebdomadaire coûte moins de 15 euros) qu’il serait dommage de ne pas utiliser. Il est composé, « intra-ringos« , de cinq lignes de métro (U-Bahn) et d’un tas de lignes de tramway et de bus. La ville a conservé en partie ses vieux tramways qui datent certainement de l’après-guerre et qui sont beaucoup plus typiques que les tramways modernes, certes adaptés aux handicapés et plus confortables. Une bonne partie des lignes emprunte le Ring à un moment ou à un autre et c’est un bon moyen de le découvrir. Sinon, les calèches à touriste abondent : pas mal pour les photos, mais prévoir plusieurs couches en hiver et il faut apprécier l’odeur des chevaux (qui sont propres, ils ont une sorte de couche pour recueillir leurs excréments… la légendaire propreté germanique en somme).

La ville est effectivement agréable à visiter et les quartiers du centre ne dépayseront pas les Parisiens tant l’uniformité architecturale tendance Haussmann est aussi une caractéristique de Vienne, au moins à l’intérieur du Ring. La ville appelle la flânerie touristique, même s’il peut faire très froid en hiver. Heureusement, les marchés de Noël abondent dans la rue et avec eux, le fameux vin chaud qui se révèle vite indispensable pour qui veut survivre plus de quelques heures. La nuit tombe très tôt en hiver, dès quatre heures de l’après-midi le soleil décline et à cinq heures, il fait nuit. Un élément à ne pas perdre de vue si vous comptez visiter la capitale autrichienne en hiver.

Visiter

Liste des lieux évoqués :

Hofburg

Résidence d’hiver de la famille impériale avant d’être la résidence de la présidence de la République autrichienne, la Hofburg est en fait un énorme complexe d’une dizaine de bâtiments pour la modique somme de 18 ailes et plus de 2600 pièces. À titre de comparaison, Versailles ne compte « que » 2000 pièces environ… Autant dire que c’est un très grand palais construit sur plusieurs siècles et aux architectures variées.

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Crédit : stepman @ Flickr

De cet énorme ensemble, le touriste ne visite quasiment rien. Quelques pièces forment le musée de la Hofburg, divisé en trois parties. La visite commence ainsi par l’argenterie impériale, soit tous les plats ou couverts utilisés par la cour puis la présidence pour les repas officiels ou familiaux. Tout n’a pas été conservé, ne serait-ce que parce que les éléments en argent ou or massifs étaient très rapidement fondus. Mais la collection est impressionnante, et à mon avis c’est la partie la plus intéressante du musée. La vaisselle est un formidable conteur de l’histoire sociale, de l’étiquette de la cour autant de ce que l’on mangeait et de comment on le mangeait. Au-delà de la beauté esthétique de certaines pièces, on apprend énormément de choses d’un couvert au complet. Saviez-vous aussi que, longtemps, on disposait de son propre couvert personnel ? Ou que la serviette était toujours pliée de la même manière, uniquement en présence de l’empereur selon un pliage tenu secret ?

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D’autres photos de l’argenterie sont disponibles sur Flickr

Le reste du musée m’a semblé plus convenu, moins intéressant. Il y a une partie sur Sisi, l’impératrice de tous les fantasmes depuis sa mort tragique (et ridicule…) à coups de rasoir. Cette partie veut remettre les choses en place et faire la part entre réalité et fantasmes, avec quelques objets et beaucoup d’imagination (heureusement qu’il y a les audioguides). J’en retiens surtout un monde infernal, digne du RER aux heures de pointe. La dernière partie permet de visiter les appartements impériaux de l’époque de Sisi. Ça n’est pas inintéressant, mais je trouve que l’équivalent du Schönbruun est mieux fait.

