Raya et le Dernier Dragon, Don Hall et Carlos López Estrada

Avec Raya et le Dernier Dragon, Disney maintient ses recettes de toujours, mais en essayant de leur injecter une bonne dose de modernité. Il est toujours question d’une princesse dans un univers fantastique menacé par un grave danger, mais le contexte n’est plus le même. Au lieu de piocher dans le catalogue de contes européens, le studio imagine une histoire originale inspirée par les mythes de l’Asie du Sud-Est. Et sa princesse ne cherche pas de prince charmant et elle n’a certainement pas besoin d’être sauvée, c’est une vraie héroïne indépendante. Ajoutez à cela une bonne dose de conscience écologique, et vous obtenez un classique modernisé, pas inoubliable, mais fort sympathique.

Dans les grandes lignes, ce nouveau « classique d’animation » sorti des studios Disney ressemble à de multiples autres. Il est question de quête et de voyage personnel, d’amitié et de rencontres étonnantes, il y a des animaux mignons et des personnages rigolos, des méchants et des gentils, une fin joyeuse… et même une princesse ! Pour autant, Raya et le Dernier Dragon parvient à tracer sa propre voie sur ces schémas qui ont fait leur preuve. L’élément clé, c’est bien sûr l’environnement et la culture qui s’éloigne du contexte européen ou nord-américain pour plonger dans l’Asie du Sud-Est. Ce n’est pas la première fois que Disney va chercher du côté de cultures nouvelles, mais c’est encore suffisamment rare pour le noter. Et puis, signe des temps, la princesse n’est pas là pour être sauvée et il n’y a aucun prince dans cette histoire. La véritable héroïne est bel et bien Raya, pas même le dragon qui ne parvient pas à lui piquer ce rôle, et cette héroïne est une guerrière qui veut sauver son monde et n’a pas peur de se mouiller pour cela. On apprécie aussi le casting presque exclusivement féminin, y compris dans les personnages secondaires. Dommage que Disney n’ose pas franchir un pas supplémentaire en introduisant plus qu’une amitié entre Raya et Namaari, l’homosexualité reste un sujet tabou. Malgré tout, on peut reconnaître le traitement plutôt moderne de l’histoire et même les allusions à l’action destructrice des hommes sur leur environnement. Certes, le film n’aborde pas frontalement la question du réchauffement climatique, on est dans un monde imaginaire peuplé de dragons après tout, mais l’écologie est quand même au cœur des enjeux. Ces touches modernes ne viennent pas perturber un scénario par ailleurs sur des rails, jusqu’au final attendu, mais il faut saluer le travail mené sur le fond comme la forme. L’histoire avance bien et elle est bien déployée dans un écrin numérique de toute beauté. L’animation vive convient parfaitement aux multiples scènes d’action et aux mouvements des dragons, c’est très joli et bien mis en scène.

Peut-on avoir trop de princesses modernisées chez Disney ? En tout cas, Raya et le Dernier Dragon est un bon exemple d’une base très conventionnelle suffisamment retouchée pour ne pas être entièrement dépassée. On aurait pu exiger une histoire plus originale, mais celle-ci remplit son rôle et offre aux jeunes générations des héros plus en phase avec notre époque. Mission réussie sur ce point et le classique Disney 2021 est un divertissement plaisant.