Shrek n’était même pas sorti en salles que Dreamworks Animation travaillait déjà sur une suite. Le studio a bien senti le potentiel de ce premier long-métrage et il ne s’est pas trompé : le succès a été au rendez-vous, propulsant la licence naissante au niveau des Pixar. Trois ans après sort ainsi une suite, nommée sans surprise Shrek 2, et qui reprend l’idée originale du long-métrage destiné autant à tous les publics. Même si la parodie de conte traditionnel est toujours là, sous-jacente, le scénario évolue et Andrew Adamson, aidé de Kelly Asbury et de Conrad Vernon à la réalisation, pioche plus explicitement dans la culture populaire et moderne. Le film multiplie les clins d’œil, quitte à saturer un petit peu le spectateur par moments, mais Shrek 2 se rattrape avec une histoire parfaitement menée et des personnages secondaires séduisants. Hilarant !
Comme son prédécesseur, Shrek 2 commence avec le coup du livre de contes que l’on ouvre devant nos yeux. Et comme dans le premier volet, ce début en apparence très sérieux est interrompu par une chute humoristique. Mais cette fois, la chute change du tout au tout : après l’ogre qui se moquait des contes de princesse, c’est le vrai prince charmant — qui se prénomme d’ailleurs… Charmant ! — qui est censé voler au secours de sa belle princesse. On le voit ainsi dans le château où Fiona était emprisonnée dans Shrek, voler au secours de la princesse et… tomber sur un loup en robe de chambre qui lui dit que Fiona est en lune de miel. De fait, le long-métrage reprend précisément à la suite du premier film et on retrouve ainsi Shrek et Fiona mariés et heureux. Ils célèbrent leur amour à la plage, dans une maison de pain d’épices, bref, tout va pour le mieux. Sauf que lorsque Shrek 2 commence, les parents de Fiona invitent le couple au château de Fort Fort Lointain où ils règnent. Et là, rien ne se passe comme prévu : ils s’attendaient à retrouver leur fille humaine avec Charmant, le prince parti la sauver un petit peu trop tard, ils découvrent en fait un couple d’ogres. Là-dessus, le scénario se construit avec cette fois un vrai méchante en la personne de la fée, marraine de Fiona, qui veut à tout prix placer Charmant, qui n’est autre que son fils. L’intrigue n’est pas tellement originale, mais ça n’est pas ce qu’on lui demande, et il faut reconnaître qu’elle est amusante et permet surtout aux réalisateurs de développer un univers décalé.
Plus encore que dans Shrek, les parodies, clins d’œil et références variées se multiplient dans cette suite. Cette longue liste disponible sur Wikipedia n’est probablement même pas exhaustive, mais elle donne déjà le tournis. Il y en a pour tous les goûts : des références culturelles à des œuvres modernes, du Seigneur des Anneaux à Spider-Man, en passant par La Petite Sirène. Mais Shrek 2 pioche aussi dans notre univers, avec des clones de boutiques (Starbucks, Burger King, etc.), des clins d’œil aux publicités (Charmant qui bouge ses cheveux comme dans les pubs L’Oréal) et bien entendu, le clin d’œil visible en permanence à Hollywood avec les lettres sur la colline. Il faut le dire, les scénaristes en font beaucoup et peut-être un petit peu trop par moments. On ne sait plus trop où donner de la tête et certaines références semblent assez gratuites… mais en même temps, ce n’est pas très grave. Le film d’Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon peut très bien se comprendre sans ces références. Elles sont secondaires et gratifiantes, mais elles ne sont pas essentielles à l’intrigue et Shrek 2 peut très bien se suivre au premier degré. On sent néanmoins très bien cette tendance lourde du cinéma d’animation, qui consiste bien souvent désormais à ne jouer que sur les clins d’œil au second degré, quitte à en oublier toute histoire. Ce n’est pas le cas ici, fort heureusement, et l’intrigue est également plaisante, avec des personnages très bien écrits. L’âne est toujours aussi délicieusement pénible, mais c’est surtout le personnage du Chat Potté qui se démarque, à tel point qu’il devient un élément clé de la saga et qu’un film lui est finalement dédié… avec le peu de succès que l’on sait.
Shrek 2 est plus ambitieux que le premier volet, il implique beaucoup plus de personnages, élargit son rayon d’action et multiplie les références à un niveau jamais vu jusque-là. Par certains aspects, il est plus réussi — sur le plan technique notamment, la différence est impressionnante —, mais il est aussi moins original que son prédécesseur. Ne boudons pas notre plaisir toutefois, il constitue malgré tout un excellent divertissement qui plaira à toute la famille. Et il faut reconnaître que les scénaristes n’ont pas asséché leur inspiration, avec quelques excellentes idées, au premier rang desquelles le personnage du Chat Potté. L’énorme succès du film — à sa sortie, c’est le film d’animation qui a connu le plus grand succès en salle — n’est pas volé !