L’histoire d’un rat qui se rêve chef cuisinier et qui parvient à atteindre son rêve dans les cuisines du plus grand restaurant parisien. Il n’y avait que Pixar pour imaginer une telle histoire et la rendre (très) vaguement crédible. Ratatouille se construit sur une idée assez invraisemblable, pour un huitième film d’animation aussi spectaculaire que drôle et touchant. Une vraie réussite qui résiste bien face au poids des années et qui se regarde avec toujours autant de plaisir.
Rémy vit avec toute sa colonie de rats dans le grenier d’une vieille femme, mais il n’arrive pas à se contenter des déchets que toute sa famille utilise pour se nourrir. Doté d’un odorat et d’un palais sur-développés, il rêve de produits frais et de cuisine, de grande cuisine même qu’il découvre en regardant les émissions du chef Gusteau sur la télévision de la mamie. Son envie de sortir du vol de déchets pour créer quelque chose conduit la propriétaire à déloger la colonie qui doit fuir précipitamment. Le héros de Ratatouille se perd alors dans les égouts et se retrouve à Paris, juste sous le restaurant de Gusteau. Par une incroyable suite de péripéties, il finit par se retrouver sous la toque de l’un des commis, à créer des plats tout aussi incroyables qui font la renommée dans tout Paris. Cette trame narrative est très originale et à l’image du meilleur de ce que le studio d’animation a pu offrir. Comment penser qu’un rat, animal détesté surtout dans les cuisines des grands restaurants, pourrait créer des plats adorés par les plus fins gourmets ? Rien que le processus créatif derrière cette idée est fascinant et voir comment le long-métrage la déploie pendant près de deux heures procure une grande partie du plaisir. On comprend pourquoi Brad Bird a été intéressé par cette histoire imaginée par Jan Pinkava : c’est un défi immense que de la raconter sans perdre les spectateurs et Ratatouille y parvient pleinement.
Par rapport au premier brouillon, le récit a été un petit peu simplifié et Pixar opte pour un traitement plus simple et plus comique, probablement pour attirer un public plus large. Les interactions entre le rat et Alfredo sont particulièrement drôles et bien pensées, il faut le reconnaître, et Brad Bird évite de tomber dans l’humour pour les enfants un peu facile de la maison-mère Disney. Les personnages sont pourtant assez caricaturaux, entre l’empoté Alfredo, le petit nerveux Skinner ou encore le grand vautour qu’est Anton Ego. Ratatouille opte pour des traits assez simples pour ses personnages humains, et concentre par contre tous ses efforts techniques pour reproduire les rats de manière fidèle, quoi que légèrement anthropomorphique. La bonne idée du film, c’est justement de garder un traitement relativement réaliste pour les rats. On sent que les animateurs du studio ont passé du temps à observer les animaux, pour apprendre leurs habitudes et leurs mouvements et recréer une colonie crédible. On note aussi que les rats parlent entre eux, les humains aussi, mais il n’y a jamais d’interactions verbales entre les deux. Ratatouille n’est absolument pas un documentaire pour autant, cela va de soi, mais cette logique interne est toujours respectée et elle contribue au succès de l’ensemble. Tout comme le Paris de carte postale reconstituée par l’équipe. On sent évidemment l’influence de l’image qu’a la capitale française aux États-Unis et le film a largement contribué à la renforcer d’ailleurs. Tout est kitsch et cliché dans cette vision romantique de la ville, avec une ambiance sortie tout droit des années 1970 (malgré de multiples anachronismes), les rues sont pleines de DS et de 2CV et tous les appartements, même les plus miteux, ont une vue sur la Tour Eiffel. C’est cliché au possible, mais au fond c’est un arrière-plan que l’on oublie vite au profit de l’histoire.
Ratatouille est une franche réussite, non pas parce que le film impressionne sur le plan technique, même si les progrès réalisés à chaque nouveau long-métrage par Pixar étaient alors fulgurants, mais bien pour son histoire. Ce rat qui rêve de devenir un chef cuisinier dans un restaurant gastronomique est une idée totalement folle, mais qui est portée par le studio d’animation jusqu’au bout et qui s’avère être la clé du succès pour le long-métrage. On s’amuse, on est ému et on retient l’histoire de ce petit animal qui a tout fait pour accomplir son rêve : un classique.