Shazam! est le septième film de l’univers cinématographique DC et il participe à ce titre à un univers plus large qui le dépasse. Néanmoins, le long-métrage réalisé par David F. Sandberg est résolument à part et vous n’avez pas besoin d’avoir vu les six précédents pour suivre ce qui se passe ici. L’histoire racontée ici n’entretient que peu de liens avec les autres scénarios, à tel point que l’on pourrait plus parler de clins d’œil. Et surtout, le ton n’a rien à voir : beaucoup plus léger, Shazam! fait le pari du second degré et ce grand spectacle qui ne se prend jamais trop au sérieux est très plaisant. Un divertissement fort sympathique.
C’est la première fois que l’on découvre un super-héros dans cette saga et Shazam! a la lourde tâche de faire les présentations. C’est un classique des adaptations de comics et il y a des dizaines de manière de faire, David F. Sandberg choisit de prendre son temps. Une longue introduction présente les personnages principaux, avec une confusion initiale assez bien trouvée sur les rôles. On pense que le petit garçon qui se retrouve dans un accident de voiture dans les années 1970 sera notre super-héros, mais ce n’est pas tout à fait cela, et l’orphelin fugueur de l’époque moderne a un rôle bien différent de celui que l’on pouvait attendre. Cette inversion est assez bien vue et le scénario joue constamment sur les décalages, souvent pour des raisons comiques. Décalages entre le sérieux complètement kitsch de la grotte aux septs pêchés capitaux et la réaction du héros, entre le super-vilain qui veut dominer le monde, naturellement, et le super-héros qui cherche surtout à retrouver sa mère. Et souvent aussi, entre les attentes des spectateurs, rompus à l’exercice de la présentation du super-héros, et une réalité beaucoup plus simple et ridicule.
Ce n’est pas très original, mais Shazam! sait exploiter son point fort et ne jamais tomber dans le premier degré, ce qui ferait énormément de mal au projet. On le frôle parfois, avec un Mark Strong qui campe un méchant peut-être un poil trop sérieux par endroit, ou encore avec une sorte de retour des Power Rangers sur la fin. Mais dans ce premier film, on reste toujours à la bordure et il y a toujours un élément pour éviter un récit trop sérieux et pourtant kitsch à la manière d’un Aquaman. On sait déjà qu’un Shazam 2 est prévu et on voit mal comment il pourrait maintenir ce cap fragile entre humour réussi et sérieux ridicule, mais en attendant, il faut reconnaître que David F. Sandberg s’en sort pas trop mal. Cela aurait pu être encore mieux si le jeu de Zachary Levi était mieux calqué sur celui d’Asher Angel : à l’image, on a du mal à voir une seule personnalité, la faute à un jeu trop différent d’un acteur à l’autre. L’idée reste bonne et elle offre à Shazam! quelque chose de suffisamment différent par rapport à la production moyenne de blockbusters adaptés de comics pour que le film reste plaisant jusqu’au bout.
À l’heure des bilans, le dernier volet de la saga DC est nettement plus réussi que les épisodes précédents. Shazam! n’est pas parfait et il ne restera certainement pas dans les annales comme un grand film, mais David F. Sandberg a trouvé le bon équilibre pour divertir sans se prendre trop au sérieux. C’était nécessaire avec des personnages aussi ridicules, tant du côté des gentils que des méchants, et cette légèreté permet de passer un moment. On a peu d’espoir pour la suite, surtout si DC cherche à rassembler tous ses personnages comme Marvel l’a fait de son côté, mais on est presque curieux de voir ce que cela pourrait donner…