Rain Man, Barry Levinson

Film culte, Rain Man est aussi l’une des premières œuvres au cinéma à évoquer aussi frontalement le problème de l’autisme. Et même si l’interprétation de Dustin Hoffman a été critiquée pour son manque de réalisme, elle reste un grand moment de cinéma et ce rôle reste l’un des plus intenses que l’on puisse voir. C’est là toute la réussite du projet, le long-métrage de Barry Levinson étant par ailleurs assez conventionnel, avec une histoire qui se déroule de façon très logique, sans faire d’étincelles. Mais avec ce duo de personnages, entre Charlie et son frère Raymond, Rain Man vise juste et le film mérite tout à fait son statut pour ces deux hommes et pour leur relation décrite avec beaucoup de justesse. Ce n’est probablement pas un chef d’œuvre du Septième art, mais un drame solide qui se (re)découvre avec toujours autant de plaisir : un classique.

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Charlie Babbitt est un peu la caricature parfaite de l’homme d’affaire pressé des années 1980. Pourtant, cet importateur de luxueuses voitures italiennes ne semble pas très doué en affaires ; en tout cas, Rain Man commence avec une séquence qui montre ses difficultés, entre créanciers impatients et clients tout aussi pressés. C’est pourquoi la nouvelle de la mort de son père avec qui il a rompu tout contact le réjouit : il espère hériter des millions de dollars qui sont censés lui revenir, lui qui est fils unique. Le scénario porté à l’écran par Barry Levinson ne se passe pas exactement comme ça : son héritage ne prévoit que des bricoles et Charlie découvre qu’il a toujours eu un frère, Raymond, mais qui était resté un secret de famille en raison de son autisme. L’intrigue principale se met en place quand il kidnappe son frère de son institution pour faire pression sur le directeur de l’établissement qui a la responsabilité de la fortune héritée par son patient. Parmi ses qualités indéniables, Rain Man excelle à suivre la relation des deux hommes précisément et il montre bien comment, en passant une semaine ensemble, les frères apprennent à se connaître. Le malade est d’abord aussi craintif que Charlie est condescendant, voire dédaigneux. Mais petit à petit, ils se rapprochent et finissent même, presque, par s’apprécier. Le récit reste ainsi très simple, linéaire, mais ce n’est pas un défaut. Bien au contraire, en choisissant une approche aussi minimaliste, Barry Levinson peut prendre son temps pour poser les personnages au mieux et ce choix permet à son film de rester en mémoire. On comprend sans peine pourquoi l’œuvre reste aussi connue, toutes ces années après : qu’importe si la représentation de l’autisme est un petit peu exagérée, on retient surtout deux personnages touchants. Dustin Hoffman est impressionnant dans le rôle de Raymond, son interprétation pleine de tics est complexe et pourtant totalement cohérente. Face à lui, Tom Cruise se débrouille aussi très bien et il apporte la crédibilité nécessaire à son personnage qui change du tout au tout pendant le film.

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Pari gagné pour Rain Man : on est pris par cette histoire touchante et crédible et les deux acteurs principaux sont parfaits pour leurs rôles, tout simplement. C’est un vrai plaisir de les voir, dans deux registres opposés, mais avec toujours ce qu’il faut pour être crédibles. Une belle performance, pour un résultat simple et brillant à la fois. Un long-métrage ne devient pas un classique sans raison, Barry Levinson le prouve encore une fois avec Rain Man.