Le palais de Schönbrunn

Le palais de Schönbrunn est le Versailles autrichien. Pavillon de chasse, puis résidence d’été de la famille impériale, c’est aujourd’hui l’un des sites touristiques les plus visités de Vienne. Contrairement à Versailles, le château a été habité jusqu’à la fin et on y trouve des aménagements du XXe siècle et notamment une salle de bain moderne construite pour Sissi (encore elle). Néanmoins, la majeure partie des pièces que l’on visite sont toujours dans le style d’origine, en fait un style rococo installé au XVIIIe siècle. La visite permet de parcourir les appartements de Sissi (business is business) et de son mari François-Joseph, mais aussi les salles richement aménagées au XVIIIe siècle. À l’intérieur, cela ressemble beaucoup… à un Versailles moderne. Le système de chauffage central avec des poêles chargés depuis des couloirs aménagés dans les murs est assez fascinant. L’audioguide est très bien fait, même si on est un peu tassés les uns sur les autres, inévitablement.

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Comme son modèle, le château de Schönbrunn est accompagné de grands jardins, aménagés à la française comme il se doit. Pour les amateurs, il y a également un zoo impérial (apparemment il n’est plus tout jeune). Les autres pourront se contenter d’une petite montée à la gloriette, joli bâtiment installé pile en face du château, mais sur une hauteur et qui offre une belle vue à la fois sur Schönbruun et sur tout Vienne. Apparemment, on peut même monter en haut de la gloriette, mais pas en hiver.

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Kaisergruft (Crypte des Capucins)

Chez les Habsburg, on aimait marquer sa puissance de génération en génération, tant vifs que morts. Et c’est pourquoi un énorme mausolée familial a été construit en plein cœur de Vienne, sous le couvent des Capucins. La première crypte date du XVIIe siècle, mais depuis l’ensemble a été étendu huit fois, la dernière extension ne datant que des années 1960 avec l’ouverture d’une chambre climatisée (même mort, on a droit au confort moderne) de près de 300 m2. Je ne sais pas ce qui est le plus impressionnant dans cette crypte, les horribles tombeaux dotés d’autant de crânes que de mauvais goût, ou les fleurs encore régulièrement déposées par des fans de la famille impériale. Ou bien que le dernier enterrement ne date que de 2008, pour le fils du dernier empereur. Avis aux membres de la famille impériale amateurs, il reste encore trois places !

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Ceci étant, cette crypte vaut la peine d’être vue, ne serait-ce qu’en guise de témoignage de la puissance et la richesse de la famille impériale. Les goûts et les couleurs ne s’expliquent pas, donc les amateurs d’ambiance gothique tendance rococo y trouveront sûrement leur compte. Et puis quand même, c’est là que repose pour toujours Sisi !

Kunsthistorisches Museum (Musée des Beaux-Arts)

Le Louvre viennois, toutes proportions gardées bien sûr. C’est l’un des premiers musées tels qu’on les connaît aujourd’hui et il a été construit spécifiquement en tant que musée, pour abriter la grande collection des Habsbourgs. On y trouve une grande collection de tableaux de peintres flamands, allemands ou italiens de la Renaissance, dont certains chefs-d’œuvre de Bruegel l’Ancien ou les fameux portraits d’Arcimboldo. Mais ce musée est vraiment très riche, il contient aussi plusieurs tableaux de Raphaël, Caravage, Titien, Rubens, Velasquez, et des dizaines d’autres encore. Autant le dire, on ne sait plus trop où donner de la tête et se limiter à une des deux ailes du musée (l’une est consacrée aux Flamands et Allemands, l’autre aux Italiens, Espagnols et Français) n’est pas une mauvaise idée si l’on souhaite prendre son temps.

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Si la peinture du premier étage est sans nul doute la partie la plus intéressante, le musée contient aussi au rez-de-chaussée une collection respectable de pièces antiques, surtout grecques et égyptiennes. Outre les traditionnels vases et bijoux, on trouvera aussi quelques très belles momies, et pas seulement des momies humaines. L’escalier principal et la coupole centrale valent aussi le coup d’œil, dans le genre majestueux c’est pas mal…

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Le palais de la Secession

Ce bâtiment ne fait pas référence à une guerre civile, mais plutôt à la Sécession viennoise, courant d’art nouveau viennois du tournant du XXe siècle. Le bâtiment ne devait au départ servir qu’à héberger une exposition, mais il est resté et fut reconstruit après une destruction presque totale pendant la Seconde Guerre mondiale. Il sert aujourd’hui de musée d’art moderne, qui ne vaut la peine d’être visité que pour la frise de Klimt inspirée par Beethoven et en particulier sa Neuvième Symphonie. Une frise complexe (le papier explicatif proposé est utile), mais très belle et fascinante.

