Dans la foulée de Shrek 2, les producteurs décident de lancer, non pas une, mais trois suites. Six ans après le premier épisode de la saga, Shrek le troisième sort sur tous les grands écrans et c’est à nouveau un énorme succès commercial, un record même à son époque. Une belle réussite pour Dreamworks Animation, même si ce long-métrage est nettement en-dessous de ses deux prédécesseurs. Multipliant les parodies et les références, le film de Chris Miller et Raman Hui oublie l’originalité de Shrek et devient un film d’animation dans la norme, avec une longue liste de blagues qui s’enchaînent sans vraiment penser à l’ensemble. Shrek le troisième est drôle par moment, mais il est surtout très vite oublié.
Symbole de l’évolution de la saga, Shrek le troisième ne commence par sur le livre de conte que l’on ouvre. À la place, le film démarre avec une séquence très drôle, il faut bien le reconnaître, où Charmant, le prince charmant de Shrek 2, narre son sauvetage de la princesse Fiona, mais à sa sauce. C’est héroïque et haletant et le dragon a été remplacé par Shrek, un monstre qu’il est censé battre aisément. À un moment donné, la caméra recule et on découvre… qu’il est en fait dans un bar et qu’il joue une sorte de pièce de théâtre face à un public qui s’ennuie. Une belle manière de lancer ce troisième épisode, même si on peut aussi avoir le sentiment que l’histoire patine un petit peu. Il faut dire que l’intrigue qui se met en place fait appel à beaucoup de personnages et d’idées déjà connus. On retrouve Shrek et Fiona au château de Fort Fort Lointain alors que le roi, devenu grenouille à la fin du deuxième film, est en train de mourir. Tout l’enjeu de Shrek le troisième tourne autour de cette mort et surtout de la succession. Shrek ayant épousé Fiona, il devient l’héritier légitime, ce que l’ogre refuse en bloc. Il se met ainsi en quête d’un autre héritier, Arthur, laissant le château sans surveillance et permettant ainsi à Charmant de mener un coup d’État.
On le voit bien, l’intrigue s’éloigne des contes traditionnels et le scénario de Shrek le troisième est beaucoup plus moderne, entre succession au trône et parentalité, puisque Fiona attend des enfants. Les contes et légendes sont toujours présents, mais exclusivement sur le mode de la parodie. Blanche-Neige, Cendrillon, Raiponce et la Belle au Bois Dormant prennent le thé avec Fiona et discutent chiffons, Shrek va chercher un jeune prétendant au trône nommé Arthur qui est le souffre-douleur de ses camarades de classe. Chris Miller et Raman Hui construisent leur film autour de ces contes, mais toujours pour les mettre au profit de l’humour. Des originaux, il ne reste pas même une parodie, plutôt un second degré culturel qui semble n’avoir d’autre finalité que le bon mot ou la bonne idée pour faire rire. Et ça fonctionne assez souvent, c’est vrai, avec quelques personnages bien vus, comme ce Merlin psychologiquement instable, mais c’est assez vain en même temps. Shrek le troisième ne laisse jamais l’ennui s’installer, mais on sent déjà un petit peu l’épisode de trop et l’esprit de la saga a été largement oublié.
Le studio d’animation de Dreamworks a eu une excellente intuition avec le premier Shrek. Détourner les contes avec une bonne dose de parodie était une excellente idée et le premier volet a parfaitement réussi à concrétiser cette recette. Malheureusement, la saga est vite tombée dans le travers du recyclage et après un deuxième épisode encore convaincant, ce Shrek le troisième est décevant. Il se contente de parodie et de clins d’œil tous azimuts, ce qui suffit à créer un divertissement plaisant, mais pas un film mémorable. Dommage…