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Cliquez l’image pour une version détaillée – Source

Le reste est… euh de l’art contemporain sûrement très intelligent, mais euh… pas très compréhensible disons. Vous aurez donc des jolies constructions en carton façon cadeau de fête des mères (oui, mais là, voyez, c’est de l’art), un drapeau fait d’un bâton et d’un sac-poubelle, ou encore de la poudre rouge et noire jetée vaguement sur une plaque de métal. Oh, et une tortue sur un tapis. Et des parapluies posés à l’envers dans une grande salle. Bref…

Haus der Musik et la maison de Mozart

Vienne est une ville riche sur le plan de la musique, et les musées ne manquent pas. Nous en avons visité deux, d’une part la maison qu’a occupée Mozart pendant quelques années, et d’autre part le musée de la musique ou Haus der Musik. Des deux, le premier est assez banal alors que le second est beaucoup plus intéressant.

La maison de Mozart est un musée installé dans l’immeuble où la famille Mozart vécut pendant quelques années. Quelques années seulement, puisque le compositeur a pas mal bougé. C’est dans cet appartement en tout cas qu’il aurait composé la majeure partie de ses dernières œuvres, au premier rang desquelles Les noces de Figaro ou encore La Flute enchantée. La visite se déroule dans l’appartement et sur les deux étages au-dessus. On a droit à une présentation générale de Vienne à l’époque, puis de la musique viennoise de l’époque. Le dernier étage, concernant l’appartement du compositeur, n’a absolument aucun intérêt, puisque l’on ne sait rien, et que savoir si telle pièce servait de chambre à coucher pour le petit dernier, ou de salle de travail de Mozart n’a strictement aucun intérêt. Par contre, on aimerait tant en savoir plus sur la musique, sa composition, des explications plus techniques. Résultat, si l’audioguide n’est pas mal fait et intéressant, la visite ne se justifie pas vraiment…

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© Mozarthaus Vienna – David Peters

Elle se justifie d’autant moins que les informations les plus intéressantes sont aussi proposées par la maison de la musique. La visite se déroule là encore sur quatre niveaux. On attaque par une partie sur l’orchestre philharmonique de Vienne, avec divers objets ayant appartenu à de grands chefs. Je retiens surtout le fameux concert du Nouvel-An qui y est diffusé, on en reparlera plus bas. On poursuit par un étage plein de sons bizarres qui permettent de découvrir ce qu’est le son et de jouer avec le son en utilisant des systèmes informatisés et notre voix. C’est intéressant et souvent assez amusant, suffisamment pour qu’on ait envie d’en savoir plus. On peut même enregistrer un CD plein de sons étranges et bidouillés. L’étage supérieur est historique et retrace la vie de quelques compositeurs viennois importants. C’est globalement très intéressant, les informations données par l’audioguide sont claires et riches. Le dernier étage est plus expérimental et m’a laissé assez indifférent, mais de toute façon on avait déjà passé une après-midi entière dans le musée. Si vous avez du temps, c’est à ne pas manquer.

Karlskirche

Surmontant la Karlsplatz, au Sud du Ring, la Karlskirche est une église baroque dotée d’une très belle coupole ovale. L’Église ne manquant jamais d’idée quand il s’agit de gagner de l’argent, cette église autrichienne a eu l’idée curieuse d’installer une plateforme au niveau de la coupole, un ascenseur pour y monter, et un escalier pour monter dans la cloche de verre qui la surmonte. Tout cela fait une belle hauteur et bêtement je me suis laissé entraîner. Mes jambes se souviennent encore avec émotion de cette plateforme à une belle hauteur du sol et qui, n’étant tenue que par quelques échafaudages, bougeait beaucoup. Avis aux âmes sensibles au vertige, on ne monte pas dans l’ascenseur ! De toute façon, il paraît que la vue est décevante…

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© mon pôpa

Hundertwasserhaus

La Hundertwasserhaus est un immeuble créé dans les années 1980 par Friedensreich Hundertwasser qui devient ici une sorte de Gaudi viennois. Cet artiste a reçu de la ville l’autorisation de faire ce qu’il voulait d’un paté de maison, y compris de la rue qui passait devant. C’est ainsi tout l’espace public qui s’est transformé en œuvre d’art, y compris les rues et trottoirs puisque Hundertwasser détestait apparemment toutes les droites. Rien n’est régulier ici, la route comme les murs sont dès lors bossus. C’est vraiment original, mais on regrette que les habitants (oui, car ce haut lieu touristique est encore habité de gens normaux… je ne vous dis pas le bazar que ça doit être) n’entretiennent pas mieux la création originale : une trentaine d’années après, les murs ont perdu de la couleur et l’ensemble est désormais bien tristounet.

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Manger

L’Autriche n’est pas connue pour ses qualités culinaires, et après quelques expérimentations, cela se confirme, la cuisine autrichienne n’est vraiment pas extraordinaire. C’est d’abord une cuisine lourde, à base de crème, de farine et toute autre matière un peu grasse. Inutile d’espérer faire un régime en Autriche, ça n’est pas l’endroit du tout.

Nous avons essayé une bonne partie des plats traditionnels, c’est-à-dire les plats qui sont proposés par tous les restaurants. Les escalopes viennoises bien sûr, ou Wiener Snitzels, qui sont des escalopes de veau ou porc panées (Schnitzels étant en fait un terme générique désignant tout ce qui, de près ou de loin, est pané). C’est strictement la même chose qu’une escalope viennoise, quand c’est bien fait ça peut être bon, mais ça reste très simple. Le Schweinebraten est une sorte de choucroute avec seulement un morceau de porc et du chou, le tout dans une sauce relevée de baies. Faute de pommes de terre, on trouve un Knödel qui est une boule d’un féculent, dans notre cas de la mie de pain, mais il peut s’agir de patates. C’est étonnant, apparemment ça peut être bon néanmoins.

La seule entrée que les Autrichiens semblent connaître, c’est une soupe agrémentée de tranches de crêpes ou de quenelles de semoule. En fait de soupe, il s’agit d’un bouillon façon cube à l’intérêt limité. Bon, on a essayé parce que c’est traditionnel (et que c’était dans tous les menus), mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Apparemment de toute façon, les Autrichiens ne commandent en général qu’un seul plat et préfèrent prendre un dessert après, dans l’après-midi.

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Cela tombe bien, Vienne est connue pour ses cafés qui y seraient d’ailleurs nés, si l’on en croit la légende. Ils sont en tout cas effectivement très nombreux et ont conservé leur charme d’antant même s’ils sont désormais concurrencés directement par les sempiternels Starbucks Coffe. En cette saison, on y boit du café ou du chocolat chaud tout en dégustant une part d’un des innombrables gâteaux que l’Autriche propose. Outre les classiques, telles l’Apfelstrudel (pomme cannelle dans de la pâte brisée, aussi simple qu’efficace) ou la Sachertorte (gâteau au chocolat tout simple, glacé avec du chocolat et fourré avec de la confiture), on trouve aussi des inventions plus ou moins étonnantes, comme ces spaghettis de crème de marrons dégustés dans la cour du Hofburg. À chaque fois, la crème est omniprésente, et on se lasse très vite de ses desserts pourtant pas mauvais. Parmi les desserts traditionnels, évoquons le Germknödel : en gros, il s’agit d’une crêpe à la confiture accompagnée de graines de pavot écrasées. Sur le papier, c’est sympathique, mais notre essai n’a vraiment pas été concluant : au milieu, il y avait surtout du pavot et un peu de confiture, d’où le sentiment étrange de manger une crêpe à la farine…

Tous les cafés proposent plus ou moins les mêmes choses… sur le papier. Dans les faits, on s’en doute, les gâteaux et boissons diffèrent énormément selon les enseignes. On trouve ainsi de tout, des cafés classiques aux boissons faites à la machine jusqu’aux cafés les plus classes — où l’on peut, d’ailleurs, se faire rejeter parce que l’on est avec des enfants et sans costards (soi-disant que le café était plein) — aux boissons et gâteaux bien meilleurs. À noter que si le café Demel est le plus connu (c’est celui qui fournissait la famille impériale), c’est aussi le plus couru aujourd’hui. C’est bien simple, nous n’avons même pas pu entrer au-delà du pas de la porte !

Écouter

Qui dit Vienne, dit musique. On pense bien sûr à la célèbre valse (1, 2, 3 ; 1, 2, 3) de Strauss et co., mais aussi à Mozart qui vécut à Vienne de nombreuses années et y composa quelques-unes de ses plus célèbres œuvres (Les noces de Figaro, Don Giovani, La flute enchantée, le Requiem…). Plus largement, les Viennois semblent avoir la musique dans la peau : ils chantent, ils dansent dans les bals ou dans la rue sans complexe (l’alcool aidant néanmoins, sans nul doute).

La musique est une vraie institution, et aussi l’attraction touristique par excellence, peut-être même avant Sisi. Dans tous les lieux touristiques, on trouve les mêmes vendeurs en costumes censés évoquer l’opéra, et qui cherchent à nous vendre des tickets pour n’importe quel concert. La ville en compte certainement plusieurs dizaines par soir, il y a l’embarras du choix même si c’est rarement du Schönberg et bien plus souvent des valses de Strauss ou du Mozart. Les entendre baragouiner une sorte de français mêlé d’allemand et d’anglais amuse quelques instants, mais ils deviennent vite agaçants. On sent quand même la musique business où le nom de Vienne seul suffit à faire venir tous les touristes de passage… C’est malgré tout la première fois que je vois un tourisme musical aussi développé, jusque dans les toilettes publiques, à l’intérieur d’une station de métro, qui diffusent le Danube bleu à fond (c’est, paraît-il, leur seul et unique intérêt).

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Vienne, tous les 31 décembre, se transforme pour devenir une ville entièrement en fête, une sorte de gigantesque boite de nuit pleine de fêtards très vite avinés, comme il se doit. Je crois que l’on peut dire qu’il s’agit de notre fête de la musique à nous, mais en plus fort encore. Le concept est le même : toute la nuit — rappelons que la nuit commence tôt à Vienne en cette saison —, des groupes se succèdent sur les scènes installées un peu partout dans la ville. Et toute la nuit, on danse, on change et on boit du vin chaud en attendant la nouvelle année, puis pour célébrer la nouvelle année. Alors qu’en France, on a plutôt l’habitude de célébrer le Nouvel An entre amis ou en famille, en tout cas en petits comités, tous les Viennois sortent fêter ça ensemble.

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Le monde est vraiment impressionnant, tout comme les moyens mis en œuvre pour cette nuit un peu particulière. Différentes scènes sont installées, pour autant de couleurs musicales. Il y a de tout, du métal qui tache à l’orchestre pour valser (avec de vrais-faux airs d’orchestre André Rieu), en passant par divers groupes de rocks plus ou moins locaux. Le plus courant était en fait les cover bands de groupes connus, avec notamment un très bon ABBA-like, avec costumes d’époque, playback, chorégraphies et tout et tout ! L’ambiance était fort sympathique, tout le monde hurlant (faux, bien entendu) ou dansant avec le groupe. Et la performance sur scène n’était pas si mauvaise que cela, en moyenne. Bref, bonne ambiance, simplement un peu alourdie par tous ceux qui avaient commencé à boire tôt, et beaucoup.

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© mon pôpa

La musique à Vienne, c’est aussi l’opéra, mais ça, j’ai déjà eu l’occasion d’en parler dans un autre billet.

Toutes les photos sont de moi et ont été prises avec mon iPhone, sauf mention contraire.